Des économistes du monde entier ont appelé mardi 17 mai 2011, à Tunis, le G8, à adopter une feuille de route, soutenant la transition démocratique en Tunisie, ainsi qu’un plan économique doté de 20 à 30 milliards de dollars (de 27 à 40 milliards de dinars environ), pour désenclaver les régions intérieures du pays et créer une institution financière spécifique à la région de l’Afrique du Nord.
Tenant une conférence de presse à Tunis, trois de ces économistes : Joseph Stiglitz, prix Nobel de l’économie 2001 (USA) et Jean-Louis Reiffers et Olivier Pastré, deux professeurs d’économie, enseignant respectivement à l’Université de Sud et à celle de Paris 8 (France), ont indiqué que « la réussite de la transition démocratique en Tunisie constitue un enjeu énorme pour la communauté internationale ».
Les économistes signataires de l’appel, au nombre de 21, représentent notamment les universités de Harvard, Tokyo, Francfort, Paris Dauphine, Londres, Bonn et New-York. Ils ont estimé l’aide internationale absolument nécessaire, au cours de cette étape, compte tenu de la perte de croissance actuelle, recommandant « une aide immédiate destinée à soutenir les subventions alimentaires et énergétiques en Tunisie ».
S’agissant de la feuille de route proposée, elle sera élaborée et conduite par la Tunisie et devrait identifier clairement les acteurs impliqués et les montants à mobiliser afin de soutenir la transition démocratique.
Quant au plan économique devant émaner du G8, il devrait être doté d’une enveloppe de 20 à 30 milliards de dollars (environ 27 à 40 milliards de dinars) sur 5 à 10 ans. Il sera destiné au désenclavement des régions intérieures du pays où le développement des transports et l’édification de pôles technologiques et industriels, constituent des priorités absolues.
Il s’agit, selon le texte de l’appel distribué avant une semaine de la tenue du sommet de G8 de Deauville (26 et 27 mai courant), de rétablir la confiance indispensable à la relance de l’économie. Un échec de la transition démocratique, serait selon les signataires « une victoire pour toutes les dictatures de la région et une sévère défaite pour la démocratie ».
Il s’agit, a indiqué M. Pastré, de favoriser le passage d’un « capitalisme autocratique à un capitalisme démocratique », alors que pour M. Reiffers, il est important de lutter contre la corruption et de promouvoir la décentralisation. « Les Tunisiens ne doivent plus être à la merci des fluctuations des prix des produits de base ».
A cet égard, M. Stiglitz, a précisé que le plan de relance adopté par le gouvernement tunisien est « intéressant » mais, il lui manque 25 milliards de dollars (34 milliards de dinars) pour les 5 prochaines années, lesquels devraient être apportés par la communauté internationale. Il a souligné le rôle que doit jouer la société civile et le secteur privé dans la transition démocratique, appelant les États-Unis et l’Union européenne à donner un accès libre et rapide aux produits tunisiens.
Les économistes préconisent dans leur appel, de faire bénéficier la Tunisie, du statut de partenaire associé de l’Union européenne, avec un plein accès aux fonds structurels européens.
Le G8, est appelé en outre, à se prononcer clairement sur les modalités de mobilisation de fonds et de coordination entre les différentes institutions financières (FMI, banque mondiale, BEI, BAD, BID...) afin qu’elles puissent contribuer de manière optimale à la restructuration et à la croissance de l’économie tunisienne.
Les économistes ont, en outre, appelé à « la création d’une institution financière spécifique à la région « car la Tunisie et l’Égypte seront probablement suivies par plusieurs autres pays ». Cette institution, serait, « un symbole politique fort pour la région et une garantie de coordination optimale des efforts de la communauté internationale ».
L’accent est également, mis dans l’appel sur le développement d’un cadre concurrentiel pour les industries et les services ainsi que sur la promotion des petites entreprises et l’optimisation de l’intermédiation financière notamment au travers une restructuration du système financier.
Pour les économistes signataires, le coût du plan proposé ne représente que « 2 à 3% du coût de la réunification allemande » et est inférieur « au coût d’un à deux mois de la guerre en Irak ».