Quel potentiel ! Fière de son coup, la société nous informe aussi que ce forage aura coûté la modique somme de 7,5 millions de dollars. Un court calcul nous amène rapidement à la conclusion qu’il faudra à Pétrolia environ 9,4 années de production sans arrêt, en ayant la possibilité de vendre son pétrole à 50 $ le baril, afin de payer la seule note de frais du forage. En ajoutant les frais de production, on peut convenir qu’il faudra plus de dix ans de production pour payer les frais de base. Et on ne parle même pas ici des coûts nécessaires à l’installation des infrastructures de transport de ce pétrole.
Où est la rentabilité de ce projet ? Où est le gain pour la collectivité québécoise ? « Du pétrole d’ici pour les gens d’ici ! » Voilà le slogan qui a servi à convaincre nos dirigeants crédules d’embarquer dans l’aventure. Pourtant, bien que le prix du baril de pétrole soit actuellement au plus bas depuis des années, nous payons toujours le même prix à la pompe. En serait-il autrement si le pétrole provenait de Gaspé ? Les raffineurs seraient moins gourmands ?
Et si les approvisionnements en eau des résidents, dont certains demeurent à 350 mètres de ce forage, étaient à jamais pollués ? Et s’il y avait un déversement accidentel de produits pétroliers dans la Baie de Gaspé ? Et si l’industrie de la pêche côtière ou de la pêche aux saumons était menacée ? Et si l’industrie touristique de la Gaspésie disparaissait au profit de la « très rentable » industrie des hydrocarbures ?
Et voilà que du même souffle, on nous informe que le projet Bourque, qui doit mettre en production du gaz de schiste en Gaspésie, ira de l’avant en 2016 ! Et tout cela, bien sûr, avec la participation financière de notre bon gouvernement [2] ! Car si nous, contribuables, n’étions pas derrière tous ces projets, aucun ne pourrait aller de l’avant.
Peut-on en effet produire du gaz à un coût exorbitant alors que la ressource se vend actuellement à rabais en Amérique du Nord ? Et peut-on en outre le faire en utilisant la technologie de la fracturation hydraulique, décriée partout sur la planète ? Et cela dans la vallée du Saint-Laurent, où le dernier rapport du BAPE a clairement établi que l’entreprise relève du fantasme [3] ?
Même chose à Anticosti ! C’est nous qui payons actuellement le gâchis en devenir. Les grands financiers de ce monde, mieux avisés, ont tous refusé d’investir sur cette île dépourvue d’infrastructures pouvant desservir quelque industrie que ce soit.
Mais, nous, Québécois, nous devrions aller de l’avant avec la compagnie Pétrolia parce que celle-ci a signé des ententes avec le précédent gouvernement et entend les faire respecter ! Même au détriment de toute logique !
Et les changements climatiques dans tout cela ? Comment peut-on être si déconnecté ? Allez visiter le site de notre bon gouvernement et voyez par vous-mêmes à quel point nos dirigeants sont déconnectés. [4]
Jacques Tétreault
Coordonnateur général adjoint RVHQ