Édition du 1er avril 2025

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Europe

Élections en Grèce

Ce que les sondages n'ont pu prédire

Les résultats des élections rendront difficiles la formation d’un gouvernement de coalition capable de poursuivre le programme exigé par les créanciers internationaux qui rejettent toute possibilité pour la Grèce de le renégocier. Les partis Nouvelle Démocratie (droite) et PASOK (social-démocrate) appellent à la mise sur pied d’un gouvernement de consensus national afin de poursuivre la politique de coupures, une tâche qu’ils ont largement assumée.

Lors des élections législatives d’hier en Grèce, la Nouvelle Démocratie a obtenu 18,88%, ce qui lui donne 108 sièges, tandis que le PASOK a remporté 13,19 pour cent des bulletins de vote, soit 41 sièges. Ensemble, ils totalisent 149 sièges (environ 32% des votes), alors qu’ils visaient à maintenir une majorité absolue au Parlement de la Grèce et, ainsi, pouvoir former un gouvernement de coalition en faveur du plan d’ajustement pour obtenir un accès à des prêts du monde financier européen.

Pour sa part, la Coalition de la gauche radicale (SYRIZA) a remporté une historique seconde place en quadruplant le résultat obtenu lors des élections législatives de 2009, avec 16,76 pour cent des voix et 52 députés. SYRIZA pourrait prendre l’initiative de proposer aux partis de gauche de former un gouvernement de coalition afin de dépasser le cadre politique imposé par la « troïka », composée de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international.

Suivent les Grecs indépendants avec 10,60 pour cent des voix et 33 députés, le Parti communiste de Grèce (KKE), avec 8,47 pour cent des bulletins de vote et 26 députés, l’Aube doré d’extrême-droite avec 6,97 pour cent des voix et 21 sièges, et la Gauche démocratique, avec 6,1 pour cent des voix et 19 députés.

La journée électorale s’est déroulée dans un calme relatif, les premiers avertissements venus des urnes sont venus des sondages, puis il y a eu la confirmation des résultats définitifs. Les électeurs grecs ont confirmé la fragmentation du vote prévue par les sondages d’opinion avant le début de la campagne, mais la surprise a été la montée fulgurante de la Coalition de la gauche radicale (Syriza) et le sérieux revers aux élections de la Nouvelle Démocratie (ND) et surtout du PASOK socialiste.

Tous signalent le rapport entre les résultats électoraux et les politiques imposées de Bruxelles freinant les possibilités d’emprunt du pays qui ont plongé l’économie greque dans une crise sans précédent.

Mais il semblait que les deux grands partis, qui pendant des décennies ont maintenu un soutien électoral de l’ordre de 80%, n’auraient aucune difficulté à maintenir un gouvernement de coalition et, à poursuivre le programme requis par les créanciers internationaux. La situation qui résulte des élections n’est pas, cependant, si facile pour les intérêts de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI).

Ce qui est arrivé au cours de la campagne a invalidé les pronostics concernant l’impact de nouvelles et urgentes coupures exigées de Bruxelles, et a refroidi le soutien aux partis qui soutenaient le protocole de prêt imposé par la troïka.

Il semble que la pression des institutions financières internationales et de certains gouvernements européens ont nui aux résultats des partis favorisant la poursuite des politiques d’austérité.

Les citoyens, touchés par une baisse drastique de leurs revenus et frappés par une hausse du chômage, ont choisi de privilégier les petits partis (certains d’entre eux nouvellement créés) qui, pendant la campagne, ont été opposés à la poursuite des politiques de coupures imposées par l’étranger.

Les conséquences seront perceptibles dans les prochains jours, mais pour l’instant la ND et le PASOK appellent à un gouvernement d’union nationale avec les partis favorables à l’accord concernant les prêts. Reconnaissant sa défaite, le leader socialiste Évangiles Venizelos, a appelé la nuit dernière à créer de toute urgence une large coalition afin de poursuivre la politique de coupures.

Les autres groupes parlementaires ne veulent pas entendre parler d’un nouveau programme de coupures, annoncé plus tôt par l’UE et le FMI, qui, encore une fois, aura un impact important les salaires des fonctionnaires, sur le budget de la santé comprenant la suppression de 150 000 emplois dans le secteur public et sur la mise en vente toutes les entreprises publiques. Cet ensemble de mesures visent à réduire le budget public de 11,5 milliards d’euros et elles devraient être approuvées en juin prochain.

Un faux-pas des partis pro-protocole a été l’annonce faite vendredi dernier, avant le résultat d’une élection, par l’Institut International de la Finance (IIF)-le monde de la banque - d’un rapport qui exigeait, en cas de la formation d’un gouvernement de coalition faible, la nomination "d’une administration de technocrates qui aurait pris en charge la direction du pays pour assurer la stabilité."

Au même moment, l’Union des banques suisses publiait un document qui rejetait la possibilité de renégocier les accords de prêt, renégocatiation préconisée par certains partis politiques pendant la campagne, affirmant que cela suggérait l’existence d’un « degré de liberté [que la Grèce] ne possède pas. »

Aussi le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, s’est immiscé dans la campagne électorale grecque pour faire pression sur les électeurs afin de défendre les mesures d’austérité, menaçant la Grèce d’être évincée de la zone euro, d’être obligée de revenir au drachme.

Un scénario que de nombreux analystes ont présenté comme une catastrophe sans précédent pour la Grèce. D’autres ont décrit de telles déclarations comme un chantage politique inacceptable.

La situation actuelle de la Grèce est une étape confirmant les pires craintes des « marchés ».

(tiré de Rebellion, traduction BR)

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