Ainsi, la Fondation Rivières a constaté que la Société de l’énergie communautaire du lac Saint-Jean (SECLSJ) ne présente pas publiquement, sur son site web, les contrats de plus de 25 000 $ qu’elle a octroyés et qui totaliseraient une valeur de 2,6 M$. Il s’agit de contrats attribués vraisemblablement sans appel d’offres pour certains, sans que les règles municipales d’attribution soient respectées. La Fondation Rivières a transmis une plainte officielle au commissaire aux plaintes du ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire le 5 novembre 2014. Le dossier est sous enquête. La SECLSJ a déjà fait l’objet d’un blâme sévère le 26 avril 2013 pour des agissements similaires dans le dossier de Val-Jalbert.
La Fondation Rivières demande que toutes les dépenses effectuées à ce jour soient présentées, y compris tous les coûts d’acquisition de terrains, les dépenses pour tous les travaux de compensation requis suite à la destruction des milieux humides et les pertes d’habitat, les compensations aux entreprises récréotouristiques affectées par les changements du milieu, etc.
Cette plainte fait aussi état des données économiques trompeuses présentées par la SECLSJ qui fait ses calculs sur 25 ans au lieu de 20 ans. On sait qu’Hydro-Québec ne s’est aucunement engagé à définir un prix d’achat au-delà des 20 ans que dure le contrat initial, contrat pouvant par la suite être renouvelé.
« Quand verra-t-on enfin le jour où le gouvernement prendra des mesures pour assurer l’intégrité dans l’attribution des contrats et la saine gestion des fonds publics ? » questionne Geneviève Marquis, vice-présidente de la Fondation Rivières. « L’autorisation d’un règlement d’emprunt et les droits hydrauliques de cette rivière ne doivent pas être attribués à une organisation qui contourne la loi, fausse les informations présentées aux citoyens et cache les autres qu’elle n’ose présenter » ajoute-t-elle, tout en demandant au ministre des Affaires municipales Pierre Moreau qu’il s’assure que ses fonctionnaires fassent preuve d’efficacité dans le traitement des plaintes et qu’ils obligent la SECLSJ à rendre public sur son site internet tous les contrats de plus de 25 000 $, comme c’est exigé pour toute municipalité.
Les consommateurs paieront la note
Les audiences tenues le 20 janvier furent particulièrement instructives quant aux coûts que devront supporter les clients d’Hydro-Québec Distribution avec les projets d’approvisionnement en électricité. La représentante a d’Hydro-Québec a indiqué que celle-ci doit acheter en priorité, suite à un récent décret gouvernemental, l’électricité provenant de promoteurs. Elle n’a pas à acheter l’électricité de tout le bloc patrimonial.
On estime ainsi qu’Hydro-Québec Distribution paiera 8,9 cents / kWh en 2017, au lieu d’acheter de l’électricité patrimoniale estimée à 2,9 cents / kWh. La différence de 6,0 cents / kWh sera refilée aux consommateurs tant que dureront les surplus. Cette facture représente une perte de 5 328 000 $ pour la première année, ensuite indexée annuellement à un taux de 2,5 % pour les 88,8 GWh d’électricité produite prévus.
Jeux de mots et de réalités
À une question d’un citoyen demandant au représentant de la SECLSJ s’il ne considérait pas que l’argent reçu d’Hydro-Québec ne constituait pas une « subvention », Denis Taillon a plutôt esquivé la manœuvre pour dire qu’il recevait plutôt un « chèque ». La représentante d’Hydro-Québec a également contribué au jeu de sémantique en mentionnant que l’on ne parle pas de « surplus » mais plutôt de « disponibilités additionnelles ». Un citoyen a résumé simplement les enjeux économiques en mentionnant que le projet de 75 M$ ne créerait que 346 emplois-années, soit un coût d’environ 215 000 $ par emploi créé. Le représentant de la SECLS a ajouté que les profits générés seraient dépensés par les « partenaires » à leur convenance, selon les priorités du milieu. Aucun bilan de telles retombées n’a été réalisé par Hydro-Québec, dans aucun projet, a-t-on appris suite à une question de la commissaire Corinne Gendron.
Les poissons passeront au hachoir
L’ingénieur et directeur général de la SECLSJ Marc Morin a pour sa part expliqué le comportement qu’adopteront les poissons lorsqu’ils se présenteront dans le canal d’amenée dirigeant les eaux de la rivière vers les turbines. Or, il faut une grille « fine » pour empêcher les poissons d’atteindre la turbine et cette option est écartée car elle aurait coûté plus cher, a-t-il mentionné. M. Morin n’a pas donné d’idée de l’ordre de grandeur du montant en jeu. Il a indiqué que le taux de mortalité des poissons varie jusqu’à atteindre 25 % lorsque les poissons passent à travers une turbine.
Les documents cités sont disponibles sur le site de la Fondation Rivières au www.fondationrivieres.org
La Fondation Rivières est un organisme à but non lucratif dont la mission est d’œuvrer à la préservation, la restauration et la mise en valeur du caractère naturel des rivières - tout autant que de la qualité de l’eau.