Tiré de Flash Solidarité - Bulletin de la Commission altermondialisation et solidarité internationale de Québec solidaire
Le lundi 6 mars 2023
Vidéo de l’intervention
***Le Collectif Solidarité Québec-Pérou vous invite à signer cette lettre à titre d’organisation et/ou à titre individuel. La lettre a été envoyée aux médias et a été publiée une première fois dans Le Soleil. Nous récoltons tout de même encore les signatures afin que le Canada se positionne contre la répression au Pérou, le tout dans l’objectif que la pression internationale augmente et que les massacres et violations aux droits humains cessent. ***
Pour toute question, veuillez nous écrire à solidaritequebecperou@gmail.com
Lettre adressée au premier ministre du Canada, Justin Trudeau :
Le gouvernement du Canada doivent dénoncer la violente répression de manifestants au Pérou par le gouvernement de Dina Boluarte. Le 7 décembre 2022, l’ancien président Pedro Castillo (2021-2022) a été évincé de ses fonctions après avoir tenté de dissoudre temporairement le Congrès et d’établir un gouvernement d’urgence. Quelques heures après la destitution de Castillo, l’ancienne vice-présidente Boluarte a prêté serment. En tant que présidente, Boluarte a noué des alliances avec des représentants de partis politiques ultraconservateurs. Le 8 décembre, elle a annoncé que son administration ne prioriserait plus les projets visant à lutter contre les inégalités structurelles qui étaient au cœur de la plateforme de son parti. Suite à ce virage inattendu les protestations ont gagné en substance et pris de l’ampleur.
Les revendications des manifestants sont plurielles et hétérogènes, mais beaucoup se rejoignent dans leur appel à la démission de Boluarte, à la clôture du Congrès, à de nouvelles élections et à une Assemblée constituante plurinationale. Le gouvernement Boluarte a répondu par la répression militaire et la violence meurtrière. À ce jour, les violations documentées des droits de l’homme comprennent :
● Environ 48 exécutions extrajudiciaires de civils, et 11 autres décès, dont au total 9 mineurs, depuis le 11 décembre, la plupart d’entre eux en raison de l’usage disproportionné de la force par la police et l’armée. Additionnellement, il y a plus de 1000 personnes blessées. La violence d’État a particulièrement touché la population civile des communautés autochtones et rurales, et dans les villes du sud des Andes.
● L’utilisation d’armes meurtrières et l’usage disproportionné de la force pour disperser les foules et éloigner les manifestants des infrastructures critiques. Selon un document de 2020 du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, seules les armes à létalité réduite sont autorisées en réponse aux manifestations, sauf lorsqu’une menace identifiable et spécifique met la vie en danger imminent.
● L’utilisation d’agents de police en civil lors de manifestations pour intensifier la violence et permettre des techniques de répression de plus en plus dangereuses. Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a expressément recommandé l’interdiction de cette pratique.
● Détentions arbitraires, raids, et d’autres violations flagrantes du droit à une procédure régulière. L’Office national de coordination des droits de l’homme a signalé que les avocats de la défense n’étaient pas présents lorsque les détenus ont été placés en garde à vue et interrogés. Dans certains cas, les avocats de la défense ont été empêchés d’aider les détenus, en violation de leur droit à un avocat. L’Office signale également que la police a introduit de fausses preuves pour incriminer les détenus, et, dans autres cas, même retenu leur lieu de détention.
● Rapports de torture et de violences sexuelles pendant la garde à vue.
● Arrestations ciblées de dirigeants communautaires par des forces de police spécialisées dans la lutte contre le terrorisme. Des dirigeants arrêtés en province ont été illégalement transférés dans des centres de détention à Lima.
● Le recours à des procureurs spécialisés dans le crime organisé pour enquêter sur les manifestations et les incidents violents qui s’y produisent, conformément aux instructions émises par le ministère public le 15 décembre. Cette approche privilégie la criminalisation des leaders communautaires par rapport aux enquêtes sur les pratiques policières. La Commission interaméricaine des droits de l’homme a exhorté le gouvernement péruvien à laisser des procureurs spécialisés dans les droits de l’homme diriger ces efforts.
● Fausses accusations de "terrorisme" portées contre les manifestants et les organisateurs communautaires et utilisées pour justifier des détentions arbitraires et justifier un usage disproportionné de la force par l’armée et la police. Ces allégations sont amplifiées par les médias privés, dont la propriété est très concentrée. La Commission interaméricaine des droits de l’homme a condamné ces allégations et l’utilisation d’un langage stigmatisant contre les manifestants.
● Des médias alternatifs et des journalistes indépendants ont fait l’objet de menaces et d’attaques physiques pour des reportages sur la violence d’État, souvent de la part de la police. L’Assemblée générale des Nations Unies a condamné ce type de violence contre les journalistes, notamment dans le cadre de leurs travaux sur les manifestations et les conflits. De plus, avec une presse d’entreprise presque monopolisée, mésinformation et désinformation sont devenues courantes dans différents circuits d’information.
Il est également important de mentionner que le 18 décembre, dans sa première entrevue télévisée, Boluarte a déclaré que tous les décès liés aux manifestations seraient du ressort d’une juridiction militaire. Cette affirmation a cependant été retirée suite à un arrêt de la Cour interaméricaine des droits de l’homme selon lequel tous les cas de violence de l’État contre des civils devraient faire l’objet d’enquêtes par des institutions civiles et non militaires.
Nous exhortons le gouvernement canadien à rejeter toute violation des droits humains commise par le gouvernement Boluarte au Pérou et à ajouter sa voix aux appels de la communauté internationale pour mettre fin à la répression violente des civils exerçant leur droit de manifester.
Signataires :
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