Émilie Ricard est devenue un symbole : celui d’un système de soins (plutôt que de santé) voué à l’échec. Merci d’avoir tiré la sonnette d’alarme.
Une fois entrés dans le « système » (hôpitaux, urgences, médecins de famille, etc.), nous sommes généralement fort bien soignés. Bravo et vive le système de gratuité universelle !
Mais ce système s’en va tout droit dans un mur : le nombre de patients et patientes ne cesse d’augmenter avec le vieillissement de la population, et les traitements sont de plus en plus coûteux (technologie de pointe, médicaments, salaire des médecins et spécialistes, coût des super-hôpitaux spécialisés, etc.). Avec un budget de la « santé » qui atteint déjà près de 40% du budget provincial total, la situation ne pourra qu’empirer avec les années, quelles que soient les promesses de nos médecins-politiciens ! Et ce ne sera pas faute de dévouement de la part des infirmières et du personnel soignant !
Alors, on fait quoi ? On change la façon de voir la santé et les soins. Tant que le ministère de la santé sera en fait un ministère des soins, axé sur le curatif et les médecins (spécialistes), il n’y aura aucune chance d’inverser la tendance et d’éviter le mur. Ni au Québec, ni ailleurs. Il suffit de comparer les budgets (minuscules) consacrés à la prévention (et donc à la santé), sous toutes ses formes, avec les budgets (colossaux) consacrés aux soins des maladies.
Quand les médecins seront payés en fonction des citoyens et citoyennes en santé qui n’ont pas besoin de les consulter plutôt qu’en fonction du nombre d’actes médicaux qu’ils offrent à leurs malades, les priorités médicales (et celles du ministère) changeront radicalement. Et tant qu’on continuera de privilégier une médecine curative (les soins plutôt que la santé), il n’y aura jamais assez d’argent, de spécialistes, d’infirmières ou de CHSLD pour réduire efficacement le temps d’attente dans les urgences ou prendre soin adéquatement de nos personnes âgées.
La santé, n’en déplaise à nos médecins-politiciens, n’est pas une affaire de réforme des structures (une spécialité de la plupart des ministres de la santé) : c’est une affaire de vision, de priorité à la prévention et de courage politique. Comme en matière de gestion des déchets, la manière la plus efficace de réduire les coûts passe par la réduction à la source : toutes les mesures qui diminuent le nombre des malades et la gravité de leurs problèmes. Une manière radicalement différente de répondre au cri du cœur d’Émilie Ricard.
Dominique Boisvert
Scotstown
le 3 février 2018
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