Édition du 17 décembre 2024

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Asie

Afghanistan : Le mirage du retrait

Aujourd’hui, alors que le limogeage, il y a un mois, du général MacChrystal commandant les troupes de l’Otan, renforce doutes et interrogations, la conférence de Kaboul voudrait laisser croire que l’enlisement dans le bourbier de la guerre peut être évité.

La conférence internationale réunissant plus de 70 pays engagés dans l’aide au régime Karzaï qui s’est tenue à Kaboul les 19 et 20 juillet a donné « son soutien à l’objectif du président d’Afghanistan selon lequel les forces armées nationales afghanes doivent mener et conduire les opérations militaires dans toutes les provinces d’ici à la fin 2014 ».

En clair, cela signifie le départ des 140 000 soldats de l’Otan qui occupent le pays. Quelle crédibilité accorder à ces nouvelles déclarations d’intention ? Obama avait déjà promis, au lendemain de son élection, que le retrait des troupes commencerait mi-2011. Il s’agissait alors de faire accepter par l’opinion américaine l’envoi de renforts militaires.

Aujourd’hui, alors que le limogeage, il y a un mois, du général MacChrystal commandant les troupes de l’Otan, renforce doutes et interrogations, la conférence de Kaboul voudrait laisser croire que l’enlisement dans le bourbier de la guerre peut être évité. Il faut rassurer l’opinion américaine et celle des autres pays de l’Otan de plus en plus hostiles à une guerre qui dure depuis dix ans, coûte de plus en plus cher et dont les prétendus objectifs démocratiques apparaissent clairement comme des mensonges. 


Le soutien à Karzaï, ne suffit pas à donner influence et autorité à l’élu de la fraude et de la corruption, ainsi qu’à sa politique de main tendue aux talibans. Et les 125 millions de dollars d’aide octroyés par le FMI continueront d’alimenter la corruption. Le régime de Karzaï ne tient que grâce à elle. La politique vis-à-vis des talibans est un fiasco. L’offensive militaire dans le sud du pays n’a en rien stabilisé la situation.

Les derniers mois ont vu les attentats et actions militaires des talibans augmenter. Le déploiement des renforts a accentué l’instabilité du pays mais aussi de toute la région en particulier du Pakistan, une dégradation globale que viennent confirmer les informations divulguées sur le site américain Wikileaks.
La politique visant à mettre en place un État à la fois soumis aux USA et capable de maintenir l’ordre est un échec. Sauf à accepter une défaite qui ressemblerait à une déroute, les USA n’auront probablement pas d’autre choix que de maintenir l’occupation.

D’autant qu’en juin, les autorités américaines ont confirmé les énormes richesses minières du pays, en particulier, en fer, cuivre, or, lithium… Objectif stratégique, l’Afghanistan devient aussi un objectif économique dont l’exploitation par les multinationales occidentales exigera le maintien de l’ordre impérialiste. 
« Cette date est le début d’une nouvelle phase, pas la fin de notre implication », a déclaré Hilary Clinton. On peut la croire. Les déclarations d’intentions sur le retrait des troupes d’occupation ne sont pas plus crédibles que les justifications dites démocratiques de la guerre n’exprimaient les objectifs réels des grandes puissances. Derrière les opérations diplomatiques et la propagande officielle se négocient les véritables rapports de forces en fonction des intérêts des grandes puissances.

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