Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

International

Relance du nucléaire aux États-Unis

De Bush à Obama

Lorsque le président Obama a été élu à la présidence des États-Unis, il a hérité des engagements envers le nucléaire par l’administration de l’ex-président George W. Bush. Pour justifier la renaissance du nucléaire aux États-Unis, M.Bush prétendait que de toutes les formes d’énergie disponibles aux États-Unis, seul le nucléaire pouvait produire de grandes quantités d’énergie sans émettre une once de pollution atmosphérique ou de GES. (Obama pour sa part reprendra cet argument à son compte.)

De plus, Bush promettait que son administration allait contribuer à la renaissance du nucléaire en territoire américain et endossait le discours de l’industrie qui affirmait qu’avec les modèles de réacteurs nucléaires de nouvelle génération (ex. : APR 1000 de Westinghouse) elle était en mesure de résoudre les problèmes qui depuis trois décennies la maintenaient en état de léthargie chronique. On peut résumer ces problèmes en sept points :

1. Les risques appréhendés associés à la non maîtrise de la technologie nucléaire tels qu’expérimenté lors de l’accident à la centrale de Three Mile Island.
2. La mauvaise gérance des projets de constructions qui compromet la fiabilité des sites nucléaires
3. La mauvaise planification financière des projets qui entraîne des dépassements de coûts exorbitants
4. Les délais indus dans la réalisation des projets.
5. Une pénurie de main d’œuvre qualifiée résultant du déclin de cette filière énergétique.
6. Une diminution de la qualité et quantité de l’offre en services et fournitures de pièces essentielles à la construction des réacteurs.
7. Le lourd fardeau financier résultant de la construction d’infrastructures nucléaires.

Dès son accession au pouvoir en 2001, le président Bush exigea de son administration la mise en place des mesures appropriées afin de faciliter la revitalisation de la filière nucléaire. Dans ce dessein, il assurera l’élimination des obstacles réglementaires et institutionnels et créera de nouveaux programmes, dont le Nuclear Power 2010. Dans ce programme, le gouvernement du président Bush s’engage à assumer la moitié des coûts relatifs à la sélection des sites, la planification des travaux et les permis d’opération des nouveaux réacteurs. Dès 2001, des demandes de subventions sont adressées aux Congrès ainsi que des garanties d’emprunt au niveau fédéral. Tous ces efforts culmineront avec l’adoption par le président Bush d’une loi, l’Energy Policy Act of 2005.

Les avantages de cette loi pour l’industrie nucléaire américaine sont nombreux. En plus de mesures législatives souhaitées par l’industrie, la loi assure une garantie d’emprunt illimité pouvant couvrir jusqu’à 80 % du coût des projets de nouvelle génération de réacteurs nucléaires et autres technologies d’avant-garde susceptibles de réduire les émissions de GES. La loi permet également de prolonger le Price-Anderson Act qui limite la responsabilité des propriétaires de réacteurs nucléaires en cas d’accidents. De plus, 13$ milliards en subventions directes sont accordés au nucléaire, incluant, pour les 6 premiers nouveaux réacteurs à être construit, 2$ milliards pour une assurance couvrant les risques financiers potentiels associés aux délais de construction et retard dans l’acquisition des permis.

Malgré ce contexte des plus favorables, pas une seule centrale nucléaire n’a été mise en construction sous l’administration Bush. La difficulté d’obtenir de la Nuclear Regulatory Commission l’accréditation des nouveaux modèles de réacteurs ainsi que la réticence des institutions financières américaines à supporter les nouveaux projets de construction s’avéra un frein à la renaissance tant souhaitée.

La relance du nucléaire sous Obama a-t-elle des chances de succès ?

Le président Obama, pour l’essentiel, adopte les mêmes raisons que George W Bush pour justifier ses actions pro actives en faveur du nucléaire. S’appuyant sur l’Energy Policy Act, il insérera dans son projet de loi budgétaire pour 2011, un triplement du fonds de garantie à plus de 54 milliards de dollars pour construire de nouvelles centrales. De plus il met à la disposition de l’entreprise Vogtle de Georgie un montant de 8,33 milliards de dollars afin d’initier la construction de la première centrale nucléaire aux USA depuis trente ans. Le réacteur nouvelle génération de Westinghouse (AP 1000) est la technologie choisie par l’entreprise. Sera-t-elle en mesure d’obtenir les autorisations requises de la part de la Nuclear Regulatory Commission ? Westinghouse a précédemment reçu une fin de non recevoir de la NRC parce que la conception du réacteur ne satisfaisait pas aux normes de sûreté requises.

