Édition du 17 décembre 2024

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Monde du travail et syndicalisme

Ukraine-Allemagne-Belgique. Les métallos envoient des convois d’aide aux métallos ukrainiens qui défendent l’usine d’ArcelorMittal à Kryviyï Rih

L’usine d’ArcelorMittal à Kryvyï Rih, dans l’est de l’Ukraine, est l’une des plus grandes usines sidérur­giques du monde. Elle emploie 24 000 travailleurs et réalise l’extraction et le traitement du minerai de fer, ainsi que la production d’acier. Le syndicat de l’usine, le Syndicat des métallurgistes et des mineurs d’Ukraine, est affilié à Industrial All Global Union.

Publié sur A l’encontre

23 avril 2022

Par le Réseau syndical international de solidarité et de luttes

Peu après l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février, les troupes russes ont avancé jusqu’à 10 km de Kryvyï Rih. Les cadres supérieurs de l’en­treprise, dont beaucoup d’expatriés, ont été évacués en Pologne, laissant les cadres locaux, le syndicat et les travailleurs sur place.

Les opérations minières ont d’abord été fermées, par crainte que les mineurs ne soient piégés sous terre si l’approvisionnement en électricité était inter­rompu. Puis, le 3 mars, les travailleurs ont soigneu­sement fermé les hauts fourneaux – un processus compliqué qui prend sept à dix jours pour être réalisé en toute sécurité –, ont creusé des défenses antichars et construit des abris.

Malgré les sirènes de raid aérien et les bombes qui atterrissent régulièrement à proximité du site, les militants syndicaux sont restés sur place pour coordonner les secours aux militaires, aux forces de défense territoriale, aux hôpitaux et aux travail­leurs, et pour aider à l’évacuation des femmes et des enfants. Près de 1600 travailleurs ont été incorporés dans les forces de défense territoriale et ont dû trouver d’urgence des équipements de protection.

La responsable du syndicat de l’usine, Natalya Marynyuk, a envoyé un appel pressant aux métal­lurgistes d’autres pays, leur demandant un soutien politique et une aide humanitaire :

« Le peuple ukrainien vous est très reconnaissant d’avoir été aux côtés de l’Ukraine ces jours ter­ribles. Beaucoup d’entre vous ont rejoint les mani­festations pour la paix, demandant la fin de la guerre de Poutine contre l’Ukraine et notre peuple. Ce sont vos actions qui forcent les gouvernements hésitants à agir et à imposer des sanctions contre la Russie. »

Natalya Marynyuk ajoutait à sa déclaration une liste de fournitures humanitaires essentielles qui étaient nécessaires.

Les travailleurs de l’usine ArcelorMittal de Brême, en Allemagne, ont été les premiers à réagir par l’in­termédiaire de leur syndicat, IG Metall, en envoyant un convoi de médicaments, de vêtements chauds, de sacs de couchage, d’extincteurs et de générateurs à la frontière polonaise, où les marchandises ont été reçues par leurs homologues ukrainiens.

L’usine de Brême a convoyé un deuxième envoi début avril, et les membres du syndicat ACV Puls de l’usine ArcelorMittal de Gand, en Belgique, ont également organisé un envoi.

A la fin du mois de mars, les forces russes avaient été repoussées à environ 70 km de l’usine, et bien que le danger persistât, le syndicat a fait valoir avec force que la production devait redémarrer pour maintenir la base économique de la ville. Le 2 avril commencent les travaux de redémarrage du haut-fourneau n° 6. Le four a été rallumé le 9 avril, et la fonte brute peut maintenant être produite et l’acier fabriqué. Le syndicat a exigé que la direction revienne d’exil pour diriger l’usine. L’usine doit maintenant faire face à la difficulté de transporter l’acier, car les ports de la mer Noire ne sont pas accessibles. Les travailleurs ne se sentent toujours pas en sécurité car les combats se poursuivent à proximité, et ceux qui ont quitté la ville ne sont pas encore revenus travailler.

« L’aide de solidarité internationale est incroyable­ment importante pour notre syndicat en temps de guerre, parce qu’elle inspire et remonte le moral, parce que nous sentons que nous ne sommes pas seuls dans la lutte pour notre pays, pour la liberté et les valeurs européennes, et aussi parce que grâce à nos formidables collègues des syndicats étrangers, nous avons la possibilité de fournir les choses néces­saires à nos employés, qui défendent maintenant Kryvyï Rih et l’Ukraine. »

(Article publié le 12 avril 2022 par le Réseau syndical international de solidarité et de luttes ; traduction Patrick Le Tréhondat. Publié dans le cahier 5 de Soutien à l’Ukraine résistante : PDF de p. 1-46 et PDF de p. 47-94)

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