Comme le mentionne Jaime Pastor (1) : « Aujourd’hui, nous avons un débat sur la primauté du droit et l’exercice des droits fondamentaux tels que la manifestation et l’expression. Du statut social, démocratique et légal, nous passons à un « état de sécurité » qui modifie ce que nous croyons être inamovible dans la liberté et le droit. Malheureusement, ce n’est pas seulement un pronostic pour l’Espagne seule. Le monde libéral-démocratique se déplace aujourd’hui globalement vers un scénario qui n’est pas du tout positif…Comme si cela ne suffisait pas, les dernières actions du juge Llarena sont venues ratifier le nouveau mode d’opértion politique de la Cour suprême dans la criminalisation de l’indépendance en tant que telle, réaffirmant que l’incarcération préventive peut être basée sur le simple soupçon de récidive criminelle. Il est donc apparu, en cas de doute, que ce régime n’est pas prêt à permettre aux forces politiques indépendantistes, même dans l’hypothèse où elles conquerraient une majorité sociale et électorale, de réaliser leur idéologie »
Face à cette situation l’ex députée de la CUP Anna Gabriel, risquant jusqu’à 30 ans de prison pour avoir participé à l’organisation du référendum en Catalogne, a décidé de rester en Suisse. Lors d’un entretien accordé au journal suisse Le Temps elle a indiqué qu’elle n’irait pas à Madrid : « Je suis poursuivie pour mon activité politique et la presse gouvernementale m’a déjà déclarée coupable. » En effet dans son rapport, la Guardia Civil dresse le portrait d’une activiste farouche. Elle l’accuse d’avoir participé à la formation d’un conseil de direction de la « rébellion » indépendantiste et d’avoir encouragé la population à la désobéissance.
Anna Gabriel dénonce l’atmosphère « tendue comme jamais » qui règne en ce moment à Barcelone, tandis que « le gouvernement ne fait rien pour assurer notre sécurité face aux violences des fascistes ». Elle en veut pour preuve les menaces de mort qu’elle reçoit très régulièrement de groupuscules d’extrême droite.
Dans un communiqué de presse la CUP CC soutient pleinement la décision des membres du groupe parlementaire au cours de la précédente législature au Parlement de Catalogne, ce qui explique fondamentalement la nécessité de se protéger contre une Cour suprême qui a déjà statué sur la culpabilité d’Anna. Comme celle du reste des gens sous enquête dans cette cause générale contre l’indépendance, avant même de commencer le procès. La CUP insiste sur le caractère politique du procès soulevé par la Cour suprême espagnole, souligné par le fait que le vice-président du gouvernement espagnol a déjà dit que son intention était de supprimer et de liquider l’indépendance. C’est pourquoi Anna Gabriel déclare de la Suisse : « J’ai toujours fait campagne pour le référendum ; la question de la Catalogne devrait pouvoir être résolue politiquement, mais nous voyons un désir de liquider l’indépendance avec la répression des autorités espagnoles. »
« Les décisions prises jusqu’ici en matière de mesures de précaution, de garanties élevées, d’interdiction de quitter l’Etat, mais surtout de prison inconditionnelle pour deux ex-conseillers et les représentants de l’ANC et du Culturalmnim Cultural, nous placent dans un scénario dans lequel nous devons dénoncer le caractère d’exemplarité que veulent imposer les juges les magistrats, ainsi que le Procureur général, dans un exercice loin de l’impartialité qui devrait être garantie par les autorités judiciaires. »
La secrétaire générale de l’ERC, Marta Rovira qui a comparu deux jours auparavant pendant plus de deux heures, a dû quant à elle acquitter une caution de 60 000 euros afin d’éviter la prison. Le juge Llarena ainsi que le procureur de l’État estiment qu’il existe un risque élevé de récidive criminelle. Elle a fait valoir devant le juge que les députéEs de l’ERC avaient simplement dans l’exercice de leurs fonctions défendu le droit de vote des citoyens et citoyennes de la Catalogne. Sa caution sera financée par la caisse de solidarité de l’Assemble Nationale Catalane (ANC) et d’Òmnium Cultural.
Mais sa déclaration à la Cour suprême a aussi démontré les écarts politiques qui existent entre son parti et le PDECat d’une part et la CUP d’autre part. La secrétaire général de l’ERC a ainsi déclaré au magistrat Pablo Llarena que le 1er octobre après-midi, au Palais de la Generalitat, elle proposait aux membres du gouvernement et aux représentants des partis indépendantistes de suspendre le vote à cause de la violence policière dans les bureaux de vote et des avertissements de la Cour constitutionnelle. Puigdemont quant à lui a vu plus d’inconvénients que d’avantages et a rejeté la proposition. La tension a continué de s’accroître avec la déclaration suspendue du 10 octobre.
Le plaidoyer de Marta Rovira et de la coordinatrice générale du PDECat, Marta Pascal était nettement différent que celui proposé la semaine dernière devant la cour suprême par Mireia Boya, ex-députée de la CUP. Cette dernière assumait entièrement la Déclaration unilatérale d’indépendance (DUI) du 27 octobre et affirmait l’avoir votée en espérant qu’elle avait "de vraies" conséquences. D’un autre côté, la secrétaire général de l’ERC a affirmé qu’il s’agissait d’une déclaration politique simplement symbolique sans effets juridiques, qui devrait servir à mettre fin à la législature. Marta Pascal n’a pas voulu corroborer ses dires mais le fait que son parti ait limité l’indépendance à une déclaration le matin du 27 octobre, sans procéder à l’adoption d’aucun décret afin de mette en place la réalisation de la souveraineté démontre qu’il s’agissait bien pour eux, d’une déclaration symbolique.
Cette attitude n’a pas empêché le gouvernement espagnol de poursuivre la répression. Il comprend bien qu’un peuple qui lutte pour sa liberté demeurera toujours une force menaçante.
(1) Jaime Pastor, Editeur de Viento Sur et membre de Madrileñ@s por el derecho a decidir
La presó preventiva o l’“estat de seguretat” com a model
Entrevue d’Ana Gabriel, ex-députée catalane indépednantiste avec Le Temps (Suisse)
http://cup.cat/noticia/anna-gabriel-anuncia-que-no-assistira-la-citacio-del-tribunal-suprem
Dernière heure 21 février 2018 AF
Le juge Llarena demande l’arrestation d’Anna Gabriel en territoire espagnol
Le bureau du procureur lui demande plutôt de requérir la garde provisoire en Suisse puis un mandat d’arrêt international
Pablo Llarena ordonne que l’arrestation sur le territoire espagnol d’Anna Gabriel soit mise à la disposition de la Cour suprême. Le juge d’instruction ne se conforme pas à la requête du procureur général, qui lui demande d’infliger une peine d’emprisonnement provisoire à l’ancienne députée de la CUP pour ensuite faire un mandat d’arrêt international afin de l’extrader vers l’Espagne. Le procureur a envoyé une lettre au magistrat après avoir constaté qu’Anna Gabriel n’avait pas assisté à l’instruction qui se tenait ce mercredi devant la cour suprême.
D’après sa législation, la Suisse ne se rendrait à l’extradition qu’en cas de crimes communs et non politiques, a déclaré mardi Folco Galli, porte-parole du ministère suisse de la Justice. Outre l’opposition probable d’Anna Gabriel à être transférée à nouveau en Espagne, cela ouvrirait une longue procédure avec la Suisse. (Tiré de Ara.cat)
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