Des manifestants contre les sévères plans d’austérité qui affectent la population ciblent le groupe pendant son concert de Glastonbury (Angleterre) pour dénoncer sa pratique de l’évasion fiscale. C’est que depuis 2006, U2 abriterait en partie sa fortune aux Pays-Bas pour payer moins d’impôts, l’Irlande ayant mis fin à l’exonération d’impôts liés aux droits d’auteurs dont bénéficiaient les artistes. Le groupe Art Uncut met par ailleurs en lumière la contradiction entre les luttes contre la pauvreté du chanteur Bono et cette évasion fiscale du même type que celle qui fait tant de mal aux pays en développement qu’il prétend défendre.
Bono joue non seulement la vierge offensée, mais il montre l’ampleur de son incompréhension de cette crise en disant au Irish Times : « Tout le monde en Irlande sait qu’il y a des gens très intelligents au gouvernement et au ministère du Budget qui ont créé une architecture financière ayant enrichi la nation entière, en attirant dans ce pays des gens qui normalement n’y feraient pas des affaires. » Étrangement, une grande partie de cette « nation entière » est dans la rue aujourd’hui, la libéralisation économique et financière qui visait à attirer à tout prix les investissements étrangers et les sociétés financières transnationales dans son pays s’étant terminée en catastrophe. On fait payer les pauvres et l’Irlande est maintenant l’un des pays les plus pauvres d’Europe. U2 et Bono restent dans leur bulle.
Ainsi, je m’interroge. U2, c’est la musique de ma jeunesse. J’ai dû les voir deux fois au Stade Olympique. J’y reste attachée mais de loin, car toute cette orgie d’argent entourant leurs concerts, toute cette incohérence dans l’activisme de Bono entachent le charisme du groupe.
Catherine Caron