Montréal, le 16 avril - Lucy Francineth Granados est arrivée au Guatemala tard le 13 avril avec seulement ses vêtements sur elle, après une dernière matinée mouvementée au Canada. Afin d’éviter une cinquantaine de soutiens et ami.e.s de Lucy venu.e.s devant le Centre de prévention de l’Immigration de Laval former un blocus festif, les agents de l’ASFC ont coupé une clôture à l’arrière du Centre de détention vers 8h pour la faire sortir et pouvoir procéder à son expulsion à 9h15.
« C’était un kidnapping, ce qu’ils ont fait avec moi. Personne ne m’a vue partir. À l’aéroport, personne n’a vérifié mon passeport. C’était injuste », a déclaré Lucy, qui a été obligée de laisser tous ses bagages derrière elle.
« Lucy nous a dit qu’elle avait brièvement aperçu le sit-in avant que les fonctionnaires ne la fassent sortir subrepticement par l’arrière. Entourée d’agents de l’ASFC et de policiers qui criaient « vite, vite », Lucy a marché sous la neige jusqu’à un véhicule de l’ASFC qui attendait sur une route avoisinante. Escortée par plusieurs voitures, elle a été amenée à l’aéroport, conduite directement sur le tarmac et montée dans l’avion, qui a décollé 15 minutes plus tard », a déclaré William van Driel de Solidarité sans frontières.
« Lucy était accompagnée de deux agents de l’ASFC et d’un médecin durant son long voyage. La présence d’un médecin masque le fait que le gouvernement n’a pas respecté les recommandations de quatre médecins qui ont déconseillé que Lucy soit expulsée. Elle est arrivée vivante mais traumatisée et son bras était encore partiellement immobile et engourdi par une blessure infligée par l’ASFC lors de son arrestation trois semaines plus tôt. » a dit van Driel.
« La question que nous devons nous poser est la suivante : pourquoi le gouvernement a-t-il coupé une clôture pour la faire sortir en cachette, face à une contestation publique déterminée ? Étaient-ils si pressés de se débarrasser de cette mère célibataire pour faire taire une campagne qui a attiré l’attention du public sur les abus de l’ASFC ? Ou est-ce le symbole qu’elle représente comme une voix pour les droits des sans-papiers, un problème que le gouvernement Trudeau semble déterminé à ne pas régler ? » a ajouté van Driel.
« Nous demandons au ministre Goodale d’enquêter sur les abus et la violence de l’ASFC dans le cas de Lucy. Nous demandons également que le ministre de l’Immigration, Hussen, accepte immédiatement la demande de résidence pour motifs humanitaires de Lucy, afin qu’elle puisse retourner chez elle, parmi les siens, au Canada », a dit Viviana Medina, une organisatrice du Centre de travailleurs et travailleuses immigrant.e.s.
La demande de résidence permanente de Lucy pour motifs d’ordre humanitaire (CH) a été déposée en septembre 2017. Son dossier répond aux critères et si les ministres avaient simplement accepté de l’examiner avant de l’expulser, il aurait été accepté. Cependant, il est très inhabituel que les CH soient acceptées une fois la demanderesse expulsée. Si elle est acceptée, elle pourrait en principe revenir au Canada.
Lucy, mère célibataire et organisatrice communautaire pour les droits des femmes sans papiers et des travailleurs temporaires, a vécu à Montréal pendant neuf ans. Depuis son arrestation le 20 mars, Lucy a reçu un soutien important de partout au Canada. Ces mobilisations ont inclus des visites à des député.e.s dans l’ensemble du pays, des centaines d’appels téléphoniques et des courriels aux bureaux du ministre Hussen, des lettres, des articles, des rassemblements, des vigiles, un sit-in de huit jours en continu ainsi qu’une pétition qui a recueilli plus de 14 000 signatures.
Source :
Solidarité sans frontières
Le Centre de travailleurs immigrants
Un message, un commentaire ?