Avez-vous remarqué comme il est désolant de vous entendre ¨baragouiner¨ vos questions en anglais au nouvel instructeur des Canadiens ? Comme l’anglais n’est pas votre langue maternelle, il est normal que vous ayez plus de difficulté à vous exprimer dans cette langue. Ceci, ajouté à des problèmes d’accent, vous place sur un pied d’infériorité par rapport à vos confrères anglophones et , qu’on le veuille ou non, laisse une impression d’amateurisme.
Du point de vue de votre image, c’est vous, journalistes francophones, qui passez pour des incompétents et non la direction du Canadien qui pourtant vous impose un porte-parole unilingue anglais. Dans les faits, la direction du Canadien transfère son problème sur vos épaules et c’est vous qui devenez ainsi les dindons de la farce. Cela nuit énormément à votre reconnaissance professionnelle et à la confiance que les amateurs de hockey du Québec vous manifestent.
Comme c’est souvent le cas en pareille circonstance, lorsqu’un seul anglophone ne parle pas français, tous les francophones doivent plier l’échine et s’adapter à cette situation. C’est ce même problème, à la source du mouvement indépendantiste du Québec, qui prévalait dans le monde des affaires et de l’industrie avant la nationalisation d’Hydro-Québec et qui ne semble pas s’être corrigé dans le milieu du sport professionnel. Même nos athlètes francophones comme Mario Tremblay ou Guy Lafleur ne semblent pas avoir compris cet enjeu primordial pour les Québécois, qui dépasse de beaucoup une série de victoires ou de défaites d’un club de hockey, si prestigieux soit-il !
Si vous n’avez pas le pouvoir de changer les décisions des autorités du Canadien, vous, les journalistes francophones, pourriez au moins exiger que ce club de hockey de la LHN aux coffrets bien garnis vous fournisse un interprète bilingue qui traduirait vos questions et réponses.
Bien sûr cela alourdirait les conférences de presses, mais aurait le mérite de révéler au jour le jour l’importance du problème, tout en mettant une pression supplémentaire sur la direction du Canadien. Vous lui feriez ainsi la démonstration que la question de la langue à Montréal est un enjeu vital et non pas une question secondaire qui vient bien après les performances du club, comme ils se plaisent à l’affirmer, avec beaucoup de candeur d’ailleurs.
Voilà la demande pressante que j’adresse à vous tous, journalistes sportifs francophones, en espérant qu’une action concertée de votre part replacera l’odieux de la situation là où se situe réellement le problème : sur les épaules des dirigeants du Club de Hockey Les Canadiens de Montréal.
Vous auriez ainsi le mérite de faire ressortir à l’échelle nationale et internationale que vous estimez, en tant que journalistes sportifs québécois, qu’il existe des enjeux plus importants dans une société que de simples performances sportives.
Marcel Gilbert