Accablantes parce qu’elles révèlent une situation d’opacité et de club sélect à l’intérieur de la FTQ ; soirée intime et secrète au chic restaurant Mount Stephen Club avec le ministre Bachand et Tony Accurso pour célébrer le 25e anniversaire du Fonds de Solidarité, soirées dans des restaurants des Galeries Laval dont le Fonds de Solidarité est actionnaire avec le promoteur Tony Accurso. L’épisode du séjour de Michel Arsenault sur son bateau n’est donc pas un accident de parcours.
On apprend ainsi que Gilles Audette, deuxième conseiller politique à la FTQ et Louis Bolduc, directeur québécois des TUAC et membre du Bureau de la FTQ y ont également séjourné ainsi que Jean Lavallée, ancien directeur québécois de la FTQ construction, membre du CA du FSTQ, membre du Bureau de la FTQ, mais également jusqu’en 2004 ancien directeur de la SOLIM, bras financier du Fonds de Solidarité responsable entre autres de l’investissement immobilier, une concentration de pouvoirs pour le moins inquiétante. Sur ce même bateau a déjà séjourné également Frank Zampino, l’ex président du comité exécutif de Montréal, quelques semaines après la qualification des soumissionnaires pour un contrat de plus de 300 millions de dollars de la Ville pour son projet d’implantation de compteurs d’eau, et avant le dépôt des propositions officielles.
Péril en la demeure
Le pire c’est que le président de la FTQ persiste et signe, ce faisant il place la FTQ en grave danger et donne de l’eau au moulin à ceux qui veulent faire reculer le mouvement syndical et la FTQ.
La pression pour exiger une commission d’enquête publique est déjà amorcée. L’assemblée nationale, a été saisi d’une motion de l’Action démocratique du Québec qui réclame une enquête publique sur les problèmes de l’industrie de la construction. Cette semaine, la chef péquiste, Pauline Marois, a joint sa voix à cette requête, que l’ADQ formule depuis le printemps. Mais cette requête vient de prendre une forme plus précise avec les commentaires de l’ancien ministre du travail Jean Cournoyer, qui vise plus directement les pratiques syndicales à la FTQ.
Ce genre de scandale donnera prise également au discours de la chambre de commerce et de l’institut économique de Montréal qui réclament depuis longtemps le vote secret lors des demandes d’accréditation syndicale. Sans compter que cela n’aidera en rien les militants et militantes qui tentent de faire signer des cartes d’accréditation aux syndicats FTQ.
Le mutisme du président de la FTQ, puis sa totale négation des conflits d’intérêts, particulièrement en ce qui concerne Tony Accurso, entraine la FTQ dans une pente dont l’issue ne peut être que très grave non seulement pour l’image mais pour l’intégrité de la centrale. La situation exige de poser des gestes significatifs et de prendre les devants, mais Michel Arsenault ne semble avoir aucune volonté de prendre cette voie, encore faudrait-il qu’il aie la crédibilité pour le faire.