La réduction des dépenses en assurance salaire est une préoccupation qui incite plusieurs gestionnaires du réseau à resserrer les contrôles et à exercer sur le personnel une pression contre-productive pour forcer un retour au travail hâtif. L’APTS leur suggère d’agir plutôt à la source, en s’appuyant sur les données qu’elle met à leur disposition ainsi que sur les recommandations contenues dans son rapport. L’organisation déplore aussi le manque de transparence des gestionnaires du réseau, qui sont réticents à transmettre les données concernant l’assurance salaire et les accidents du travail.
Les nouveaux résultats de l’enquête menée en novembre 2016 révèlent, entre autres, que 63,2 % des membres de l’APTS disposent d’une faible marge de manœuvre par rapport à leur travail, perçu par 72,5 % d’entre eux comme psychologiquement exigeant. Or, la combinaison des résultats pour ces deux facteurs engendre un état de stress, que confirment d’ailleurs près de 45 % des répondants, associé à des risques de tension psychologique et de maladie.
Autres données éclairantes : 24,4 % des membres du personnel professionnel et technique estiment obtenir peu de soutien de la part de leurs supérieurs et 40,4 % ne reçoivent qu’une faible reconnaissance. On observe donc un déséquilibre chez 89,1 % d’entre eux entre la reconnaissance exprimée et le niveau d’effort déployé.
« Donner plus de latitude décisionnelle à nos membres, dont beaucoup sont régis par des obligations déontologiques, respecter leur autonomie professionnelle, leur offrir du soutien et reconnaître pleinement la valeur de leur travail auprès de la population constituent des orientations porteuses de grandes améliorations pour le réseau de la santé et des services sociaux », croit la présidente de l’APTS, Carolle Dubé.
Une mesure du plan d’action ministériel en santé mentale 2015-2020 recommande d’ailleurs aux établissements « la mise en place de conditions de travail et de pratiques organisationnelles qui favorisent la santé mentale du personnel ». La présidente de l’APTS estime que son application est l’occasion tout indiquée de travailler en mode paritaire à la recherche et à l’implantation de solutions aptes à atténuer la détresse psychologique qui prévaut dans le réseau et que confirme le sondage du syndicat.
« Réorganisations, fusions et compressions ont fait beaucoup de tort dans les rangs du personnel au cours des dernières années. Plusieurs experts ont d’ailleurs fait des bilans plus larges des réformes du ministre Barrette, dont il n’y a pas lieu d’être fier. Aujourd’hui, nous avons en main une analyse qui nous permet de réparer un peu les dégâts. Nous espérons que les directions d’établissement sauront saisir cette occasion », conclut Carolle Dubé.
L’étude a été réalisée avec le soutien méthodologique de chercheurs membres du groupe de Recherches sur les interrelations personnelles, organisationnelles et sociales du travail de l’Université Laval. Près de 7 000 membres de l’APTS y ont répondu, ce qui constitue un échantillon d’une rare représentativité. La dernière étude de cette ampleur, qui portait sur la santé psychologique des cols blancs québécois, remonte à l’an 2000.
Un message, un commentaire ?