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Arts culture et société

Al Khadra : « personne ne m’a appris à être poète »

Nous publions la traduction d’un poème d’Al Khadra, référence de la poésie sahraouie en défense de l’autodétermination

Tiré de Entre les lignes et les mots

Publié le 19 novembre 2021
Tableau de Georgia O’Keefe

En octobre de cette année, des femmes du Sahara occidental et du monde entier ont fait leurs adieux à la poète Al Khadra Mabruk. Née en 1938, Khadra a créé des poèmes qui ont traversé les décennies de luttes anticoloniales au Sahara occidental. Depuis 1975, le peuple sahraoui résiste aux multiples violences de l’occupation marocaine sur son territoire. L’Union Nationale des Femmes Sahraouies (Unión Nacional de Mujeres Saharauis – UNMS) a écrit, le 14 dernier, que « la culture sahraouie est en deuil. (…) Nous n’oublierons jamais sa contribution pour garder vivante la marque de la femme sahraouie dans la poésie ».

En novembre, le Front Polisario a déclaré la guerre au Maroc, en réponse à la violation Marocaine du cessez-le-feu, à la criminalisation des combattants et combattantes à la militarisation de la vie. Cette nouvelle réalité de lutte acharnée se traduit par un quotidien marqué par des attaques violentes fréquentes et de grande ampleur et des crimes de guerre de la part de l’armée Marocaine.

La poésie d’Al Khadra a été reconnue pour avoir formulé des images de résistance et ainsi unir art et politique dans un contexte dans lequel vivre, c’est déjà se positionner. Al Khadra a eu une histoire guidée par le désir de libération et d’autodétermination du peuple sahraoui et a dénoncé la violence des forces coloniales. « Mon rêve est de voir mon peuple vivre avec l’indépendance. Une vie sans sa propre terre n’est pas une vie », a-t-elle déclaré dans le documentaire Al Khadra : Poète du Désert [Al Khadra : Poet of the Desert], de Noe Mendelle (disponible avec sous-titres en anglais).

«  Personne ne m’a appris à être poète. Personne ne m’a dit ‘c’est comme ça que tu fais’. La poésie est une libération de l’âme.  »

Ses vers ont été créés oralement, puis écrits par des amis ou des membres de la famille. Sa petite-fille, la chanteuse Aziza Brahim, était l’une de celles qui remplissaient ce rôle de complicité et de confiance. Son premier album, Mabrouk, c’est un hommage à la grand-mère et à l’histoire de son peuple.

«  Les femmes sahraouies ont tout fait pour la révolution. Il n’y a rien qu’elles n’aient pas fait. Quel que soit le travail des hommes, les femmes ont pris le relais et l’ont fait. »

Je suis montée dans un char
à l’ombre d’un arbre,
les révolutionnaires ont souri,
les Marocains ont craint.

Le char a apporté des armes à mon peuple,
il a glissé,
conscient du sens de la lutte,
avançant, défendant et attaquant.

À l’intérieur, une armée courageuse
qui sait
manipuler des armes
dans sa terre occupée.

Humilié, il a combattu
l’ennemi sans pitié
pour réduire ses armes
et son but en poussière.

Écrit par Helena Zelic

Traduit du portugais par : Andréia Manfrin Alves

https://capiremov.org/fr/culture-fr/al-khadra-personne-ne-ma-appris-a-etre-poete/

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