Pour répondre aux directives du gouvernement, plusieurs organismes ont dû réduire leurs heures d’ouverture, annuler certains services ou abaisser leur capacité d’accueil. Certains n’ont eu d’autre choix que de fermer temporairement, faute de personnel ou de bénévoles pour compenser l’absence d’employé.e.s qui doivent se placer en isolement. Ces mesures, contraignantes, bien que nécessaires, signifient que plusieurs personnes en situation d’itinérance ou à risque de l’être ont plus difficilement accès à des services pour répondre à leurs besoins de base, ce qui comprend l’accès à des installations sanitaires afin de respecter les consignes d’hygiène pour limiter la propagation du virus.
« Il faut souligner la grande solidarité du réseau communautaire, qui fait tout ce qui est possible pour demeurer présent auprès des communautés marginalisées parfois confrontés à d’autres enjeux de santé. Or, on ne peut affronter ces défis seul. » souligne Annie Savage, directrice par intérim du RAPSIM. La TOMS et le RAPSIM reconnaissent également les efforts déployés par le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et la Direction régionale de la santé publique de Montréal, qui travaillent à développer une trajectoire de services en itinérance. Ces deux regroupements entendent d’ailleurs poursuivre leur travail de collaboration avec ces instances.
Moins de services, plus de risques
Martin Pagé, directeur général de l’organisme Dopamine et impliqué comme administrateur au sein de la TOMS et du RAPSIM, insiste sur l’importance d’une coordination régionale et des mesures concrètes pour appuyer les organismes qui offrent des services aux membres des communautés stigmatisées afin d’éviter un mouvement de panique, voire de désinformation, dans le milieu communautaire. « Nous devons rester vigilants et mobilisés collectivement concernant les enjeux sociaux et de stigmatisation qui émergent et risquent d’émerger dans le contexte de cette pandémie de la COVID-19. »
Par ailleurs, la réduction des services dans les organismes communautaires signifient que davantage de personnes en situation d’itinérance doivent passer de plus longues heures dans les espaces publics. Jean-François Mary, directeur général de CACTUS Montréal, un organisme membre de la TOMS et du RAPSIM, constate déjà une recrudescence du contrôle policier à l’endroit des personnes marginalisées. « Nous nous attendons des autorités à ce qu’une plus grande tolérance soit observée dans les espaces publics de la part des policiers. Nous nous attendons aussi à ce que les personnes aient accès à des lieux appropriés pour qu’ils puissent vivre et maintenir leurs besoins de bases », a-t-il dit.
Souhaitons que ces attentes s’accompagnent rapidement de mesures concrètes, considérant que la plupart des organismes communautaires ne sont pas dotés d’espaces propices et adaptés à l’isolement. Dans ce contexte, donnons aux ressources les moyens de poursuivre l’accueil de toutes les personnes qui en ont besoin, et ce, en toute sécurité.
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