« C’est absolument inouï qu’un organisme du gouvernement canadien aide à faciliter et à accélérer la migration de l’industrie automobile du continent vers le Mexique, sans aucune garantie que le Canada tirera le moindre avantage de ce prêt », a déclaré Jerry Dias, président national d’Unifor.
EDC affirme que ce prêt aidera les fabricants canadiens de pièces à décrocher de nouveaux contrats avec Volkswagen. Cependant, rien n’oblige VW à acheter quoi que ce soit à des entreprises canadiennes. Le seul engagement de la société consiste à participer à un processus visant à « nouer des liens ». Même si des entreprises établies au Canada décrochaient un contrat de Volkswagen, les travaux seraient probablement destinés à des usines de pièces mexicaines (plutôt que d’être effectués au Canada).
« Si le gouvernement canadien tient vraiment à soutenir le secteur des pièces d’automobiles, il devrait se concentrer sur l’obtention de nouveaux investissements et la création de nouveaux emplois ici, au Canada », a déclaré M. Dias.
« Il est douloureusement ironique de voir que nous avons récemment perdu un investissement lucratif de Ford pour la fabrication de moteurs à Windsor, en grande partie faute d’un soutien adéquat de la part du gouvernement. Pourtant, nous arrivons à trouver quelque part 526 millions de dollars pour aider une société étrangère à investir au Mexique. Nos membres n’arrivent pas à contenir leur colère. »
« Exportation et développement Canada pourrait jouer un rôle de premier plan pour attirer et soutenir les investissements dans le secteur de l’automobile ici même au Canada », de poursuivre M. Dias, en soulignant le rôle précieux qu’a joué EDC en 2009, au cours de la restructuration de General Motors et de Chrysler. « Mais des gestes comme celui-là nous portent à croire qu’EDC fait vraiment fausse route. »
M. Dias a appelé le ministre de l’Industrie James Moore à procéder à un examen des gestes d’EDC qui ont pour effet de promouvoir l’investissement dans le secteur automobile au Mexique et à interdire tout prêt ultérieur de soutien aux investissements à l’étranger dans ce secteur. L’entente intervenue avec Volkswagen suit de près un appui similaire d’EDC à BMW pour des investissements en Caroline du Sud et au Mexique, ainsi qu’une initiative mise en œuvre par EDC en février dernier pour aider les fabricants canadiens de pièces à ouvrir de nouvelles usines au Mexique.
M. Dias a souligné que les gestes d’EDC font simplement ressortir l’incohérence de la politique du gouvernement fédéral en ce qui concerne l’industrie automobile. « Par moments, le gouvernement reconnaît l’importance de cette industrie et affirme qu’il veut l’aider. Mais du même souffle ou presque, il endosse et facilite pleinement un exode des investissements faits au Canada dans ce secteur, ce qui met fin aux espoirs d’un grand nombre de familles canadiennes. »
Parmi les mesures récentes du gouvernement fédéral qui ont miné l’investissement automobile au pays, on peut citer un accord commercial avec la Corée (qui n’importe pratiquement aucun produit automobile du Canada) et la vente des actions de General Motors détenues par le gouvernement (pour aider ce dernier à « équilibrer » son budget 2015-2016).
« Cette décision n’est que la plus récente preuve de l’échec du premier ministre Harper à donner l’orientation stratégique nécessaire pour reconstruire et maintenir le secteur de l’automobile au Canada », a conclu M. Dias. « Nous avons besoin que le gouvernement canadien collabore avec l’industrie automobile, la main-d’œuvre et les municipalités, ici au Canada, à la création d’une stratégie conséquente de l’automobile. Au lieu de cela, le gouvernement semble avoir baissé les bras ; désormais, il facilite activement la migration vers le sud des emplois canadiens de l’automobile. »
L’an dernier, le Canada n’a vendu que pour 484 millions de dollars de pièces d’automobiles au Mexique, soit 30 % de moins qu’en 2001 (malgré l’expansion rapide de la production automobile mexicaine dans l’intervalle). Le prêt consenti par EDC représente donc une valeur supérieure à ce que tout le secteur canadien des pièces d’automobile vend au Mexique en un an. En revanche, le Canada a importé pour 4,4 milliards de dollars de pièces d’auto du Mexique en 2014 (et pour plus 6 milliards de dollars supplémentaires de véhicules finis). Le déficit commercial du Canada face au Mexique dans le secteur de l’automobile a dépassé les 10 milliards de dollars l’an dernier, ce qui représente le plus important déficit bilatéral de l’histoire canadienne dans ce secteur. Unifor estime que ce déficit correspond à l’élimination de plus de 15 000 emplois canadiens dans le secteur de l’automobile, ou à 40 % des 38 000 emplois perdus dans ce secteur depuis l’élection du gouvernement Harper.