Début 2011, Madison, la capitale de l’État s’est confronté jour après jour à des manifestions en défense des syndicats et du droit de négociations collectives dans le secteur public. Même si les grèves ont été interdites, ces manifestations ont constitué le plus grand soulèvement ouvrier depuis les années 1930.
Malgré le militantisme du mouvement, l’affaire s’est terminé dans un premier temps avec le passage en force de ces lois réactionnaires. D’autres États comme l’Ohio et l’Indiana, ont suivi l’exemple du Wisconsin.
Démoralisés ? Au contraire !
Souvent, une défaite sonne le glas pour un mouvement social. Cases vides, organisations dissoutes, les participants démoralisés, voici ce que récoltent souvent les mouvements qui échouent dans leurs buts. Mais pas le mouvement de masse des salariés de Wisconsin.
Une campagne pour révoquer le gouverneur Scott Walker a été immédiatement entamée. Un million de signatures ont été récoltées dans l’une des plus vastes campagnes de révocation d’un gouverneur dans l’histoire du pays. D’ici peu, une nouvelle élection aura lieu et c’est une sorte de victoire en soi.
Les lois adoptées obligent les syndicats du secteur public à passer par des élections de certification chaque année –le but étant de bouffer les ressources syndicales. Mais presque partout les salariés se sont révolté en faveur de leurs syndicats, ce qui fut une une cinglante gifle imposée à Walker.
Le 10 mars une manifestation pour marquer le premier anniversaire de lutte a eu lieu. 60.000 personnes ont défilé pour mettre en garde Walker et sa faible majorité Républicaine : aux yeux des syndiqués du Wisconsin, du secteur public comme du privé, l’affaire n’est pas terminée.
Le mouvement du Wisconsin et le mouvement Occupy se soutiennent mutuellement. Des syndicats se font la concurrence pour engager comme permanents syndicaux les meilleurs organisateurs d’Occupy Milwaukee.
Manque de direction
Comme tous les grands mouvements sociaux de notre époque, la détermination des masses populaires, que ce soit soit en Égypte, en Grèce ou à Madison, n’est pas encore accompagnée d’un essor d’une direction qui peut aider le mouvement à trouver le chemin dans les luttes à venir.
L’ élection au poste de gouverneur et la présidentielle de l’automne, seront un défi pour le mouvement au Wisconsin.
La pression sera énorme pour qu’il participe à la campagne pour la ré-élection d’Obama. Mais la force de ce mouvement, comme pour tout mouvement social, réside dans son indépendance par rapport aux partis capitalistes.
* Paru en Suisse dans L’Anticapitaliste n° 66, 30 mars 2012