Les obstacles à la relance nucléaire proposée par Obama
Une industrie qui n’a pas réussi à solutionner ses problèmes

L’administration Obama doit composer avec une industrie nucléaire américaine qui n’a pas réussi à résoudre les sept problèmes « structurels » ci-hauts mentionnés. Pour une part, l’industrie n’a pas été en mesure de résoudre les problèmes qui occasionnèrent sa profonde léthargie dans les années précédentes. La promesse de « standardiser » la conception de leurs nouveaux réacteurs pour les rendre plus « fiables » et de réduire les coûts ne s’est pas réalisée. L’industrie espérait réduire à deux ou trois le nombre des modèles ayant obtenus une approbation d’opération de la part de la NRC. À ce jour, il y a 8 modèles proposés, quatre ayant obtenu une certification les autres espérant l’obtenir. Pire, des 17 compagnies espérant construire un nouveau réacteur une seule, NRG of New Jersey a choisi un modèle déjà certifié par le NRC…et ne respecte pas les plans originaux.

D’autre part, la réduction importante d’experts en matière de nucléaire de même que le nombre de plus en plus restreint de fournisseurs de pièces a occasionné des retards dans l’approvisionnement du matériel requis pour la construction ainsi qu’une pénurie de main d’œuvre spécialisée. Pour illustrer ce propos rappelons qu’à ce jour une seule compagnie dans le monde est en mesure de produire certaines composantes du cœur d’un réacteur nucléaire soit la Japan Steel Works Ltd., à Osaka. Le carnet de commande de la Japan Steel Works est rempli pour les deux et même trois prochaines années.

Les États-Unis ont déjà été les premiers producteurs de pièces de réacteur nucléaire au monde. À ce jour le nombre des fournisseurs a dramatiquement chuté de 400 à 80 alors que le nombre des ingénieurs nucléaires accrédités pour ce genre de travail s’est réduit de 900 à 200. Et le pire est à prévoir puisque le Nuclear Engineering International estime que la moitié de tous les employés du secteur de l’énergie nucléaire ont plus de 47 ans et que plus du quart d’entre eux seront éligibles pour la retraite dans les quatre ans à venir. Le président de la NRC, Monsieur Dale Klein, a mis en lumière la gravité de cette situation lors d’une conférence à l’American Nuclear Society.

En fait, les promoteurs de l’industrie nucléaire savent bien que sans le support du gouvernement américain la renaissance du nucléaire est compromise. Ils savent que la seule façon pour eux d’obtenir les faveurs de Wall Street exige de transférer l’entière responsabilité de leurs emprunts sur les épaules des payeurs de taxes.

Un milieu financier hostile à financer la technologie nucléaire

Cela n’augure rien de bon pour une industrie qui devra « courtiser » les milieux financiers si elle souhaite lancer de nouveaux projets. D’autant plus que l’expérience démontre que, sous l’administration Bush, de 2005 à 2008, Wall Street et les agences de financement se sont montrés sceptiques face aux prétentions de l’industrie nucléaire.

En effet, quelques mois seulement après l’adoption de l’Energy Policy Act de 2005 qui offrait un contexte « idéal » pour relancer la filière nucléaire aux États-Unis, l’industrie reçoit une fin de non-recevoir de la part de Wall Street. Celui-ci, dans son rapport aux demandes de l’industrie, mentionne que les avantages financiers obtenus au niveau politique ne suffisent pas à éliminer les risques associés au coût élevé du capital requis et les risques inhérents aux opérations de construction d’un réacteur nucléaire. Bien plus, Wall Street souligne que les compagnies qui construisent ou financent ces projets verront leur cote de crédit révisée à la baisse.

