La célébration fut discrète dimanche soir dans le camp bolivarien, à l’image de la victoire. Ce n’est qu’à 2 heures du matin que le Conseil national électoral (CNE) a annoncé les premiers résultats. Le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) obtient 98 députés sur 165, l’opposition 65 et les ex-chavistes du parti Patrie pour tous (PPT, qui se présentait seul) 2 députés.
Évidemment, il était impossible de rééditer le score de 2005, lorsque l’appel de l’opposition au boycott du scrutin avait permis à la coalition chaviste de l’époque de remporter 100 % des sièges. Mais les candidats du PSUV espéraient remporter la majorité des 2/3 du Parlement unicaméral, afin de pouvoir continuer à approuver les lois organiques, élire les magistrats du Tribunal suprême de justice ou encore les membres du Conseil national électoral.
De même, les 3/5 de l’Assemblée (99 députés) sont nécessaires pour l’approbation des lois permettant au président de la République de légiférer sans passer par le Parlement. Cette proportion n’a pas non plus été atteinte, à un siège près. Le soir de l’élection, l’opposition a déclaré avoir gagné 52 % des votes. Mais le lundi soir, le président Hugo Chávez a estimé pour sa part que le PSUV devançait de 100 000 voix la Mesa de la Unidad Democrática (MUD, Table de l’Unité démocratique, alliance des partis d’opposition), reprochant à celle-ci de comptabiliser comme siens, les votes recueillis par les partis indépendants.
Au moment où ces lignes sont écrites, le CNE n’avait toujours pas émis son deuxième bulletin avec la totalité des résultats. Mais il est certain que le score en nombre de votes est serré au niveau national. Par ailleurs, l’importante participation (66, 45 % des inscrits) est une réussite pour des législatives qui en général n’attirent pas un grand nombre d’électeurs.
Mais pourquoi une si large victoire en nombre de députés si la différence en nombre absolu de voix est si courte ? Parce que les États ruraux peu peuplés (en général acquis au chavisme) sont sur-représentés à l’Assemblée. De plus, un redécoupage des circonscriptions approuvé en janvier dernier a clairement favorisé le PSUV en divisant certaines de celles-ci où l’opposition était majoritaire.
Bref, le PSUV devra désormais négocier certaines décisions et la différence radicale qui existe entre les deux blocs promet des débats plus qu’animés. Mais au-delà de cette victoire sur le fil, il apparait que l’opposition remonte de plus en plus dans les votes. Celle-ci a bâti sa force, ces derniers mois, en mettant le doigt sur l’incapacité du gouvernement à répondre aux problèmes concrets de la population tels que l’insécurité et la violence urbaine, l’inflation et l’inefficacité des institutions publiques. La révolution bolivarienne se concentre sur le discours et la bataille idéologique, tout en délaissant un important terrain de bataille : le quotidien des citoyens. C’est peut-être la leçon qu’elle doit tirer de ces élections et des signes d’érosion de sa base électorale.
L’auteur vit à Caracas