Édition du 17 décembre 2024

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Déclaration de l’Assemblée générale des femmes de Révolution Écosocialiste

Texte produit par l’Assemblée générale des femmes de Révolution écosocialiste

Préambule

L’assemblée générale annuelle des Femmes de Révolution écosocialiste a eu lieu le 7 juin dernier. Quelques faits saillants, adoptés à l’unanimité :

Un comité de suivi sera fondé lorsque le nombre de membre femmes aura augmenté de manière significative ;

Une personne responsable est nommée dans l’intérim. Lucie Mayer est proposée. Comme je siège au Comité de suivi de Révolution écosocialiste, j’assurerai aussi le lien entre le Comité et l’Assemblée ;

Quatre motions d’appui ont été adoptées à l’unanimité ;

Déclaration de l’Assemblée générale des femmes de Révolution Écosocialiste

Mondialement, les femmes se mobilisent. L’assemblée des femmes de Révolution
Écosocialiste affirme son entière solidarité à toute mobilisation féministe, intersectionnelle.

La conjoncture mondiale vue par les femmes

Partout dans le monde les politiques néolibérales ont mis à mal les services en santé et en éducation : coupures de postes, fermeture de lits, fardeau de tâches, recours au privé, négligence de la santé et sécurité du personnel, infrastructures vétustes, pénurie de matériel médical, pas d’indexation salariale au coût de la vie. Les femmes sont les premières visées par les attaques et les premières à l’avant garde pour affronter tant ces mesures d’austérité que la crise sanitaire de la Covid. Partout, les travailleuses en santé et en éducation dénoncent leurs conditions et exigent des services de qualité à la population, aux usagères et usagers, aux familles, aux enfants, aux personnes aînées.

Ces politiques néolibérales sont appliquées mondialement. Ce ne sont donc pas des
mesures d’un seul gouvernement inconscient des conséquences ou malhabile en politique. Ce sont des mesures appliquées depuis des années qui font passer les profits avant la vie.

C’est une barbarie sciemment appliquée.

La Covid a montré toute l’ampleur de cette crise partout en Europe mais aussi aux États-Unis, au Brésil et en Inde. Là où les gouvernements Trump, Bolsonaro et Modi ont appliqué les mesures néolibérales impunément.

L’Afrique, pour sa part, est un continent oublié sauf pour les matières premières et
l’agriculture : or, pétrole, métaux rares, cobalt, etc. Les femmes en marge des entreprises extractivistes, agricoles, ou au points d’eau subissent violence et viols systématiques par les militaires ou les mercenaires à la solde des compagnies. Les enfants sont aussi maltraités et utilisés comme main d’œuvre bon marché.

Au colonialisme des derniers siècles, le colonialisme de peuplement, a succédé un
néocolonialisme à l’allure économique mais qui en vient au même résultat : pillage et
surexploitation. À travers ces mesures de colonisation de la vie pour les profits se profile le racisme systémique. Terra nullius is alive and well.

Ce racisme s’est répandu avec l’esclavage et perdure encore. Pensons à Georges Floyd, au meurtre de Joyce Echaquan, aux innombrables femmes autochtones disparues et aux 215 enfants de Kamloops, la pointe d’un iceberg horrifiant.

Pratique d’avoir sous la main une main d’œuvre sous payée. Il n’y a plus officiellement d’esclavage mais il y a surexploitation des groupes minorisés partout dans le monde. Le colonialisme et le racisme se marient très bien et là aussi les femmes mènent des luttes importantes contre des dictatures (Soudan, Algérie), contre l’extractivisme (partout en Amérique latine), contre les énergies fossiles (Idle no more et nation Wet’suwet’en de la Colombie-Britannique).

C’est une barbarie qui utilise racisme et colonialisme à ses fins

Les femmes exigent de faire reconnaître la valeur de leur travail. L’égalité des personnes en droits et privilèges vient è force de luttes contre toutes les formes de violences faites aux femmes par la domination du patriarcat capitaliste, et c’est aussi faire reconnaître leur place, leurs compétences, leur travail pour l’ensemble de la société.

Cette démarche de valorisation révèle le travail invisible que les femmes font pour maintenir le foyer, les enfants, la vie, dans un état d’équilibre qui demeure précaire. Car les femmes sont d’abord des ménagères pour les systèmes d’oppression mis en place, avant d’être des personnes libres de leurs choix. Au travail comme au foyer, elles pensent aux enfants et comment combler les fins de mois avec de nombreux emplois précaires. C’est sans compter les interrogations sur l’orientation sexuelle et de genre, en plus des oppressions racistes, âgistes et capacitistes qui rajoutent des occasions d’être maltraitées, insultées ou opprimées.

