« Check ton verre ? Pardon ? Les femmes sont bien au courant ! Plusieurs sont terrifiées à l’idée de sortir après avoir été victimes d’intoxications involontaires au GHB. Pendant ce temps-là, on passe encore à côté du vrai problème : les personnes qui commettent des actes criminels en droguant les autres ! C’est quand qu’on va les checker eux ? », déclare Manon Massé, porte-parole de Québec solidaire qui estime que les protège-verres sont des outils intéressants, mais qu’ils ne règlent pas le problème à la source.
Dans les dernières semaines, la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques a été très active sur la question des intoxications involontaires au GHB dans l’espace public, au Parlement et sur ses réseaux sociaux. Elle a co-signé une lettre ouverte avec Sandrine Pelletier et d’autres victimes d’intoxication involontaire, posé une question au ministre de la Sécurité publique au Salon bleu, en plus de lui écrire un courriel précisément sur l’urgence d’une campagne qui ne viserait pas les victimes. C’est donc avec consternation qu’elle accueille la campagne Check ton verre qui vise les victimes plutôt que les criminels.
« Les témoignages se multiplient dans l’espace public et abondent tous dans le même sens : la drogue du viol ça concerne tout le monde. Alors pourquoi sortir seulement une campagne qui met encore toute la responsabilité sur les victimes ? C’est aberrant et insuffisant. Le ministre doit nous revenir avec des solutions plus pérennes », s’exclame Manon Massé, députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Le ministre Bonnardel rate la cible
Extrait d’un courriel de Manon Massé envoyé au ministre Bonnardel le 6 avril dernier : C’est un enjeu qui me tient à cœur, au cours des derniers mois j’ai été contactée par de nombreuses jeunes femmes sur les réseaux sociaux et j’ai pu lire beaucoup trop de témoignages de femmes qui pensaient qu’elles allaient vivre une soirée entre amies en toute sécurité alors que c’est tout le contraire qui s’est produit. (...) Elles m’ont parlé du besoin d’une campagne de sensibilisation, mais dont la sensibilisation vise les personnes qui mettent de la drogue dans les verres. Pas une campagne qui dit encore aux femmes de faire attention, elles en ont assez de se sentir blâmées, leur sentiment d’injustice est grand. Je suis d’accord, sensibilisons, mais l’ensemble de la population, et en visant particulièrement les personnes qui commettent ces actes en toute impunité.
Extrait de la lettre de plusieurs victimes co-signée par Manon Massé publiée dans Le Devoir le 20 mars dernier : Pourtant, quand je sors avec des filles, nous sommes toutes très prudentes, nous ne touchons pas à nos verres quand nous les avons perdus de vue, nous les couvrons constamment de notre main, nous nous tenons en groupe… Mais ce n’est pas assez. Ce n’est pas assez parce que, depuis des années, les femmes sont seules à porter le fardeau de leur propre sécurité.
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