Édition du 12 novembre 2024

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Santé

Loi 100

Contrer le gaspillage et protéger les soins de santé et les services sociaux

Les postes touchés ne sont pas que ceux de cadres mais, aussi, de salariées (plus de 80 % sont des femmes) qui gagnent 35, 000 dollars en moyenne : de la secrétaire médicale au technicien en informatique, du commis aux paies à l’archiviste médicale. Ce sont celles qui s’occupent du travail de bureau, du matériel, prennent les rendez-vous, classent les documents. Elles sont le lien indispensable entre les services professionnels, les soins et la population.

Les structures trop lourdes, la « bureaucracite » aigüe, le manque de respect des équipes de travail et l’intrusion insidieuse du privé sont de véritables plaies du réseau de la santé et des services sociaux. À l’aube de compressions importantes dans les dépenses administratives et d’encadrement, la population ainsi que les travailleuses et les travailleurs de la santé sont en droit de savoir où et comment se feront les coupes dans le réseau.

Le 30 septembre, un moment fatidique dans l’histoire du réseau public de santé et des services publics

Toutes les agences avaient jusqu’au 30 septembre pour soumettre, au ministre de la Santé et des Services sociaux, leur plan de réduction de la taille des effectifs et de leurs dépenses de fonctionnement ainsi que celui de tous les établissements de santé et de services sociaux de leur région. C’est une des applications de la loi 100, adoptée en juin 2010.

Sous couvert de s’en prendre aux bonis indécents accordés aux hauts cadres et au « gaspillage », la « Loi mettant en oeuvre certaines dispositions du discours sur le budget du 30 mars 2010 et visant le retour à l’équilibre budgétaire en 2013-2014 et la réduction de la dette » risque aussi de s’attaquer sournoisement aux services publics et à des emplois souvent moins visibles mais essentiels à la dispensation de services de qualité, soit les emplois du personnel administratif et des bureaux. On parle de 35 000 personnes syndiquées qui ne sont pas des cadres.

Des mesures austères qui vont affecter directement les services à la population

Cette loi prévoit que, d’ici 2013, les établissements doivent diminuer leurs dépenses administratives d’au moins 10 %. Pour ce faire, le personnel administratif doit être réduit en privilégiant le non-remplacement d’un départ sur deux à la retraite. Dès 2010, les établissements doivent atteindre certaines cibles de compressions.

Les postes touchés ne sont pas que ceux de cadres mais, aussi, de salariées (plus de 80 % sont des femmes) qui gagnent 35, 000 dollars en moyenne : de la secrétaire médicale au technicien en informatique, du commis aux paies à l’archiviste médicale. Ce sont celles qui s’occupent du travail de bureau, du matériel, prennent les rendez-vous, classent les documents. Elles sont le lien indispensable entre les services professionnels, les soins et la population.

Pour la présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux, Francine Lévesque, « il est temps de recentrer les ressources sur les services à la population, il faut préserver les emplois qui sont utiles à l’amélioration de nos services publics. Ce sont aux dépenses inutiles et aux hauts taux d’encadrement auxquels il faut s’attaquer. »

Des coupures aux conséquences dramatiques

Les conséquences seront dramatiques pour les services : accentuation des problèmes de surcharge de travail pour le personnel qui reste à l’emploi dans les bureaux et l’administration ; accroissement de l’insécurité et de la précarité ; augmentation des tâches administratives pour les autres catégories d’emplois ; porte encore plus ouverte à la privatisation et à la sous-traitance d’emplois majoritairement féminins. À l’heure où des défis importants touchent le réseau comme l’utilisation grandissante des technologies de l’information et l’informatisation des dossiers, il est à craindre une perte de l’expertise publique.

Une organisation du travail pour laquelle auraient été mis réellement à contribution tous les employés qui sont au cœur des services aurait certainement apporté des solutions plus économiques et plus efficaces.

À l’heure actuelle, il est impossible de savoir concrètement l’ampleur des coupes et de connaître les conséquences sur les services à la population et sur les emplois. Dès maintenant, la FSSS-CSN s’engage dans une opération, auprès de toutes les agences ainsi que de tous les établissements de santé et de services sociaux du Québec, pour exiger de connaître les plans de réduction.

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