Cependant, la vraie question, c’est de savoir si ces messieurs et ces dames vont simplement jaser de « la pluie et du beau temps » autour d’un dîner bien arrosé ou s’ils vont proposer des actions concrètes pour aborder cette question cruciale où l’enjeu véritable est la qualité de vie de nos petits-enfants !
Suis-je trop cynique ? Comment prendre au sérieux un gouvernement qui se « peinture en vert » en parlant favorablement de ce sujet lors d’un passage à New York ; qui a même un « ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques », mais qui autorise et finance la cimenterie de Port-Daniel sans BAPE et sans prendre en considération les GES produits par cette entreprise (environ 2,2 millions de tonnes/an). [1] Ou le projet d’usine d’engrais azoté d’IFFCO à Bécancour qui produirait, elle aussi, des millions de tonnes de GES ? Ou paye pour le développement de la filière pétrolière d’Anticosti avec une subvention de 115 M$ ? Où est la cohérence entre ces vœux pieux de notre gouvernement et l’appui à des projets qui augmenteraient substantiellement la production de gaz à effet de serre du Québec ?
Mais là où le cynisme atteint son paroxysme, c’est en ne soulevant pas la question des GES que produirait le pétrole des sables bitumineux qui coulerait dans les divers oléoducs. Je suis d’accord avec Naomi Klein lorsqu’elle affirme qu’« ... en se montrant favorable au mégaprojet de pipeline de TransCanada, le gouvernement Couillard s’apprête à devenir complice du "pire crime" contre le climat de la planète, soit la croissance de l’exploitation des sables bitumineux… » [2]
Ce manque de cohérence est également vrai pour les trois premiers ministres et le gouverneur qui ont signé le Joint Statement on Climate Change [3] s’ils ne s’objectent pas aux autres pipelines Northern Gateway, Kinder-Morgan, Keystones XL et l’inversion de la ligne 9B d’Enbridge.
Si nos leaders politiques sont sérieux, ils doivent consulter le document et aller dans la direction suggérée par les 60 scientifiques dans Agir sur les changements climatiques au Canada : les solutions d’universitaires canadiens et canadiennes. [4] Ils proposent un plan « ... faisable et pragmatique pour un virage vers une société durable... » [5] Dans un dialogue qu’on peut trouver dans L’Actualité du 1er avril 2015, Mme Catherine Potvin affirme qu’« … Il faut changer la façon de produire et de consommer l’énergie. Électrifier les transports. Changer les villes en repensant l’étalement urbain. Et mettre un prix sur le carbone... » Elle ajoute également qu’« ... il faudrait laisser les combustibles fossiles là où ils sont... » [5]
Notre société doit faire beaucoup plus que parler des changements climatiques. Nos leaders doivent agir pour aller rapidement vers une économie post-carbone. [6] D’ailleurs, la cohérence entre belles paroles et actions devrait également être la position canadienne lors de la conférence de Paris qui se tiendra au mois de décembre 2015.
« Je perds trop de moments dans des discours frivoles.
Il faut des actions et non pas des paroles. » (Jean Racine, Iphigénie)
Gérard Montpetit
La Présentation
Le 22 mars 2015
[1] http://www.ledevoir.com/politique/quebec/413930/cimenterie-sans-bape-a-port-daniel-mea-culpa-s-v-p
[3] https://dr6j45jk9xcmk.cloudfront.net/documents/3887/final-cc-statement.pdf
[4] http://biology.mcgill.ca/unesco/FR_Fullreport.pdf
[6] http://www.ituc-csi.org/trois-quarts-de-la-population?lang=fr