Rappelons qu’en 2005 la Nuclear Energy Institute (NEI) prétendait que les coûts afférents à la construction des nouveaux réacteurs (coûts qui ne tiennent pas compte de l’inflation) se situeraient entre $1,100 et $1,500 dollars par kilowatt installé soit à peu près des coûts identiques à ceux qui sont requis pour les centrales au gaz naturel et moindres que ceux qui sont requis pour le charbon. Pourtant, dès juin 2007, les affirmations de la NEI seront contredites par le centre d’analyse Keystone Center du Colorado dans un rapport partiellement financé par l’industrie. Le Keystone Center, se basant sur des données recueillies lors de constructions de réacteurs en Asie dans les années 1980-1990, étaient à même d’affirmer que les évaluations de la NEI devaient au moins être multipliées par deux. L’estimation du Keystone Center évaluait les coûts de construction des nouveaux réacteurs à $3,000 dollars du kilowatt installé si on excluait les coûts inflationnistes et à $4,000 si on les intégrait. Le mois suivant le dépôt du rapport du Keystone Center, les directeurs de six des plus importances agences de financement dont Lehman Brothers, Merryll Lynch et Morgan Stanley ont écrit une lettre à la DOE affirmant que les projets de construction de centrale nucléaire auront de la difficulté à accéder au capital requis parce que les prêteurs craignent de revivre une situation similaire à ce qu’ils ont vécu à l’occasion du projet de la Long Island Lighting Company, de construire le réacteur Shoreham Nuclear Plant à Long Island Sound. Ce projet tourna au cauchemar et le réacteur ne recevra jamais son permis d’opération et ce, après 25 ans d’efforts et $ 6 milliards d’investissements. Les directeurs de ces agences affirmaient qu’au minimum, pour sécuriser le financement des projets, les garanties de prêts devaient couvrir 100% des risques. En dernière analyse, la seule façon d’avoir accès au capital consistait à reporter l’entièreté du risque sur le dos des payeurs de taxes.

En octobre 2007, c’est au tour de Moody’s Investor Services d’y aller d’un rapport prédisant cette fois que le coût de construction des nouveaux réacteurs se situerait entre $5,000 et $6,000 du kilowatt, soit plus de $12 milliards l’unité. Cette étude se basant sur les plus récentes soumissions de construction pour un nouveau réacteur aux États-Unis créa tout un émoi. Le magazine Nuclear Engineering International réagit à ce rapport par un article questionnant la pertinence pour l’industrie d’abandonner leur projet de construction de nouveaux réacteurs pour cause de coûts démesurément élevés.

En janvier 2008, malgré les énormes avantages fiscaux consentis par le fédéral et après avoir investi plusieurs millions dans une étude évaluant la pertinence ou non de construire un nouveau réacteur, la Warren Buffett’s MidAmerican Energy Holdings Co. abandonne son projet. La raison invoquée note que les implications économiques du projet de construire un nouveau réacteur nucléaire ne favorisaient pas les meilleurs intérêts de ses clients. L’abstention de Warren Buffett était d’autant plus pertinente qu’une révision des évaluations effectuées par Keystone et Moody’s tenant compte de nouvelles données dépassaient substantiellement leurs estimations de 2007. Monsieur Jim Hempstead, vice-président chez Moody’s, évalue en 2008 que $7,500 le kilowatt serait requis pour un nouveau réacteur. Cela représente deux fois plus de capital requis que pour une production au solaire et 3 ½ plus que pour l’Éolien. Si on tient compte d’une performance améliorée de 60% à 90% des réacteurs aux États-Unis, les prédictions de Moody’s indiquent tout de même que le coût d’une nouvelle installation nucléaire est plus dispendieux que ne le serait quelque projet d’énergie renouvelable que ce soit excluant le solaire. Il faut prendre en considération que les évaluations de Moody’s s’établissaient sur des études préliminaires venant de l’industrie et que l’expérience démontre que de telles études « empiriquement » sous-estimaient les coûts réels par un facteur de trois.

Pourquoi Obama a-t-il décidé de réinvestir dans le nucléaire alors qu’aucune nouvelle centrale n’avait été construite aux USA depuis près de 3 décennies ? (le dernier en 1978)

Obama tout comme son prédécesseur a subi l’influence du puissant lobby nucléaire et pour des raisons d’ordre politique intérieur et extérieur. Il a été contraint de poursuivre les initiatives entreprises par son prédécesseur. D’ailleurs nous devons être conscients du fait que plus de cent réacteurs nucléaires sont en opérations à ce jour aux USA et qu’ils produisent environ 20% de l’énergie électrique. La plupart de ces réacteurs sont en fin de vie utile et pour maintenir ce 20% de production électrique les Américains devront, selon les experts, construire 35 nouveaux réacteurs nucléaires. Les investissements requis seront de l’ordre de 280 milliards de dollars.

Nucléaire et réduction des émissions de GES aux États-Unis

Si les Américains souhaitent mettre à contribution le nucléaire dans leur lutte à la réduction des GES, cette filière devra assurer une production de l’ordre de 238 gigawatts de nouvelle capacité de production ce qui représente au moins 140 nouveaux réacteurs de fortes capacités. Pour répondre à cette demande, Monsieur Harold A. Feiveson spécialiste du Keystone Center évalue les investissements requis entre $1 trillion et $1,8 trillion de dollars.

