Édition du 17 décembre 2024

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Le blogue de Louise Chabot

Conditions de travail : le Québec traîne de la patte

C’est chose faite, le gouvernement ontarien vient de décréter une hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure pour l’horizon 2019. Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne en a également profité pour améliorer les conditions de travail en ajoutant des congés payés et des congés pour urgence personnelle aux protections offertes aux travailleuses et travailleurs de la province.

Cette mesure qui s’inscrit dans un contexte préélectoral en Ontario s’ajoute à des promesses de gratuité scolaire et de développement de places en garderie. On voit en Ontario un véritable gouvernement libéral, et non un gouvernement conservateur déguisé, même si le gouvernement Wynne n’échappe pas aux dérives du néolibéralisme.

Une occasion manquée de mener la marche

Disons-le franchement : le Québec, qui a longtemps été à l’avant-scène en matière de protection et de justice sociale, est en train de se faire doubler et prend du retard face à l’Ontario et même à ses voisins du Sud.

Pour un gouvernement qui cherche à sortir 100 000 personnes de la pauvreté à court terme et à augmenter les incitatifs au travail, il est assez incohérent de maintenir une situation qui fait qu’un travailleur à temps plein au salaire minimum n’arrive pas à se sortir de sa situation précaire.

Il existe un consensus social grandissant à l’effet d’augmenter le salaire minimum. Une augmentation qui toucherait plus d’un million de travailleuses et travailleurs (dont plus de 60 % sont des femmes, 60 % ont plus de 25 ans et 23 % ont des enfants).

Les effets d’une telle augmentation sur l’économie seraient également bénéfiques. Nos voisins du Sud ont une expression qui convient bien à la situation : « la marée qui monte fait monter tous les bateaux ». L’augmentation du salaire minimum à 15 $ profiterait à tout le monde et serait une mesure bien plus efficace pour aider les familles qu’une baisse d’impôt de 4 $ par semaine.

Pourquoi maintenir les inégalités ?

Un autre dossier sur lequel le Québec manque une belle occasion de faire preuve de leadership est celui des disparités de traitement en matière de retraite et d’assurances collectives (les fameuses clauses « orphelin »). Le rapport du groupe de travail sur les disparités de traitement mené par le député de Pontiac et ministre des Transports, André Fortin, fait état de l’urgence d’agir, mais seulement si les autres provinces canadiennes le font aussi !

Comme le Québec est la seule législation au pays qui dispose d’une loi anticlauses orphelin, il est permis de douter que l’adoption par les autres provinces de lois semblables advienne dans un avenir rapproché. Pendant ce temps, des injustices continuent d’avoir cours dans un nombre grandissant d’entreprises.

Il est absurde que notre cadre législatif reconnaisse le principe de l’injustice d’avoir deux échelles de traitement différentes en fonction de la date d’embauche, mais qu’il permette la même injustice en matière d’assurances collectives et de régimes de retraite. On ne peut pas défendre l’équité à temps partiel !

En matière de législation du travail, le Québec n’a pas à attendre les autres provinces canadiennes. La responsabilité du gouvernement, c’est de s’assurer que la population du Québec tire son épingle du jeu de l’activité économique et de la hausse de productivité des entreprises. On ne peut pas affirmer que l’équité intergénérationnelle figure au premier rang de nos valeurs fondamentales et agir de façon à agrandir les iniquités.

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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