La Commission, qui a déjà parcouru 9 des 17 régions administratives du Québec, entendra, au cours de l’après-midi et de la soirée, une quarantaine de témoignages de personnes directement aux prises avec des problèmes de logement et d’organismes préoccupés de la situation de l’habitation et de l’itinérance à Québec. Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU pour la région, explique que « la Commission cherche à identifier des violations au droit au logement non pas en enlignant les statistiques, mais plutôt en écoutant les personnes et les familles qui vivent directement des problèmes et en examinant les conséquences de ces derniers sur leurs autres droits comme ceux à l’alimentation, à la santé, à la sécurité physique ou à un niveau de vie décent ». La Commission, qui terminera ses audiences le 23 novembre, rédigera par la suite un rapport qui sera déposé aux gouvernements fédéral et québécois.
Une crise qui perdure
La pénurie de logements locatifs est un des sujets majeurs de préoccupations de la Commission. « Le taux de logements inoccupés, qui devrait normalement être de 3 %, n’a jamais dépassé 1,6 % depuis l’an 2000 à Québec », rappelle Mme Laflamme, en ajoutant qu’ « à ce titre, la région est celle qui obtient le pire résultat parmi toutes les régions métropolitaines du Canada ».
Le FRAPRU estime que le niveau actuel de construction de logements locatifs ne laisse pas entrevoir des jours meilleurs. Mathieu Houle-Courcelles, porte-parole des groupes de Québec, fait remarquer qu’en 2011, à peine 784 logements locatifs ont été mis en chantier dans la région métropolitaine de Québec contre 1 986 unités de condominiums : « Dans un tel contexte, on ne peut pas se permettre de perdre des appartements locatifs. Or, c’est précisément ce qui arrive présentement à Québec, avec la conversion de logements locatifs en copropriétés. La Ville admet que 202 logements ont été convertis, depuis la levée partielle du moratoire à cet effet, l’an dernier. Ce chiffre sous-estime, à notre avis, la réalité ; mais même s’il était réel, ce serait déjà beaucoup trop en période de pénurie ».
L’augmentation des loyers et la pression qu’elle exerce sur le budget des ménages à plus faible revenu risquent aussi de susciter des interrogations de la part de la Commission populaire. Mathieu Houle-Courcelles précise : « En 2000, le coût moyen d’un 4 ½ était de 518 $. En 2011, il était monté à 718 $. C’est 200 $ de plus par mois ! C’est énorme pour des personnes et des familles à faible revenu ».
La Commission populaire itinérante
Lancée à l’initiative du FRAPRU, la Commission populaire itinérante est formée de 14 personnes provenant d’horizons différents. À Québec, les commissaires sont Martin Gaillé, professeur et chercheur en droit au logement, Shirley Roy, professeure du Collectif de recherche sur l’itinérance, la pauvreté et l’exclusion sociale, et Simon Tremblay-Pépin, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS). Avec la Commission populaire itinérante, le FRAPRU espère documenter de façon indépendante l’exercice du droit au logement au Québec. Le rapport des commissaires sera soumis aux différents paliers de gouvernement dans l’espoir de les forcer à agir pour garantir le libre exercice du droit au logement au Québec, notamment en finançant un nombre de logements sociaux suffisant.