De nouveaux appuis significatifs
Si les Cris de Waswanipi peuvent compter sur le support de Greenpeace et d’autres groupes environnementaux depuis des années, plusieurs personnalités importantes ont renforcé leurs rangs hier. Tout d’abord, la présence en conférence de presse du Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, M. Ghislain Picard, était loin d’être anodine. Venant renforcer le message de solidarité entre les peuples autochtones, M. Picard a insisté sur l’importance d’un développement qui respecte l’environnement et les visées autochtones. Pointant la Broadback comme étant un territoire essentiel à protéger, l’appui du Chef Picard ouvre la voie à un appui d’autres Nations voisines comme les Innus et les Atikamekws qui, eux aussi, doivent faire face à un front de coupe forestière incessant.
Autres appuis très significatifs, la présence de la Chef de la communauté crie voisine de Waskaganish, Darlene Cheechoo, ainsi que du Vice-Chef de Nemaska, Greg Jolly, autre communauté crie voisine de Waswanipi. Les témoignages de solidarité entre les communautés cries sont forts inspirants pour la suite des choses, surtout si l’industrie forestière continue de faire pression pour avancer dans la Broadback malgré l’absence d’acceptabilité sociale.
Autre appui fort symbolique, le débuté fédéral de Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou Istchee et membre de la communauté de Waswanipi, M. Roméo Saganash, a déclaré par communiqué que « son territoire ancestral a été durement impacté par l’industrie depuis des décennies » et qu’il est « maintenant temps de protéger ce qui reste avant qu’il ne soit trop tard ». Finalement, se joignent à la coalition des scientifiques spécialistes du caribou forestier qui déclarent sans retenue que les projets de routes et de coupe de l’industrie menacent directement la survie de cette espèce en péril.
L’industrie brandit ses épouvantails
En réaction à la sortie des Cris et de leurs alliés, le Conseil de l’Industrie Forestière du Québec a publié un communiqué appelant à « un équilibre ». Alors que 90% du territoire ancestral de Waswanipi a déjà été coupé ou fragmenté, certain pourraient argumenter que de protéger le dernier 10% ne permet même pas d’atteindre un équilibre, mais clairement l’industrie voit les choses d’une autre façon. Elle a donc repris la tactique classique du chantage, brandissant les menaces de pertes d’emplois.
Son président André Tremblay a donc rejeté d’un seul coup les visées des Cris, les preuves scientifiques et l’absence d’acceptabilité sociale avec cette déclaration aussi malhonnête que de mauvaise foi : « La demande formulée ce matin est inacceptable parce qu’elle pourrait représenter la perte de plus de 1000 emplois ». Cette déclaration contredit les chiffres avancés par les compagnies promotrices du projet et fait complètement abstraction d’un élément central : la réputation corporative.
À notre avis, ce qui garantit les emplois, ce n’est pas d’aller couper les derniers arbres dans les plus profonds racoins encore vierges de notre forêt publique, mais plutôt le maintien de contrats pour les compagnies forestières. Quelconque compagnie qui osera couper les dernières forêts vierges du territoire ancestral de Waswanipi s’aventurera dans des opérations forestières hautement controversées qui risquent de faire sourciller les grands acheteurs sur les marchés internationaux. L’industrie est-elle désespérée à ce point ?
La crédibilité du COMEX est en jeu
Évalués dans le cadre des consultations du Comité d’examen des répercussions sur l’environnement et le milieu social (COMEX) présidé par M. André Boisclair, les projets de route sont soumis par cinq compagnies forestières dont Produits forestiers Résolu et Eacom Timber Corporation. Greenpeace a soumis au COMEX un rapport étoffé démontrant que d’autoriser ces routes alors qu’il n’y a aucune acceptabilité sociale aurait des conséquences environnementales majeures sur le territoire ancestral de Waswanipi et mettrait sérieusement en doute la crédibilité de ces consultations.
Rappelons qu’une vague d’opposition a déferlé durant la période de trente jours donnée par le COMEX pour entendre les préoccupations de la population. Alors que durant les audiences le 19 janvier dernier l’industrie a reçu un rejet unanime de la part des Cris de Waswanipi et des experts présents sur place, près de 9000 personnes ont écrit à M. Boisclair afin de lui demander de rejeter le projet via le site conjoint des Cris et de Greenpeace : www.sauvonslabroadback.ca.
Le COMEX doit déposer ses recommandations au ministre de l’Environnement David Heurtel dans les prochaines semaines.