De plus, sans le travail invisible offert gratuitement par les femmes, le capitalisme ne pourrait survivre. Rémunéré, tout ce travail rendrait de nombreuses entreprises non rentables . Or, selon toute rationalité, nous devrions être dans une économie post-rareté.

On s’aperçoit qu’en milieu de travail tout cela se poursuit. Le travail du Prendre soin (CARE) est aussi dévalorisé, peu reconnu et surtout, pas payé à la hauteur des compétences et des habilités des femmes, dans ce secteur majoritairement composé de femmes. Au nom des profits, les femmes sont exploitées, surexploitées, harcelées, violentées, violées et tuées.

Le patriarcat et le capitalisme font bon ménage contre les femmes.

La barbarie a un sexe et un genre

Au Québec, les mêmes politiques néolibérales sont appliquées et malgré ses belles paroles, le premier ministre valorise les profits avant la vie. L’ex-ministre Fitzgibbon était là pour y voir ; un plan vert qui favorise la filière du gaz naturel dont personne ne veut, un accord au projet GNL pour un oléoduc dont personne ne veut, une usine de liquéfaction du gaz sale de l’Alberta dont personne ne veut et du transport dans une pouponnière de bélugas dont personne ne veut, de l’argent à la tonne pour les compagnies sous couvert de relance économique après Covid et 10 milliards pour un tunnel inutile, délétère pour nos objectifs liés à la crise climatique, dont personne ne veut.

Tout cela au détriment de la santé, de l’éducation et des programmes sociaux dont la population a besoin. Le premier ministre a appelé les femmes au front, les anges gardiens ; un ange étant asexué, il invisibilise du même coup le travail des femmes qu’il tentait de maladroitement souligner. Québec Solidaire les a nommées personnes essentielles ; ce sont les travailleuses et les travailleurs des secteurs publics qui ne réussiront pas à dépasser le 2% par année d’augmentations salariales, décrété par l’OMC.

Le gouvernement Legault sort torse bombé de la crise de la pandémie. Pour 41% de la population sondée, “un si bon gouvernement”. Pourtant.

Pas si bon pour les personnes racisées qui travaillent dans les CHSLD, placées par des agences privées, au salaire minimum, qui ont été envoyées front pour contracter la Covid, toujours en attente de papiers officiels ; pas si bon pour les travailleurs agricoles aux prises avec des conditions sanitaires pitoyables ; pas si bon pour les locataires, particulièrement les femmes victimes de violence, en recherche de logement abordable ; pas si bon pour le personnel syndiqué du secteur public toujours sans convention collective après un an de négociations ; pas si bon pour les personnes qui tentent de survivre avec l’aide de dernier recours qui n’ont pas vu leur chèque majoré en période Covid ; pas si bon pour les personnes immigrantes en attente d’acceptation de leur demande ou de reconnaissance de leur
diplôme.

Pourtant, il y a de l’argent, beaucoup même, il sort par la porte arrière vers les grosses compagnies. Mais là-dessus, le premier ministre reste discret à part quelques annonces pour préparer sa prochaine année électorale.

Le gouvernement Legault avec sa belle image de « bon père de famille » transmet des idées hétérosexistes et machistes, si bien qu’il les incarne sans vergogne.

Et les beaux jours qui viennent.

Et bientôt nous pourrons recommencer à vivre, comme avant, sans souci face à la crise économique, la crise écologique, les nouvelles crises sanitaires et les crises sociales. Est-ce ainsi que nous voyons la société post Covid ? Comme femmes, nous n’avons rien à y gagner.

Nous les féministes, nous, membres de Révolution écosocialiste, refusons de revenir à l’anormal et de continuer à préparer la barbarie.

Il faut nous unir largement, altruistement et reprendre les Fronts communs syndicaux démocratiques jusqu’à la base, chercher nos allié.e.s dans la population, dans les groupes féministes, écologistes, communautaires et raviver la solidarité internationale .

Reconnaître le travail invisible des femmes, combattre les violences faites aux femmes et remettre le Prendre soin au cœur de la société, c’est faire passer la vie avant les profits. C’est le seul remède contre la barbarie raciste, colonialiste, capitaliste, fasciste, patriarcale et écocidaire.

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