Édition du 17 décembre 2024

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Planète

« Catastrophes nucléaires de Fukushima : près de - Falsifications et défectuosités : N'acceptons pas »

tiré de : Coordination antinucléaire du sud-est (France)

Des polytechniciens jettent un pavé dans la marre du nucléaire et de l’AIEA : vous sous-estimez systématiquement les risques atomiques

Des polytechniciens viennent de jeter un pavé dans la marre du nucléaire et de l’Agence Internationale pour la promotion de l’Energie Atomique civile (AIEA) : selon l’étude de tous les incidents et accidents nucléaires la probabilité d’accidents nucléaires de grande ampleur est systématiquement et méthodologiquement sous-estimée par l’agence internationale et les entreprises du secteur atomique. Et l’échelle INES est caduque.

La méthode utilisée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour évaluer les dangers liés à l’atome n’est pas valide et les risques liés au nucléaire sont systématiquement sous-évalués. C’est ce que viennent de révéler des chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich/EPFZ (Suisse) et de l’Université du Sussex (Grande-Bretagne). Un pavé jeté dans la marre de ce qui structure le petit monde de l’atomisme depuis soixante ans et de son hégémonie sur les esprits et les pouvoirs politiques.

Dans leur étude conjointe parue dans les magazines scientifiques « Energy Research & Social Science » et « Risk Analysis » ils remettent en question la méthode d’évaluation utilisée par l’AIEA (la fameuse échelle INES) et révèlent que seule la moitié des "événements" nucléaires (incidents et accidents) sont recensés et rapportés dans l’échelle de l’INES.

Une échelle d’évaluation incomplète, imprécise et minorante, une méthodologie discutable

IAEA/Pour les chercheurs Spencer Wheatley, Didier Sornette et Benjamin Sovacool, l’échelle INES est loin d’être le maître-étalon scientifique et rationnel que l’AIEA et les différents organismes atomistes nationaux affirment à loisir. Et à laquelle médias et relais idéologiques souscrivent sans aucun questionnement.

Si c’est sur cette échelle de huit niveaux de gravité à vocation internationale que l’ampleur des " événements nucléaires" (incidents et accidents) est présentée : elle n’est, pour les polytechniciens et universitaires à l’origine de l’étude, que le reflet d’une vision techniciste et pas scientifique le moins du monde. Elle permet simplement de signaler un écart (0), une anomalie (1), un incident (2-3) ou un accident (4-7) d’une façon arbitraire sans intégrer de règles pour mesurer le nombre de victimes et de morts ou mêmes l’ampleur et la gravité des impacts des irradiations. L’être humain et le vivant n’existent pas réellement.

Les catastrophes nucléaires de Fukushima (2011) et de Tchernobyl (1986) qui ont été inscrites au niveau maximal de 7 sur cette "fausse" échelle en sont l’illustration. Elles devraient atteindre, compte-tenu des impacts sur la santé et la vie, un niveau 10 ou 11. Niveaux qui n’existent pas sur INES.

L’étude met en relief aussi que plus les incidents sont "petits", moins ils ont de chance d’être découverts, enregistrés et rapportés à l’organisme de régulation, aux médias et à la population. Si "rien qu’en France, les centrales nucléaires enregistrent entre 600 et 800 "petits" incidents ceux-ci ne sont pas systématiquement rapportés", bien qu’ils soient "importants pour la sécurité nucléaire" et représentent des risques toujours « très élevés » pour la société, écrivent les chercheurs. La probabilité d’accidents de grande ampleur relève donc de cette même faille originelle de sous-estimation par l’AIEA.

Une autre méthode d’évaluation des incidents et accidents nucléaires est devenue indispensable

Les auteurs comparent l’échelle de l’INES à celle de Mercalli qui mesurait la puissance des tremblements de terre. Elle a été remplacée depuis plus de 50 ans par celle de Richter.

Au vue de l’inintelligibilité scientifique de l’échelle INES, les chercheurs proposent donc une autre méthode de mesures et d’évaluation qui intègre le rapport conséquences/coûts des accidents atomiques. Et pour se faire d’élargir le types et le nombre de données collectées. L’échelle devrait ainsi être étendue et permettant d’inclure toutes les conséquences.

En effet, la prise en compte des coûts, directs et indirects, permettrait enfin d’avoir une vision juste et au plus près de la réalité. Ainsi inclure tous les effets négatifs, telles les pertes économiques, les destructions d’habitations, les dégâts à l’environnement et à la santé, les coûts d’assurance, ceux des évacuations, les impacts transgénérationnels, la perte de territoires vivables aurait une lisibilité par la société dans son ensemble. Une nouvelle échelle permettrait de définir de manière plus rigoureuse et transparente les données d’incidents et d’accidents. Sans pour autant cependant ... remettre en cause le nucléaire, ses atteintes permanentes à la santé par ses rejets quotidiens radioactifs et sa morbidité.

« Nous pensons que cette amélioration des données est très importante pour la juste compréhension du risque nucléaire », précisent les scientifiques qui, un peu naïfs - mais ils sont du sérail - pensent que le risque nucléaire, mieux compris, pourrait donc être réduit. Mais chacun sait que le nucléaire ne peu pas être sécurisé à 100%. Or il s’agit bien de cela : qui dans la société accepte que x personnes alentours et de ses proches soient sacrifiées sur l’autel de l’atomisme ?

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source : http://www.tdg.ch/suisse/risques-nucleaire-sousestimes/story/16369818

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