Édition du 5 novembre 2024

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Asie/Proche-Orient

Attaques israéliennes et cessez-le-feu palestinien

Alors qu’Israël et les factions palestiniennes de la bande de Gaza seraient tombés d’accord, le mardi 13 mars à 1h00 sur un cessez-le-feu après quatre jours de « violences transfrontalières », nous nous entretenons [Amy Goodman, animatrice du réseau câblé Democracy Now !], avec Ali Abunimah, cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada [1] et auteur de l’ouvrage One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse (Metropolitan Books, 2006). Un peu plus tôt dans la journée, un responsable égyptien a déclaré que les deux côtés s’étaient engagés à stopper les attaques actuelles et à installer une « trêve mutuelle et globale ».

Les dernières frappes d’Israël sur Gaza ont tué au moins 25 Palestiniennes et Palestiniens. Au moins 80 Palestiniens ont également été blessés, la plupart sont des civils. Au moins quatre Israéliens dans les villes frontalières ont été blessés par des roquettes tirées par des militants palestiniens de Gaza. Les attaques à la roquette ont commencé après une frappe aérienne d’Israël qui avait tué Zuhair al-Qaisi, le chef des Comités de Résistance Populaire, vendredi dernier [9 mars]. La plupart des victimes palestiniennes ont été tuées le samedi, ce qui fait de cette attaque d’Israël sur Gaza la plus meurtrière en un jour depuis celles de décembre 2008 et de janvier 2009.

Alors, 1 400 Palestiniennes et Palestiniens avaient été tués, en grande partie des civils. « Les autorités israéliennes présentent cela comme si leurs forces armées attaquaient des terroristes sur le point de commettre une attaque de ce type, voilà ce qu’ils prétendent toujours, dit Abunimah. Mais en réalité, presque toutes les fois, elles attaquent les gens dans leurs maisons, dans leurs voitures ou ceux qui marchent simplement dans la rue. » (Introduction de Democracy Now !)

Amy Goodman : Israël a lancé ces dernières attaques sur Gaza juste après que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou soit de retour d’une visite importante aux États-Unis lors de laquelle il n’a pas obtenu le soutient du président Obama pour une action militaire contre l’Iran.

Pouvez-vous nous parler de ce qui vient d’être rapporté comme une trêve négociée grâce à l’intervention de l’Égypte et de ce qui s’est passé pendant ces quatre derniers jours ?

Ali Abunimah : Je pense qu’il est très important de souligner que cette escalade de la violence a débuté vendredi avec une exécution extrajudiciaire de Zuhair al-Qaisi et de plusieurs autres personnes par Israël. C’est important parce que, vous le savez, Israël présente cela comme s’il attaquait des terroristes sur le point de commettre attaque terroriste. Voilà ce qu’ils prétendent toujours. Mais en réalité, presque toutes les fois, ils attaquent les gens dans leurs maisons, dans leurs voitures ou lorsqu’ils marchent dans la rue. Il y a eu des centaines d’exécutions extrajudiciaires comme celles-là ces dernières années. Ces actes se résument essentiellement à viser des Palestiniens qu’Israël n’aime pas et qui sont condamnés à mort en secret et en leur absence, puis exécuté·e·s dans les rues de la bande de Gaza et parfois en Cisjordanie. C’est ce qui s’est passé vendredi.

Comme l’avaient prédit de nombreux militaires israéliens, les groupes de résistance à Gaza ont tiré des roquettes sur Israël en représailles. Personne n’a été tué par ces roquettes. Et remarquez que le Hamas n’a pas participé à ces frappes parce que, et cela ne plaît pas à Israël, le Hamas s’éloigne de plus en plus de la lutte armée. Donc, ce qui s’est passé, typiquement, c’est que les frappes de représailles, les roquettes lancées de Gaza, deviennent par la suite le motif employé par Israël dans une sorte d’auto-justification pour se lancer dans une escalade et amplifier les bombardements sur Gaza. C’est exactement ce qui s’est passé ce week-end avec un coût terrible, terrible pour les populations. Malheureusement, cette tendance s’est répétée à de nombreuses reprises. A chaque fois qu’il y a une réduction substantielle de la violence ou un cessez-le-feu auquel les groupes Palestiniens adhèrent largement, Israël revient avec un prétexte ou des attaques pour violer l’accord. Cela s’est passé tellement souvent que cette tendance est claire.

Amy Goodman : Lundi, la Secrétaire d’État [ministre des Affaires étrangères] Hillary Clinton a affirmé : « Permettez moi aussi de condamner dans les termes les plus forts les tirs de roquettes depuis Gaza sur le sud d’Israël et qui ont continué pendant le week-end. Nous appelons les responsables à agir immédiatement pour stopper ces attaques. Nous en appelons aux deux parties, toutes les parties, de faire tous les efforts pour restaurer le calme. »

Ali Abunimah, quelle est votre réponse ?

