Tiré de El-Watan.
Le Conseil d’Etat a ordonné jeudi 20 janvier la suspension temporaire du Parti socialiste des travailleurs (PST), d’après un communiqué signé par son secrétaire général, Mahmoud Rechidi. Menacé lui aussi de dissolution, l’Union pour le changement et le progrès (UCP) de Zoubida Assoul, n’a pas finalement subi le même sort. « Le Conseil d’Etat a débouté le ministère de l’Intérieur par rapport à son action en référé contre l’UCP », a indiqué la présidente du parti.
La suspension du PST intervient dans un contexte marqué par la multiplication d’« actions » ciblant les partis et associations de l’opposition. « C’est une décision politique qui constitue un grave précédent et une intolérable atteinte au multipartisme et aux libertés démocratiques en Algérie », a déclaré le PST par la voix de son SG, avant d’ajouter : « Notre combat au sein des travailleurs et au sein de notre peuple pour les libertés et la justice sociale continue ».
L’UCP a également exprimé sa solidarité envers ce parti. « Notre solidarité indéfectible avec la direction et militants du PST suite à la décision du Conseil d’Etat de suspendre temporairement ses activités », a indiqué Zoubida Assoul. Bien entendu, plusieurs partis politiques de l’opposition ont également réagi.
« C’est une décision politique qui constitue un précédent grave, une atteinte aux libertés démocratiques et au multipartisme », a déclaré de son côté le Parti des travailleurs (PT).
Allant dans le même sens, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a estimé dans le communiqué sanctionnant les travaux de la réunion ordinaire de son secrétariat national que « la décision du Conseil d’Etat de suspendre les activités du PST et la fermeture de ses locaux n’est autre qu’une remise en cause du pluralisme et de l’exercice politiques, des acquis chèrement arrachés ».
Et si l’opposition évoque une volonté de remise en cause du « pluralisme politique » c’est parce que la suspension du PST a été précédée par d’autres décisions ou mesures qui sont considérés comme des « atteintes » au libre exercice politique.
D’ailleurs, dans le même communiqué, le RCD évoque également « la condamnation de Fethi Ghares coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS), à 2 années de prison ferme » et « l’acharnement administratif et judiciaire qui cible le RCD et son président, Mohcine Belabbas ».
Le RCD, faut-il le rappeler, avait indiqué, le 8 janvier dernier, qu’il avait reçu une « mise en demeure » du ministère de l’Intérieur dans laquelle il est reproché au parti de « continuer à utiliser son siège, sans autorisation administrative, pour organiser des réunions de personnes et d’organisations non agréées et non déclarées, comme cela a été le cas de la réunion du 24 décembre 2021 ».
Ce n’est pas la première fois que cette formation politique reçoit un avertissement de la part des autorités. En juin 2020, elle avait reçu une mise en demeure dans laquelle est évoqué « l’atteinte aux spécificités et symboles de l’Etat, permission à une organisation illégale tendant à porter atteinte à l’unité nationale de faire des déclarations tendancieuses lors d’une réunion publique autorisée au Parti, exploitation du siège du parti pour la tenue de réunions par une organisation non agréée ». C’est principalement le fait d’abriter les réunions des Forces du Pacte pour l’alternative démocratique (PAD) qui est reproché au RCD.
Par ailleurs, le tribunal administratif d’Alger avait prononcé, le 13 octobre 2021, la dissolution de l’association RAJ, suite à une plainte du ministère de l’Intérieur, et ce, après 28 ans d’existence.
C’est pour cela que la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), par le biais de son vice-président, Saïd Salhi, et « tout en exprimant sa solidarité avec les militants du PST », dénonce une « nouvelle vague d’escalade de la répression contre les acquis démocratiques et les droits fondamentaux des Algériennes et Algériens, payés par de hautes luttes et aux prix des sacrifices ultimes » et note « la régression dangereuse en matière de droits humains ».
« Son seul tort est d’avoir pris parti en faveur du hirak, des luttes sociales et des travailleurs, du changement démocratique et pacifique », a ajouté la Ligue. En somme, il faut dire que le point commun entre les partis et associations qui sont ciblés par le ministère de l’Intérieur est leur soutien au hirak, d’un côté, et la contestation du processus politique mis en œuvre depuis, de l’autre.
Abdelghani Aïchoune
Un message, un commentaire ?