Tiré de Courrier international.
“Enfin, un Labor Day où les travailleurs peuvent célébrer leur force”, titre le chroniqueur du Washington Post E. J. Dionne, ce 4 septembre.
“Les salariés et leurs mobilisations sont redevenus cool”, écrit ce journaliste de gauche. Selon un sondage de l’institut Gallup, 67 % de la population a une image positive des syndicats, un chiffre bien au-dessus des 48 % de 2009, quoique en légère baisse par rapport aux 71 % atteints l’an dernier, le maximum depuis 1965. “Les jeunes Américains sont la génération la plus favorable aux syndicats dans le pays”, ajoute le chroniqueur.
Ce changement de regard se traduit encore peu dans les chiffres d’adhésion. “Même si le nombre de syndiqués a recommencé à augmenter, le taux de syndicalisation reste scotché autour de 10 %”, contre 20 % au début des années 1980.
Une politique qui change la donne
“Mais il y a tant d’autres signes que le long déclin du syndicalisme est derrière nous”, poursuit The Washington Post, citant “des tentatives très visibles d’implantation des syndicats dans de nouveaux secteurs économiques, une large sympathie pour la lutte des scénaristes [et des acteurs] à Hollywood et de fortes hausses de salaire octroyées aux travailleurs, de plus en plus prêts à se mettre en grève pour les obtenir”.
Sans compter l’action du président Joe Biden, “le plus ouvertement favorable aux syndicats depuis Franklin D. Roosevelt [1933-1945] et Harry S. Truman [1945-1953]” : “Le travail de son administration, souvent passé sous les radars, ouvre la voie à une nouvelle ère de mobilisation”, écrit le chroniqueur.
Il évoque deux récentes décisions du National Labor Relations Board (NLRB), un organe fédéral chargé de faire appliquer le droit du travail et de superviser les élections syndicales, qui a été “transformé par les nominations de Biden”. En empêchant les employeurs de faire obstacle à la syndicalisation par des manœuvres illégales ou dilatoires (très courantes), ces décisions “ont concrètement pour effet de rendre de nouveau possible la mobilisation syndicale”, juge le très progressiste magazine The American Prospect.
Une grosse vague de grèves
Après trois années de calme relatif, à la suite de la pandémie, l’été 2023 a vu une importante vague de grèves. Le nombre de grévistes cette année pourrait même bientôt dépasser 400 000, comme en 2018 et 2019, une barre qui n’était plus franchie depuis le début des années 1990, explique The New York Times. Une nouvelle grande mobilisation se profile en effet, cette fois dans l’industrie automobile. Le syndicat United Auto Workers a voté pour autoriser une grève d’environ 150 000 membres d’ici au 14 septembre.
Ce mouvement, “qui semble de plus en plus probable”, mettrait le président Biden dans une position délicate, selon The Boston Globe. D’abord parce qu’il pourrait avoir de vraies répercussions économiques. Ensuite parce que les syndiqués s’inquiètent notamment des effets de la transition vers le véhicule électrique, qui créerait des emplois moins bien payés et non syndiqués. Une transition largement soutenue par Biden lui-même.
Le président va donc devoir jouer les équilibristes et donner des gages, souligne le journal, s’il veut garder sa réputation d’“Union Joe” auprès des salariés.
Courrier international
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