Est-ce que les projets de nouveaux réacteurs aux É-U faciliteront l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de GES selon le scénario élaboré par le UN’s Intergouvernemental Panel on Climate Change ?

Le UN’s IPCC évalue la nécessité d’une réduction de la croissance des GES pour 2015. La plupart des projets de construction de nouveaux réacteurs en cours d’élaboration actuellement aux États-Unis ne pourront être certifiés avant 2011-2012. C’est à partir de cette date seulement que la NRC sera en mesure d’octroyer les licences aux promoteurs. On devra par la suite procéder à la construction des installations ce qui selon les expériences du passé prendra en moyenne 12 ans. À la lumière de ces faits nous pouvons assurément douter que le nucléaire sera un élément positif dans la lutte aux changements climatiques. Bien plus, les investissements requis pour assurer la relance et le maintien de la filière nucléaire représenterait un obstacle à la mise en place des modes de productions d’énergies vraiment renouvelables.

Pour ma part je suis d’avis que le nucléaire est en déclin de manière inéluctable aux USA. Par analogie, je suggérerais que l’annonce récente d’Obama aura comme effet pour l’industrie ce qu’une dose de morphine a pour un patient en phase terminale. Un récent forum d’experts de Fortune Magazine concluait que le nombre de nouvelles centrales nucléaires vraisemblablement construites aux Etats-Unis dans les dix prochaines années serait de trois à cinq tout au plus.

Quelles sont les forces qui poussent Obama à investir davantage dans les énergies nucléaires plutôt que dans les énergies renouvelables ?

Il est connu qu’Obama a reçu de l’argent de la part de l’industrie nucléaire pour sa course à la présidence.

Le lobby du nucléaire est très puissant aux États-Unis. De 1995 à 2001 année de l’élection de George W Bush à la présidence américaine une intense campagne de lobbying politique orchestrée par l’industrie nucléaire investira selon le « Centre for Responsive Politics » au moins $953 millions. Elle rapporta à l’industrie des dizaines de milliards en nouvelles subventions. En tout, l’industrie récoltera $100 milliards de la part du fédéral, et, selon l’organisme « Taxpayers for Common Sense » au moins $25 milliards pour les dernières années seulement. Le résultat…. : 35 réacteurs « nouvelle génération » sur les planches à dessins, dont 26 ont déjà déposé leur demande de permis à la Nuclear Regulatory Commission (NRC). Il n’y avait pas eu un seul nouveau réacteur construit depuis 1978 aux États-Unis. La plupart de ces projets sont maintenant abandonnés ou en attente.

Malgré la conjoncture politique favorable au nucléaire aux USA il est important de constater que les investissements « privés » dans l’efficacité énergétique et la production d’énergie par les renouvelables telle l’éolien et le solaire sont considérables et que le nucléaire ne reçoit rien des investisseurs privés

Pourquoi le secteur privé avait-il si peu développé le nucléaire ?

En fait, lors de la naissance de l’industrie aux États-Unis, les investissements privés furent très importants. L’industrie avait un slogan très raccoleur qui stipulait que le coût d’achat de l’énergie de type nucléaire serait : « To cheap to mete ».

Un bref retour historique sur la naissance et le déclin de la filière explique le retrait du secteur privé dans le nucléaire. De nos jours, les promoteurs de l’industrie nucléaire savent bien que sans le support du gouvernement américain la renaissance du nucléaire est compromise. Ils savent que la seule façon d’obtenir la considération des milieux financiers tel Wall Street nécessite qu’ils puissent transférer l’entière responsabilité de leurs emprunts sur les épaules des payeurs de taxes. Un exemple éloquent illustre ce propos.

Un consortium France-États-Unis, UniStar, souhaitant profiter du contexte favorable créé par l’administration fédérale américaine propose la construction de quatre nouveaux réacteurs aux É-U pour la somme de $38 milliards de dollars. Cependant UniStar a clairement indiqué qu’il n’investira pas un seul sous dans le projet. Son plan de financement prévoit une garantie d’emprunts de la part de la DOE et le support de la banque Française d’aide à l’exportation afin de soutenir la pénétration de la technologie nucléaire française à l’étranger. Le projet d’UniStar n’est pas le seul à tenter l’aventure avec un plan de financement similaire.

