La grève est nécessaire
Pour les groupes communautaires, membres du RÉPAC 03-12, le recours à des fermetures ou des réductions de services afin de participer aux mobilisations sur la justice climatique et sociale est devenu incontournable. Témoins des conséquences des inégalités sociales qui se creusent, les groupes veulent envoyer un message fort au gouvernement en ce sens que les impacts des changements climatiques, c’est la goutte qui fait déborder le vase pour une grande partie de la population. « Nos gouvernements reconnaissent que les inégalités sociales sont exacerbées par le réchauffement climatique, mais au-delà des belles paroles, on ne voit pas ou très peu de gestes concrets pour réduire les inégalités et soutenir les populations les plus à risque. Bien au contraire, nos gouvernements s’accrochent à une idéologie néolibérale désuète qui fait passer le développement économique devant de toutes autres considérations éthiques ou environnementales, » dénonce Naélie Bouchard-Sylvain coordonnatrice au RÉPAC 03-12.
Inégaux face aux conséquences des changements climatiques
Dépendamment de leur niveau de revenu, de leur genre, de leur âge ou de leur statut social, des pans entiers de la société n’ont pas les ressources pour s’adapter. « Prenons, par exemple, l’explosion de la demande d’aide alimentaire ! On sait pertinemment qu’une part grandissante de cette problématique vient des conditions de culture de plus en plus chaotique et imprévisible. Le prix de nombreux produits essentiels comme les pâtes alimentaires ou les fruits et légumes explosait déjà avant la pandémie et la guerre d’Ukraine. C’est une situation qui va continuer de dégénérer dans les prochaines années, » illustre la porte-parole. « Ça prend des actions immédiates parce qu’il y a de plus en plus de ménages qui ne mangent pas à leur faim et ça prend un soutien sans précédent aux producteurs-rices locaux pour qu’ils et elles s’adaptent aux nouvelles réalités. Les organismes d’aide d’urgence ne peuvent plus encaisser l’explosion de la demande, » conclut la porte-parole.
Quand Legault ou Trudeau parle « vert », il pense aux billets de banques, pas à notre planète
Le Regroupement appuie la lettre signée par plusieurs dizaines d’organismes, publiée il y a quelques jours, qui réclame la tenue d’un BAPE sur l’avenir énergétique du Québec. « Il y a un ras-le-bol important devant l’approche affairiste de nos gouvernements, que ce soit François Legault qui ne pense qu’à vendre notre électricité au rabais et à couler du béton, où que ce soit le gouvernement Trudeau qui cautionne de nouveaux forages de pétrole alors qu’il n’a toujours pas réglé la question de l’eau potable pour des dizaines de communautés autochtones. Quand Legault ou Trudeau parle « vert », il pense aux billets de banques, pas à notre planète. À un moment donné, on ne pourra pas éteindre tous les feux qui sont allumés par une vision du tout à l’économie, tout à la rentabilité à court terme ! » s’indigne Vania Wright-Larin, coordonnateur au RÉPAC 03-12.
« Alors que les groupes se saignent carrément pour aider les populations vulnérables, on a l’impression que le gouvernement se contrefiche des conséquences de faire passer le profit avant la santé et le bien-être de la population. Les exemples pleuvent : hausse des normes d’émission des matières cancérigènes, destructions des milieux naturels, sous-financement des services de transport en commun, crise du logement sans précédent, privatisation de la santé, etc. On est vraiment dégoûté par l’attitude de Benoît Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs qui ressemble franchement plus à un lobbyiste à la solde des minières qu’à un ministre de l’Environnement. Si Legault veut qu’on le prenne au sérieux, il doit commencer par nommer quelqu’un de crédible à l’environnement, pas un vendeur de batteries électriques, » commente le porte-parole.
Au-delà des grandes revendications, des solutions concrètes et viables sont à portée de main.
La gratuité et l’élargissement de l’offre des transports commun sont évidemment les pistes les plus évidentes à suivre pour délaisser la culture de l’auto-solo qui constitue un des plus grands défis pour la transition énergétique. En plus de réduire les émissions de façon importante, cette mesure permettrait de réduire les inégalités économiques en soulageant les ménages à faible revenu d’une dépense majeure.
La transformation des condos en logements sociaux est également réclamée depuis des années par les groupes de défense des locataires. Cette mesure permettrait de diminuer rapidement les effets de la crise du logement sans couler davantage de béton.
Favoriser l’agriculture urbaine et les producteurs locaux permettrait de lutter efficacement à court et moyen terme contre la crise alimentaire, l’augmentation des coûts du panier d’épicerie et la viabilité économique de nos producteurs locaux.
Cesser tout projet qui favorise l’étalement urbain dans les grandes villes permet d’améliorer la qualité de l’air, de préserver des terres cultivables et les milieux naturels encore intacts. En réformant le mode de financement des villes, on peut obtenir rapidement des changements durables et viables.
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Les groupes communautaires tiendront des traverses piétonnes aux entrées de la colline parlementaire en avant-midi du 22 février. Une manifestation partira ensuite de Centre de la Culture et de l’Environnement à 12h où toute la population est invitée à nous rejoindre dans la rue.
Le 22 février s’inscrit dans une semaine de grève rotative à l’échelle du Québec du 20 au 24 février 2023. À l’appel du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ), plusieurs groupes communautaires vont chercher des mandats de grève et organisent, à tour de rôle, des actions autour des enjeux de justice sociale et climatique.
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