Montréal, 18 mars 2020 - Dans la foulée des mesures mises en place afin de contenir la propagation du COVID-19, le gouvernement fédéral a annoncé le 17 mars dernier qu’il suspendait temporairement l’expulsion des personnes migrantes sans statut. Bien qu’il s’agisse d’un pas dans la bonne direction, une suspension temporaire est loin d’être suffisante. Nous demandons l’amnistie générale pour toutes les personnes sans statut qui se trouvent actuellement sur le territoire canadien.
La détention, l’exclusion et l’expulsion des personnes sans statut de citoyenneté sont des mesures racistes et coloniales. La crise que nous vivons actuellement ne fait qu’exacerber les injustices créées par le système d’immigration et fragilise encore plus nos proches présentement incarcérés dans les centres de détentions pour migrants. Les personnes détenues par le système d’immigration, comme les personnes incarcérées dans les prisons partout au Canada, sont particulièrement vulnérables à la pandémie.
De plus, les personnes dont le statut d’immigration est précaire hésitent à se prévaloir des tests de dépistage ou des traitements, car elles craignent pour leur sécurité. Les travailleurs et travailleuses migrant.e.s dont le statut est précaire n’ont pas non plus accès aux congés de maladie payés ni aux mesures de soutien financier.
Solidarité Sans Frontières demande donc au gouvernement fédéral d’instaurer une amnistie générale pour toutes les personnes sans statut de citoyenneté se trouvant présentement sur le territoire canadien.
Plus particulièrement :
1.Les déportations, déjà injustifiées en temps normal, pourraient maintenant contribuer à la propagation du COVID-19. En plus de les arracher à leur famille et à leurs communautés, elles sont motivées par une logique raciste selon laquelle les personnes migrantes originaires du Sud ne sont rien de plus qu’une main d’oeuvre interchangeable. Nous demandons un moratoire permanent sur toutes les déportations.
1.La détention dans des espaces clos et restreints pendant une pandémie est un acte cruel et irresponsable. Nous demandons la libération immédiate de toutes les personnes présentement incarcérées dans les centres de détention pour migrants. Nous demandons aussi au gouvernement fédéral d’offrir un logement sécuritaire à toutes personnes qui ne pourraient se loger chez des proches au Canada.
1.Les rencontres obligatoires avec des agents de l’immigration ne font que multiplier les risques de contagions. Nous demandons de mettre fin à toutes les procédures de suivis obligatoires qui forcent les personnes à statut précaire à quitter leur logement pour se rendre aux bureaux de l’immigration.
1.La confusion et l’inquiétude occasionnées par le manque de transparence des directives d’identification dans les cliniques désignées COVID-19 pourraient conduire certaines personnes à ne pas se faire tester. De plus, les personnes migrantes qui travaillent dans des conditions précaires n’ont pas droit aux congés payés ni aux mesures de remplacement de salaire. C’est pourquoi nous appuyons les demandes du Migrant Rights Network afin 1) qu’il ne soit plus obligatoire de présenter une carte d’assurance maladie (par exemple, RAMQ) et que cette décision soit communiquée à tous les centres désignés ; 2) que toute personne qui se présenterait sans pièces d’identité ne soit pas dénoncée aux autorités (SPVM, ASFC, entre autres) ; 3) que toute personne, peu importe son statut d’immigration, ait accès aux mesures de sécurité et de santé, aux congés payés, à l’assurance emploi, à l’assistance sociale et aux mesures de soutien financier.
1.Finalement, nous nous opposons à la fermeture des frontières canadiennes et à la suspension du traitement des demandes d’asile, des mesures motivées par une logique xénophobe. L’Organisation mondiale de la santé a clairement affirmé que de telles mesures s’avèrent inefficaces pour contenir la propagation du COVID-19. Il s’agit d’une réponse inappropriée à une crise mondiale. Nous demandons que les frontières demeurent ouvertes aux personnes migrantes. Les individus qui traversent la frontière de façon irrégulière doivent avoir accès aux mêmes droits et services que toutes les personnes qui se trouvent sur le territoire canadien, ce qui inclut l’accès au test de dépistage et à un logement sécuritaire et en bon état.
À Solidarité Sans Frontières, nous croyons que la migration est un droit, que toute personne a le droit de résister aux déplacements forcés et de retourner dans son pays d’origine lorsqu’elle le désire. Une fois de plus, nous demandons que la pleine citoyenneté soit accordée à toutes les personnes migrantes se trouvant présentement dans l’État canadien, et qu’une assistance soit offerte à l’échelle mondiale, au-delà des frontières coloniales.
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