Confronté à un système public de santé qui est littéralement en train d’imploser un peu partout au Québec, faute de financement adéquat et de ressources humaines en nombre suffisant, le ministre ne trouve rien de mieux que de blâmer les infirmières. En effet, sa seule défense devant leur épuisement général est de mettre la faute sur leurs épaules.
Quel culot ! C’est honteux, et cela démontre un énorme manque de respect comme l’illustrent nos membres infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes dans les régions de Laval, de la Côte-Nord, du Nord-du-Québec et de l’Est-du-Québec.
Un ministre complètement dépassé
Le plus révoltant dans cette histoire vient du fait qu’il a créé lui-même les conditions inacceptables dans lesquelles on se retrouve aujourd’hui. Il en est l’instigateur à travers les nombreuses coupes et compressions que son gouvernement a imposées au cours des dernières années et, aussi, par sa réforme destructrice qui est venue tout chambarder.
Faut-il se surprendre aujourd’hui que les postes affichés ne soient pas pourvus ?
Faut-il s’en surprendre alors qu’en 2018, une infirmière au Québec entre au travail sans jamais savoir quand elle en ressortira en raison des heures supplémentaires obligatoires ?
Faut-il s’en surprendre alors que de plus en plus d’infirmières lancent des SOS pour exprimer leur désarroi et leur impuissance devant la charge de travail inhumaine qui est exigée ?
Faut-il se surprendre quand trop d’infirmières retournent à la maison avec un sentiment de culpabilité faute d’avoir pu donner suffisamment de temps et de soins aux patients qui leur sont confiés ?
Une désorganisation nourrie par la réforme
Il n’y a que Gaétan Barrette pour s’en surprendre. Le docteur semble vivre dans un monde imaginaire, complètement déconnecté de la réalité. En effet, il est incapable d’admettre que les effets de sa réforme sont à des années-lumière de ce qu’il promettait le 25 septembre 2014 lors de sa présentation : « nous voulons briser les silos, qui sont souvent des obstacles dans le parcours de soins des patients, pour nous donner un réseau de santé et de services sociaux plus fonctionnel ».
Au contraire, nous assistons aujourd’hui à une désorganisation globale de notre réseau public de santé et de services sociaux. Fait inhabituel : Gaétan Barrette est désavoué unanimement par l’ensemble du réseau. De fait, ses politiques sont dénoncées autant par les travailleuses et travailleurs sur le terrain que par les gestionnaires et même par les retraitées et retraités. Il n’y a plus que le docteur Barrette pour croire que les choses progressent dans le bon sens.
Des solutions ignorées
Malgré son aveuglement, il a été obligé de reconnaître dans les dernières heures, dans une entrevue accordée à Radio-Canada, que le climat dans les établissements est « négatif actuellement ». Et comme il est incapable de reprendre la situation en main, comme cela a d’ailleurs été le cas pour les négociations avec les médecins spécialistes qui lui ont été retirées, Philippe Couillard se voit obligé d’intervenir à nouveau. Il demande maintenant aux syndicats des solutions pour régler la crise qui perdure.
Cela fait quatre ans que nous en proposons, mais malheureusement le ministre et son gouvernement s’entêtent à poursuivre une réforme miracle qui devait régler tous les problèmes alors qu’elle empire la situation.
Des conditions incontournables
Fondamentalement, Philippe Couillard et son ministre de la Santé et des Services sociaux devront reconnaître qu’ils sont allés beaucoup trop loin, qu’ils ont asphyxié financièrement le réseau et qu’ils ont contaminé gravement les conditions de travail des travailleuses et travailleurs de la santé.
Il faut mettre fin au sous-financement du réseau, stopper la réforme en cours et redonner des conditions de travail valorisantes au personnel. Le ministre Gaétan Barrette a fait suffisamment de dommages. Redonnons-nous un système public de santé digne de ce nom !
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