Ali Abunimah : Et bien, la politique du gouvernement états-unien s’inscrit complètement dans l’orientation et le message de propagande d’Israël selon lequel les Palestiniens sont toujours les responsables et qu’ils sont toujours à l’origine de tout cela, alors qu’en fait, les factions palestiniennes adhéraient largement au cessez-le-feu et disciplinaient tous les petits groupes palestiniens qui l’avaient violé. Mais le message des Etats-Unis et de la propagande d’Israël fait toujours allusion aux tirs massifs de roquettes depuis la bande de Gaza sur Israël. Quels sont les faits ? En 2011, 108 Palestiniens – 15 enfants et un grand nombre de civils – ont été tués. Plusieurs centaines ont été blessés par des tirs constants de missiles venant d’Israël et s’abattant sur la bande de Gaza. Voilà les faits dont personne ne parle.

Amy Goodman : En effet, le Secrétaire d’État a déclaré : « Maintenant, les Etats-Unis croient fermement dans la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les États membre, mais nous ne croyons pas que la souveraineté demande que ce conseil reste silencieux lorsque des gouvernements massacrent leur propre peuple, et ce faisant, menacent la paix et la sécurité régionales. Et nous rejetons toute équivalence entre les meurtres prémédités perpétrés par une machine militaire gouvernementale et les actions de civils assiégés, conduits à se défendre eux-mêmes. »

Quelle est votre réponse à ce propos d’Hillary Clinton ?

Ali Abunimah : Je veux dire, c’est incroyable d’entendre ces mots – bien sûr, elle se référait à la Syrie – et ensuite d’examiner la situation en Palestine où Israël perpètre des meurtres prémédités, des exécutions extrajudiciaires, ce sont des crimes de guerre selon la loi internationale. Israël utilise ces opérations comme prétexte ; puis utilisent riposte à cela comme un autre prétexte afin de mettre en œuvre des bombardements de grande ampleur sur les zones civiles de la bande de Gaza.

Je veux donc poser la question suivante à Hillary Clinton – j’aimerais tant qu’il y ait de vrais journalistes qui assisteraient à ses briefings quotidiens du Département d’état pour demander : « Regardez, est ce que les Palestiniens ont un droit à se défendre ? Après 63 années de dépossession, d’occupation, de siège, est-ce que les Palestiniens peuvent un jour être considérés comme des civils assiégés conduits à se défendre eux-mêmes ? Et si oui, qu’ont-ils droit de faire ? S’il vous plaît, dites-le nous, car il semble que lorsque les Palestiniens respectent les cessez-le-feu, comme le monde entier le réclame, ils sont attaqués. Quand ils s’engagent dans des actions de protestation à la Gandhi, ils sont attaqués. »

Hana al-Shalabi, une femme prisonnière, en est à son 27ème jour de grève de la faim dans la prison d’HaSharon, alors qu’elle est détenue sans qu’aucune charge portée contre elle et qu’elle ne soit pas passée en jugement en Israël, de même que des centaines de ces soi-disant détenus administratifs. Presque chaque jour, Hillary Clinton fait des discours sur les femmes et les droits des femmes. Qu’a-t-elle à dire des droits de Hana al-Shalabi et de sa famille ?

Amy Goodman : Dernière question. Il ne nous reste que 30 secondes. Ali, vous êtes allé parler à Harvard deux week-ends plus tôt à la Kennedy School. Vous êtes l’auteur de One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse et c’était de cela dont il s’agissait, la solution des deux États contre la solution d’un seul État. Mais dans une large mesure, la controverse a eu lieu avant que ne débute la conférence, bien que finalement elle ait eu lieu. Pouvez-vous juste, brièvement, nous expliquer ce qui s’est passé, et pourquoi on n’a pas eu de vidéo de l’événement ?

Ali Abunimah : Il y a des vidéos. Il n’y a pas eu de vidéo officielle, et je ne sais pas pourquoi les organisateurs ne l’ont pas fait. Mais certains des orateurs principaux peuvent être vus sur le site de The Electronic Intifada [1]. Mais il y a eu un tollé énorme provoqué par des groupes sionistes aux États-Unis. Le sénateur Scott Brown, un républicain du Massachusetts, a demandé effectivement à Harvard d’annuler la conférence.

Il s’agit donc de vraies attaques contre la liberté d’expression et contre la liberté académique, menées par des hommes politiques des États-Unis et d’importants groupes pro-sionistes dans ce pays.

Mais, ils craignent précisément le débat sur les droits égaux et une sur une « solution juste » en Palestine. C’est cela qu’ils voulaient empêcher. La conférence a été toutefois un succès important. Des centaines de gens y ont assisté. C’était complet. Des gens ont été refusés à l’entrée. Je crois que c’est très bien que ce débat arrive à percer au grand jour. Ils n’ont pas réussi à l’empêcher. (Traduction A l’Encontre)

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