Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Environnement

Budget versus crises écologique et économique

La création de la richesse et sa distribution fait l’objet d’une partie des préoccupations de nos politiciens à la veille du dépôt du budget du Québec. Le discours ambiant étant qu’il faut créer plus de richesse pour pouvoir, à la fois en distribuer davantage aux démunis et investir des sommes plus substantielles dans la protection de l’environnement.

Au Québec, selon une étude approfondie de la période 1976-2006 par l’Institut de Recherche et d’Informations Socio-économiques (IRIS) 2010, la croissance de la richesse s’est concentrée entre les mains des plus riches au détriment du reste de la population. Quant à l’environnement, les budgets qui y sont consacrés stagnent autour de 210M$ et représentent à peine 0.3% du budget total de la province. Ainsi, nous pouvons mettre en doute les promesses des politiciens concernant une répartition « plus équitable » de la richesse et une amélioration de la protection de l’environnement induites par la croissance.

Le peu de budget consacré à la protection de l’environnement au Québec (210M$), comparé aux sommes colossales investies en publicité en grande partie pour stimuler la consommation, (1,457M$ en dépenses d’exploitation publicitaire en 2012 selon l’Institut de la Statistique du Québec), nous a propulsé dans une crise économique où l’endettement individuel atteint des sommets inégalés et où l’endettement de nos gouvernements semble hors de contrôle. L’autre conséquence majeure est l’émergence d’une crise écologique sans précédent se manifestant principalement par des bouleversements climatiques imminents et l’épuisement de certaines ressources comme les richesses halieutiques des océans.

La crise écologique sera beaucoup plus dévastatrice qu’une éventuelle crise économique. En effet, les conséquences environnementales peuvent être catastrophiques comme le rehaussement du niveau des océans, le réchauffement climatique et la disparition ou les migrations de certaines espèces animales, etc. Cette crise pourraient même devenir incontrôlables, particulièrement si le réchauffement planétaire dépasse le seuil critique de 2 degrés celsius comme l’affirme les spécialistes du Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD). Par contre, les adaptations aux problèmes financiers sont plus faciles, car nous en sommes davantage maîtres d’œuvre.

Les crises écologique et économique appréhendées compliquent les choix associés au prochain budget du gouvernement québécois. Ainsi, les problèmes environnementaux commandent une réduction de la consommation puisque environnement et consommation sont très liés. En effet, la production de tout nouveau bien matériel entraîne l’extraction de ressources naturelles, l’utilisation d’énergie et la production de déchets. Cette approche par la réduction de la consommation est loin de faire l’unanimité chez les économistes et les politiciens qui, pour la plupart, recommandent une augmentation de celle-ci.

La meilleure solution serait, à mon point de vue, d’adopter des mesures considérant les deux crises simultanément. Ainsi, on pourrait, entre autres, favoriser :
 le commerce dans le domaine peu ou non matériel comme les services, le savoir, les arts, le développement personnel et spirituel, les activités de plein air et de sport, etc.) ;
 les économies d’énergie dans la construction/rénovation en bonifiant les programmes RÉNOCLIMAT pour les bâtisses existantes et LEED pour les nouvelles constructions ;
 les transports durables comme les métros, les tramways, les autobus, l’auto partage, les taxis, la bicyclette et la marche ;
 les achats de produits locaux, usagers, recyclables, recyclés, biologiques et équitables ;
 les écotaxes sur le tabac, l’essence et autres produits énergétiques polluants, l’alcool, les sports motorisés, etc.) ;
 le « small is beautiful » s’appliquant en général mais particulièrement au niveau domiciliaire, des autos, des barde robes, des équipements de sport et de loisir, etc.
 les équipements collectifs (piscines, bibliothèques, gymnases, salles polyvalentes, etc.) ;
 la création, le soutien et le développement d’organismes communautaires, d’économie sociale, sans but lucratif, non gouvernementaux, etc..

Un budget québécois nous aidant à réduire notre empreinte écologique individuelle et collective, nous amènerait dans la bonne direction pour répondre aux deux crises susmentionnées et laisser un avenir viable à nos descendants.

Pour sa part, la simplicité volontaire, ce mode de vie qu’il nous faut envisager de toute nécessité, pourra aider, grâce à son expérience de la modération, à réaliser ces adaptations dans un état d’esprit positif et serein.

Pascal Grenier, simplicitaire
Québec, 418 651-5448

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