L’itinérance parfois invisible, mais bien réelle !
À travers le Québec, c’est sous le thème L’itinérance parfois invisible, mais bien réelle ! que se déroule la nuit des sans-abri. S’il est plus souvent question de l’itinérance visible, cette thématique met en lumière l’itinérance cachée qui se déploie différemment, mais qui est tout aussi réelle (occuper le divan/le plancher/le cabanon d’un.e proche, dormir dans sa voiture, marcher ou siroter un café dans un resto toute la nuit faute d’avoir un endroit où aller, etc.).
Certainement, la pandémie et la crise du logement ont mis encore plus de personnes à la rue. Mais il est important de réaliser que l’augmentation marquée de l’itinérance visible à Montréal est également due au fait que bon nombre de personnes qui vivaient de l’itinérance cachée sont maintenant visibles. Le confinement a fermé plusieurs lieux où les personnes pouvaient passer la nuit pour se réchauffer, rendu les divans des proches inaccessibles, etc.
Double crise, double précarisation
Avec les deux crises que nous traversons, les conditions de vie déjà dures et précaires de plusieurs personnes à risque ou en situation d’itinérance se sont aggravées : perte de logement, baisse de revenu et augmentation du coût de la vie, augmentation de l’isolement, bris dans les suivis en santé mentale à cause de la fracture numérique, etc. Parallèlement, une augmentation de la détresse psychologique et des surdoses est constatée par les organismes communautaires. La situation actuelle est sombre, mais nous ne pouvons être surpris. La situation est amplifiée et empirée par plusieurs années de sous-financement en logement, en santé et services sociaux, en solidarité sociale (aide sociale) et des organismes communautaires.
Dans un tel contexte, une approche globale dans les réponses pour prévenir et lutter contre l’itinérance est aussi pertinente qu’essentielle. À cet effet, il est nécessaire de saluer le travail remarquable des centaines d’organismes de partout à Montréal, qui accompagnent les personnes en situation d’itinérance : ressources d’hébergement, centres de jour et de soir, logements sociaux avec soutien communautaire, ressources actives en travail de rue et de milieu, en santé mentale, en toxicomanie, en insertion socioprofessionnelle ou en aide alimentaire.
Les élu. e. s de tous les paliers doivent agir rapidement et avec sérieux.
L’expertise des organismes communautaires doit être reconnue. Cette conjoncture révèle plus que jamais l’importance du filet social que constituent les organismes communautaires. Encore une fois, ils sont présents en première ligne, adaptant leurs services pour répondre à l’augmentation radicale des besoins, tout en jonglant avec les restrictions de la santé publique pour préserver la santé de tou.te. s. Il est temps que l’expertise des organismes communautaires soit entendue et qu’ils soient considérés avec tout le sérieux qu’ils méritent.
La ville de Montréal doit mettre en place une réponse locale aux besoins : des ressources d’hébergement d’urgence dans tous les secteurs de la ville. Il est primordial pour les personnes de pouvoir rester dans leur quartier d’appartenance : les ressources qu’ils fréquentent s’y trouvent, leur réseau, leurs habitudes. Les organismes sont mieux outillés pour répondre aux besoins spécifiques de leur population. Par ailleurs, déplacer les personnes vers de grands refuges occasionne son lot d’inconvénients : perte de contact entre les personnes et les organismes communautaires, augmentation drastique des besoins dans le quartier « d’accueil », augmentation des enjeux entourant la cohabitation sociale, etc.
Québec et Ottawa doivent investir massivement et rapidement dans le logement social. Malgré l’entente Québec-Canada sur le logement qui vient tout juste d’être signée, les sommes allouées pour la construction de logement social sont bien en deçà des besoins.
L’augmentation des montants pour l’aide de dernier recours est nécessaire. Alors que le coût de la vie augmente sans cesse et drastiquement, les prestations sociales sont restées sensiblement les mêmes dans les dernières années. Pour une personne seule, en 2020, la prestation de base est de 648 $. Selon une enquête du RCLALQ au début de l’année 2020, le prix moyen d’un studio au Québec est de 770 $.
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