Depuis plus de deux décennies, les Innus sont engagés activement dans la lutte pour la protection d’Atiku qui se situe au cœur de leur identité et de leur mode de vie. Des démarches incessantes ont été effectuées auprès du gouvernement du Québec pour qu’un processus de consultation et des mesures de protection soient mis en place concernant le caribou et son habitat. Or, le gouvernement a manqué délibérément à son obligation constitutionnelle de consultation et a fait fi des demandes répétées pour la mise en place d’un forum approprié, de Nation à Nation, afin de discuter des enjeux liés à Atiku.
Depuis le dépôt en 2016 d’un plan d’action pour l’aménagement de l’habitat du caribou, et jusqu’à ce jour, le gouvernement du Québec n’a jamais pris en compte ni respecté les droits et le rôle décisionnel des Premières Nations concernant cette espèce. Au fil des années, même si elles ont accepté d’y participer avec ouverture, les Premières Nations ont déploré la mise en place de tables et forums inappropriés ne leur permettant pas d’être adéquatement consultées et accommodées et, plus généralement, de discuter de leurs droits ancestraux incluant leur titre ancestral et de leurs autres intérêts.
Encore récemment, alors que les Premières Nations avaient même soumis un projet de protocole de consultation rigoureux qui est demeuré sans réponse, le gouvernement continue de s’entêter à gagner du temps, à multiplier les réponses nébuleuses, avec comme objectif explicite d’imposer sa commission indépendante qui n’est pourtant pas la tribune adéquate pour débattre des droits et enjeux des Premières Nations. Par ailleurs, cette commission est perçue par plusieurs comme totalement inutile, puisque le gouvernement dispose déjà de tous les spécialistes et des données nécessaires pour agir dans ce dossier.
Pour les Premières Nations, les tergiversations sont inadmissibles en raison de l’urgence de la situation pour le caribou dont le déclin entraîne déjà une perte culturelle inévitable et met en péril les droits et titres ancestraux.
« Nos Premières Nations ont toujours collaboré de bonne foi et réitéré leur volonté d’être parties prenantes de l’élaboration et de la prise de décision concernant la stratégie caribou, dans une approche honorable de Nation à Nation. Le gouvernement aurait dû saisir la balle au bond et démontrer sa volonté sincère d’entreprendre le processus de collaboration, de consultation et d’accommodement sans délai, ainsi que la situation précaire d’Atiku le requiert. Nous exigeons le respect de nos droits ancestraux et des mesures de protection immédiates du caribou et de son habitat, sur les bases des savoirs et connaissances innus et scientifiques. Nous avons affirmé récemment que si le gouvernement ne peut protéger le caribou, les Innus eux le feront ! Nous tenons notre promesse », ont tenu à affirmer d’une même voix les chefs, M. Martin Dufour du Conseil de la Première Nation des Innus Essipit et M. Gilbert Dominique de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh.
La Première Nation des Innus Essipit est une communauté autochtone dont le Nitassinan (territoire traditionnel) est situé à l’entrée de la Côte-Nord, du fjord du Saguenay à la rivière Portneuf. Essipit qui signifie « rivière aux coquillages » est reconnue pour son système communautaire inspiré des traditions ancestrales. Son économie est fondée principalement sur le Secteur récréotouristique.
La Première Nation des Pekuakamiulnuatsh est située au Lac-Saint-Jean. Elle compte 8 533 membres dont plusieurs sont établis dans la communauté de Mashteuiatsh. Pekuakamiulnuatsh Takuhikan est l’organisation politique et administrative qui représente les Pekuakamiulnuatsh.
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