Dès 1957, la construction du premier réacteur nucléaire américain, le « Shippingport plant » suscitera une demande pour 60 réacteurs entre 1965 et 1967. En 1975, plus de 100 réacteurs seront planifiés ou construits. Pour des raisons telles que la montée de l’inflation, la baisse de la demande en énergie, les problèmes reliés au retard dans les délais prévus de construction, aux coûts de dépassement et à la sécurité des réacteurs, cet élan fût brusquement interrompu. De plus, le projet de la Long Island Lighting Company de construire le réacteur Shoreham Nuclear Plant à Long Island Sound, tourne au cauchemar et ne recevra jamais son permis d’opération. Après 25 ans d’efforts et $ 6 milliards d’investissements, le projet doit être abandonné laissant la population avec un des taux d’électricité les plus élevés et une économie régionale au bord de la faillite.

Le nombre de projets de nouveaux réacteurs chutera de manière dramatique entre 1973 et 1978 passant de 38 à deux. Plusieurs compagnies cancellent leurs projets. Certaines les abandonnent au beau milieu de la construction. En 1979, l’accident du réacteur de Three Mile Island sèmera d’avantage d’inquiétudes. Des mauvaises pratiques de gestion ont cours dans l’industrie. Il est mentionné par exemple que des réacteurs sont en construction malgré le fait que les plans ne soient pas terminés, ce qui favorise des erreurs de construction. Dans l’espoir de sauver l’industrie, en 1985, l’Electric Power Research Institute et la Nuclear Regulatory Commission tentèrent sans succès de sauver l’industrie. Ils souhaitaient rendre les réacteurs plus sécuritaires grâce à des plans « standardisés », moins de pièces mobiles, et plus de composante modulaire. L’objectif était non seulement de rendre les réacteurs plus sécuritaires mais également de réduire les délais et rendre concurrentiel les coûts de construction par rapport aux projets de centrales thermiques au charbon.

Au milieu des années 80 la Washington Public Power Supply System doit elle aussi abandonner deux réacteurs en construction malgré des investissements de 2,25 milliards. En 1985, la revue Forbes qualifia le naufrage de l’industrie nucléaire en cours de : « … plus important désastre de l’histoire du monde des affaires. »

En 1997 les deux premières propositions de réacteurs « standardisés » voient le jour, mais aucun d’eux ne sera construit aux États-Unis. Le milieu financier, banques et investisseurs, encore sous le choc du fiasco des décennies précédentes résistent à la tentation de financer la nouvelle génération de réacteurs nucléaires.

Quelles sont les conséquences environnementales des énergies nucléaires ?

L’énergie nucléaire n’est pas une énergie propre et verte pour les raisons suivantes :

1. Elle produit par centaines les matériaux les plus toxiques connus de la science - des déchets de matière radioactive si toxiques qu’on doive les entreposer de manière sécuritaire pour des centaines de milliers d’années aux coûts de dizaines et même de centaines de milliards de dollars.

2. Elle génère du plutonium, le principal matériau explosif nucléaire des arsenaux nucléaires du monde - matériau tellement dangereux pour la planète que des inspections et des mesures de sécurité internationales élaborées doivent avoir lieu même pour un réacteur comme celui de Gentilly 2, au Québec.

3. Les matériaux au centre du réacteur nucléaire, incluant les tubes inoxydables en « niobium-zirconium » de la plus haute qualité, sont trop radioactifs pour être recyclés ou réutilisés dans tout autre contexte non-nucléaire à la fin de la vie utile du réacteur – ils devront plutôt être entreposés pour des milliers d’années comme déchets radioactifs.

4. Les réserves d’uranium sont limitées tout comme celles du pétrole, et on ne prévoit pas qu’elles dureront plus longtemps que celles-ci si un grand nombre de réacteurs nucléaires sont construits à travers le monde. C’est pour cette raison que la plupart des pays qui ont massivement investi dans l’énergie nucléaire, comme la France, le Royaume-Uni, la Russie, le Japon et l’Inde, dépendent de la réutilisation du combustible nucléaire irradié qui relâche de grandes quantités de liquides et de gaz radioactifs dans l’environnement.

5. Des accidents nucléaires catastrophiques, causés par négligence ou par actes de guerre ou de terrorisme, peuvent rendre de grandes étendues de territoire inhabitables pour des décennies ou des siècles, de même que rendre le sol impropre à l’agriculture.

Sur le même thème : International

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...