Édition du 19 novembre 2024

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Amérique centrale et du sud

Brésil

Ce qui s’est passé avec Moïse porte un nom : barbarie

Le cas de Moïse Kabagambe laisse, une fois de plus, le Brésil en état de choc

Au Brésil, le racisme affiche sans complexe son aspect le plus violent : le décompte jour après jour des morts de Noirs. Les cas de violence, ainsi que la faim, la misère, le chômage et le manque de logement démontrent qui sont les principales victimes de la crise.

Il est de plus en plus évident qui est le plus vulnérable, qui devient une cible désignée, et qui verra ses droits les plus élémentaires déniés lui. Les héritages de l’esclavage et la consolidation du racisme comme élément structurant du système capitaliste font qu’il ne reste que la précarisation, l’incarcération et la mort pour maintenir les profits d’une bourgeoisie majoritairement blanche et raciste.

Le cas de Moise Kabagambe a choqué le pays une fois de plus. Ce jeune Congolais de 24 ans, arrivé au Brésil encore adolescent avec sa famille demandeur d’asile. Ils avaient quitté leur pays pour tenter de survivre et chercher un avenir. Mais le racisme et la xénophobie lui ont coûté la vie. Le jeune immigrant a été torturé publiquement et battu à mort pour avoir revendiqué le paiement de deux jours de travail, d’un montant de 200 réals (environ 30 euros), dans un kiosque appelé Tropicália au poste 8 de Barra da Tijuca, à Rio de Janeiro.

C’est un exemple de plus du projet génocidaire de la population noire dans notre pays. Le masque du mythe de la démocratie tombe tous les jours quand on suit les indicateurs de la violence dans plusieurs états brésiliens, que ce soit le nombre de prisonniers, de victimes de violences policières, de massacres et de morts barbares par racisme, comme ce fut le cas pour Moise. Cette affaire montre clairement, de tous les points de vue, comment le racisme est naturalisé.

C’est comme ça qu’ils traitent les jeunes noirs ! Moise s’est plaint d’un retard dans son paiement et a été battu et ligoté en public. L’humiliation de devoir réclamer son propre salaire, et d’être encore torturé publiquement, comme au temps de l’esclavage, montre à quel point le racisme au Brésil atteint encore au Brésil des niveaux plus que préoccupants ! Les tueurs n’ont pas semblé gênés, car il y a une forte naturalisation, à la fois du travail des Noirs comme précaire, de l’invisibilité de ces corps, et du traitement inhumain que la structure raciale et inégalitaire du Brésil induit,

L’État brésilien doit assumer sa responsabilité de la mort de Moise et garantir à sa famille protection et le respect de tous leurs droits. De même, le kiosque Tropicália et les tueurs doivent également assumer leur responsabilité. Le message doit être clair : nous n’acceptons pas ce type de barbarie. De nombreux jeunes réfugiés vivent eux aussi au Brésil sous un régime de travail précaire qui a conduit à la mort du jeune Congolais ; de nombreux Africains vivant ici sont traités de manière humiliante sur les lieux de travail, dans les universités et dans divers secteurs de notre société. Notre combat est celui des Noirs, et nous ne pouvons accepter que les racistes de notre pays continuent à perpétuer cette forme de domination et d’agression. La lutte antiraciste doit s’élargir chaque jour, et le sentiment d’injustice qui a choqué le Brésil ces derniers jours doit servir d’essence pour enflammer le sentiment d’indignation de la majorité de la classe ouvrière noire de notre pays. Nous sommes prêts à lutter parce que le racisme est toujours un mal enraciné dans la société brésilienne, et qu’il doit être combattu par la lutte antiraciste.

Par conséquent, samedi prochain, le 5, nous exigerons justice pour Moise ! Des manifestations sont déjà convoquées à Rio de Janeiro, Sao Paulo et Minas Gerais. La manifestation de Rio de Janeiro se tiendra à l’appel de la famille de Moïse, de la communauté congolaise, du mouvement noir, des mouvements sociaux, des partis de gauche, des entités de défense des droits de l’homme et une grande partie de la société civile. L’acte aura lieu près du kiosque Tropicália, où le crime a eu lieu, sur le poste 8 à Barra da Tijuca.

JUSTICE POUR MOISE !
ARRÊTEZ DE NOUS TUER !

Prof. Josemar Carvalho e Zeinede Lima
Josemar Carvalho est professeur de géographie et conseiller municipal PSOL de São Gonçalo (RJ)
Zeinede Lima est dirigente du PSOL

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