Politique en égalité
La politique gouvernementale Pour que l’égalité de droits devienne une égalité de fait vient à échéance en 2017. Bien qu’il fût initialement prévu d’en faire le bilan en commission parlementaire, le gouvernement soutient que son contenu et ses objectifs sont toujours pertinents. Il propose plutôt une actualisation de la politique. Il a donc produit un bilan minimaliste du plan d’action 2011-2015 et procédé à des consultations au processus discutable. En effet, nombre de groupes de femmes ont dû insister pour y être invités.
« Les crédits associés au plan d’action nous amènent à penser que cette actualisation est un prétexte pour charcuter le financement et les ambitions de cette politique », de préciser Blanche Paradis, coordonnatrice du Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec.
Cela viendrait également confirmer une tendance nettement perçue au cours des deux dernières années. « En témoignent les coupes majeures dans le programme À égalité pour décider (http://www.scf.gouv.qc.ca/index.php?id=32), dans les ententes spécifiques en condition féminine au niveau régional et dans l’enveloppe de reconnaissance des organismes spécialisés en développement de la main d’œuvre féminine, passée de 1,2 million $ à 500 000 $ l’an dernier », précise Nathalie Goulet du CIAFT.
« La lutte contre la violence et la pauvreté, l’éducation, la santé, semblent avoir été extraits de la politique en matière d’égalité », d’affirmer Lydia Assayag, du RQASF.
« Comment, dans ce contexte, le Secrétariat à la condition féminine (SCF) peut-il prétendre avoir la collaboration de l’ensemble du gouvernement pour que l’égalité de droit stipulée dans les textes devienne enfin l’égalité de fait pour toutes les femmes ? », de questionner Carole Mathieu de L’R des centres de femmes.
Pour Sylvie Lévesque de la FAFMRQ, « Il est clair que voulant gagner du temps, le gouvernement néglige ainsi les droits et l’égalité des chances de la moitié de la population. Nous demandons donc la tenue d’une réelle commission parlementaire en matière d’égalité ».
Politique en agressions sexuelles
Le plan d’action en matière d’agressions sexuelles est attendu depuis maintenant plus d’un an. « Rappelons le véritable raz-de-marée provoqué en décembre 2014 sur les réseaux sociaux par le mouvement #AgressionNonDénoncée, quant à la pandémie que représentent encore aujourd’hui les agressions sexuelles. À la suite de ce mouvement, nous attendions une action rapide qui ne vient pas. Aucun bilan officiel n’a été fait de la commission parlementaire en matière d’agressions sexuelles, tenue au printemps 2015 ! », de souligner Nathalie Duhamel, coordonnatrice au RQCALACS.
De plus, le deuxième plan en égalité devait déboucher sur un plan spécifique pour s’attaquer à l’exploitation sexuelle.
« Nous sommes inquiètes de l’impact réduit que la "Stratégie gouvernementale sur les violences sexuelles" annoncée pourrait avoir sur la lutte contre cette forme de violence envers les femmes. L’autre danger potentiel, c’est que les violences sexuelles héritent d’un budget en deçà de nos attentes. Nous en voulons pour preuve le 1,9 million $ annoncé pour accompagner cette stratégie cette année. Ce montant sera réparti, apparemment, entre divers ministères. Pendant ce temps, plusieurs organismes travaillant à contrer l’exploitation sexuelle ne reçoivent aucun financement récurrent. Pourtant, les besoins et le nombre de femmes victimes d’agressions et d’exploitation sexuelles ne cessent d’augmenter », avance Diane Matte de la CLES.
Analyse différenciée selon les sexes
L’analyse différenciée selon les sexes (ADS), outil essentiel de politiques justes et égalitaires entre les hommes et les femmes, est également remisée. Le SCF proposera un nouvel indice en remplacement.
« Cela va à l’encontre des nombreuses conventions internationales ratifiées par le pays, et donc applicables au Québec, imposant son utilisation. Les groupes qui travaillent au plus près des femmes s’opposent clairement à ce nivellement vers le bas », d’ajouter Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.
Le mandat, les ambitions et les moyens du SCF sont réduits comme peau de chagrin. Comment dans ce contexte, s’assurer que les besoins et réalités des femmes soient pris en compte ? « Pour nous, c’est un net recul et ceci aura des impacts directs sur les femmes du Québec », conclut Madame Sarazin.