« Quotidiennement, dans de nombreux établissements de santé aux quatre coins du Québec, des gestionnaires utilisent les heures supplémentaires et les heures supplémentaires obligatoires pour pallier au manque prévisible et habituel de personnel. Et ce, c’est sans compter que plusieurs établissements ont toujours recours à la main‑d’œuvre indépendante. Nous demandons au gouvernement d’agir et de mettre fin à cette mauvaise gestion », a ajouté la présidente de la FIQ.
« Récemment, un arbitre a même statué contraire aux dispositions de la convention collective du CHU de Québec le recours systématique aux heures supplémentaires pour combler les absences. L’arbitre a ainsi reconnu que le mode de gestion ayant cours dans l’établissement de Québec est un exercice abusif et déraisonnable des droits de gérance de l’employeur. On peut se poser des questions sur l’aspect éthique d’agir de la sorte pour un établissement et pour le gouvernement de le tolérer. C’est une méthode inhumaine et dangereuse », a poursuivi Nancy Bédard.
À titre d’exemple, pour l’année 2014-2015 au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), ce sont près de 110 000 heures supplémentaires qui ont été travaillées par les infirmières et près de 20 000 par les infirmières auxiliaires. Sur ce nombre, la direction du CHUS a imposé plus de 9 200 heures supplémentaires obligatoires seulement pour les infirmières, et près de 1 190 heures supplémentaires pour les infirmières auxiliaires. C’est une augmentation de plus de 2 700 heures par rapport à l’année précédente pour les infirmières et près de 300 heures pour les infirmières auxiliaires. Autre exemple, à Chicoutimi, c’est près de 44 000 heures supplémentaires qui ont été travaillées par les professionnelles en soins.
Des solutions pour des soins à échelle humaine
« Des solutions, on en a. Il faut d’abord stabiliser les équipes dans les différentes unités de soins. Le gouvernement doit également mettre fin à la précarité d’emploi chez les professionnelles en soins. À l’heure actuelle, 50 % des infirmières et 67 % des infirmières auxiliaires dans l’ensemble du Québec ont un statut temps partiel. Cette situation doit être régularisée. Cette situation intolérable ne peut plus durer. », a ajouté la vice-présidente de la FIQ, Nancy Bédard.
« Avec les départs massifs à la retraite qui pourraient se produire si le gouvernement s’entête à modifier les règles de notre fonds de pension, avec les nouvelles fusions d’établissements, avec les compressions qu’on a subies et celles qui pourraient s’ajouter, on craint que le recours aux heures supplémentaires et à la main‑d’œuvre indépendante s’amplifie à grande vitesse. Parce que le passé nous l’a prouvé, plus il y a de coupes, plus ce genre de stratagème augmente. À la FIQ, nous avons présentées nos solutions à la table de négociation pour le renouvellement de nos conditions d’exercice. Mais pour le moment, le gouvernement ne semble pas avoir donné le mandat à ses négociateurs de discuter des solutions. On souhaite s’attaquer aux vrais problèmes du réseau de la santé et les régler dans l’intérêt des patients et des professionnelles en soins. On veut soigner et bien le faire. On dit au gouvernement, ça suffit, laissez-nous soigner », a conclu Régine Laurent.