« On ne comprend absolument pas cette décision de l’employeur. En fait, en à peine quelques semaines, c’est le troisième lock-out qui est imposé à nos membres dans des circonstances assez particulières. C’est clair pour nous que certains employeurs veulent profiter de la pandémie pour casser les syndicats », déplore Renaud Gagné, directeur québécois du syndicat Unifor.
Shell refuse de respecter le contrat modèle de l’industrie pétrolière
La direction de Shell refuse d’accorder les mêmes éléments négociés dans le cadre du Programme national de l’énergie (PNE) qui est le règlement modèle dans ce secteur. Pourtant, l’entreprise l’a accordé dans d’autres établissements dont elle est propriétaire. « Qu’une compagnie de l’ampleur de Shell refuse d’appliquer ce qui a été négocié partout dans l’industrie à un groupe d’une vingtaine de salariés pour des raisons financières ne tient pas la route. Cette décision n’a qu’un seul but, c’est de briser le règlement modèle dans le pétrole. On prend la COVID-19 comme prétexte pour s’attaquer à une pratique syndicale qui remonte à plus d’une quarantaine d’années », dénonce M. Gagné.
Fonctionnement du PNE
Le PNE est d’abord négocié avec une compagnie ciblée par le syndicat. Pour cette ronde de négociation, les termes du contrat ont été négociés avec Suncor. Seules les clauses salariales incluant les primes, les indemnités de départ et un nouveau cadre concernant la violence conjugale étaient incluses dans cette négociation modèle. Par la suite, le règlement est reproduit dans tous les autres établissements du secteur pétrolier que ce soient les raffineries ou les terminaux. La convention collective du terminal de Shell est expirée depuis près de deux ans et les négociations se déroulaient en présence d’un conciliateur.
Deux autres lock-out
Le syndicat Unifor a été confronté à deux autres lock-out récemment d’abord avec la compagnie WestRock qui a mis sa cinquantaine de travailleurs de l’usine de l’Est de Montréal en lock-out le 30 septembre. Le 10 novembre, c’est l’employeur Gate Gourmet qui a mis la vingtaine de travailleuses et travailleurs actifs de l’entreprise à la rue en décrétant un lock-out. « Le conflit chez WestRock s’est heureusement réglé la semaine dernière, mais malgré tout, cette épidémie de lock-out nous inquiète », indique M. Gagné.
« Dans tous les cas, on ne les a pas vus venir. Je comprends bien que c’est leur droit, mais normalement, avant qu’on se décide à recourir au moyen extrême qu’est le déclenchement d’un conflit, que ce soit une grève ou un lock-out, il faut toujours bien se donner toutes les chances de régler. Et là, alors qu’on est en plein dans le processus de négo, voilà que ces deux employeurs claquent la porte et mettent tout le monde dehors. Autant pour Shell que pour Gate Gourmet, quelle était l’urgence de déclencher un conflit à ce moment-ci ? On n’a même pas voté sur une offre finale… Si on peut douter de leurs réelles intentions, il y a clairement une attitude antisyndicale », dénonce le directeur québécois d’Unifor.
« Une chose est certaine, c’est qu’on va se battre pour les travailleuses et travailleurs. Unifor dispose d’un très bon fonds de défense pour soutenir ses membres qui sont en conflit de travail. Et tous nos services sont à pied d’œuvre pour les aider dans cette lutte pour leurs droits », conclut M. Gagné.
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