Édition du 15 octobre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

Trumpisme, fascisme et réalités politiques aux Etats-Unis

Donald Trump représente le type de politique qui a profondément transformé les réalités politiques aux États-Unis, le type de politique étiqueté par certains comme « trumpisme ». C’est une étiquette utile qui nous aide à le comprendre, quel que soit ce qui va arriver à Donald Trump, qu’il aille finalement en prison ou bien qu’il reprenne à nouveau les commandes de la Présidence des États-Unis, qu’il vive une nouvelle décennie ou qu’il meure demain, le trumpisme va nous accompagner dans la durée. Avant d’examiner le « trumpisme », arrêtons-nous un moment pour examiner la personnalité avec le nom de laquelle on identifie cet « isme ».

Tiré de Inprecor 725 - octobre 2024
7 octobre 2024

Par Paul Leblanc

Une approche possible de cette tâche implique de se frayer un chemin à travers l’alphabet. En commençant par la lettre « a » – et en écartant les jurons grossiers et insultants – on arrive vite au mot « arrogant » qui convient très certainement à Trump, même si malheureusement il n’est pas le seul dans ce cas.

Les qualités de Donald Trump incluent des dynamiques qui reflètent la bigoterie, l’intimidation et la vantardise (bigot, bully, and braggart). Sa bigoterie est en résonance avec des courants profonds de la culture, des attitudes et de la construction psychologique de millions de gens aux États-Unis. Il a déjà montré que, lorsque cela l’arrange, il peut adopter une position et un ton d’intimidation forçant beaucoup à se soumettre, en intimidant certains et en ravissant d’autres. La vantardise prend diverses formes : l’aspect « fonceur » qui souligne compulsivement ce qu’il a réalisé, mais qui prétend aussi avoir été plus loin et obtenu plus que ce n’est le cas ; le fait pour un homme ignorant de se vanter de son ignorance (« je ne lis pas de livres ») tout en proclamant en savoir beaucoup plus qu’il n’en sait réellement ; le fait d’exagérer l’estime que les gens ont pour lui et de s’attribuer le mérite de réalisations qui ne sont pas les siennes.

On peut aussi ajouter un quatrième mot – milliardaire (billionaire) – ajoutant ainsi du lustre, des ressources et de l’autorité à tout ce qui est déjà inclus dans l’auto-construction narcissique de la personne qu’est Donald Trump.

Concernant la lettre suivante de l’alphabet, on peut noter que par quintessence et avec fierté Trump est un capitaliste… et il y a trente-quatre condamnations criminelles qui conduisent beaucoup à le considérer comme un escroc (crook) !

Trump et le trumpisme

Si l’on saute à une autre lettre de l’alphabet, il y a beaucoup de gens qui insistent sur le fait que Trump est un fasciste. D’autres se demandent s’il est suffisamment consistant et cohérent pour jouer le rôle d’un Mussolini ou d’un Hitler et insistent sur le fait que ce terme n’est pas utile pour définir Trump. Certains ajoutent que le terme « fasciste » est largement devenu un épithète sans signification – une insulte librement utilisée et appliquée aux idées, aux pratiques et aux gens que nous trouvons oppressifs. Trump lui-même utilise ce terme (en le mélangeant à des mots tels « Marxistes », « communistes », « terroristes » et « très mauvaises personnes ») pour désigner ses ennemis tapis dans les cours de justice, au sein des grands médias d’information, du gouvernement ou du Parti démocrate.

Quelle discipline et quelle détermination sont celles de Donal Trump en tant que dirigeant politique ? On peut difficilement le comparer favorablement à un Churchill ou à un Reagan, encore moins à un Mussolini ou à un Hitler. Selon Maggie Haberman, la chroniqueuse du New York Times, « au printemps 2020, il est devenu clair pour ses principaux conseillers que l’impulsion de Trump pour saper les systèmes existants et pour plier les institutions afin de les adapter à ses propres objectifs allaient de pair avec une conduite erratique et des niveaux de colère qui obligeaient les autres à essayer de le maintenir sur la bonne voie quasiment à chaque heure de la journée. » (1)

C’est intéressant de prendre en compte l’expérience de Steve Bannon, l’un des idéologues les plus focalisés à l’extrême droite qui a servi de conseiller principal lors de la première phase de l’administration Trump, telle qu’elle est rapportée par Michael Wolff :

«  Une partie de l’autorité de Bannon au sein de la nouvelle Maison Blanche reposait sur le fait qu’il était le gardien des promesses, méticuleusement rappelées sur le tableau dans son bureau. Trump s’est rappelé avec enthousiasme de la réalisation de certaines de ces promesses ; il avait peu de souvenirs de certaines autres, mais était heureux de convenir qu’il avait bien dit cela. Bannon a agi en disciple et a promu Trump en tant que gourou ou en tant que Dieu impénétrable. » (2)

Au fil du temps, Bannon a été gagné par l’exaspération et la désillusion en se rendant compte que les détails de l’agenda « populiste » qu’il avait envisagé étaient entièrement dépendants de l’inattention de Trump et de ses violentes sautes d’humeur ». Ainsi que Bannon l’avait appris depuis longtemps, Trump «  se fout complètement de l’agenda ; il ne sait pas ce que c’est que l’agenda ». (3)

On est frappé par les compte-rendu de la soi-disant conférence de presse de Trump, le 31 mai 2024, après ses condamnations pour crimes. Loin d’un appel au clairon provocateur d’extrême droite ou fasciste, «  la chose était une sorte de pensum » selon A.O. Scott du New York Times. Scott ajoutait : «  Trump n’a jamais été un orateur ordonné ou quelqu’un qui bâtit méthodiquement ses arguments ; il passe d’une idée à l’autre et improvise, se livre à des associations d’idées et se répète, s’éloignant du scenario qu’il a sous la main  ». Scott rapporte que « ces manières étaient sobres et curieusement plates : un ressassement du procès, avec peu d’aperçus vers des enjeux politiques plus larges  ». Rex Huppke de USA Today était beaucoup moins charitable, le décrivant comme « désordonné, décousu et incohérent », Trump proclamant que les témoins du procès avaient été «  littéralement crucifiés », que le Président Joe Biden voulait « vous empêcher d’avoir des voitures  » et que le juge qui allait rendre son verdict à son encontre le 11 juin était « réellement un démon ». Hafiz Rashid de la New Republic a eu ce commentaire : « A certains moments, ses paroles étaient difficiles à suivre comme si le premier Président condamné pour crime prenait la tangente avec des phrases sans aucune fin claire. » (4)

Mais ce que l’on peut appeler « trumpisme » transcende les limites personnelles et les disfonctionnements de cet individu vieillissant. Trois éléments essentiels cimentent cette vaste entité à laquelle nous donnons l’étiquette de « trumpisme ».

L’un de ces élément est armé et dangereux : les forces qui se sont rassemblées le 6 janvier 2021 pour envahir le Capitole, parmi lesquelles les Proud Boys, les Gardiens du Serment, certains venus des composantes les plus militantes du Tea Party, les partisans des derniers jours de la vieille Confédération des Etats du Sud, ainsi que différents groupes Nazis ou suprématistes blancs. Le Général des Etats-Unis Mark Milley, qui était alors Président des chefs d’état-major interarmées, a fait la liste de ces groupes dans une note de janvier 2021, avec ce commentaire : « Grande menace : le terrorisme intérieur ». Selon Bob Woodward et Robert Costa du Washington Post «  Milley concluait que certains de ces groupes étaient les nouvelles Chemises brunes, une version étatsunienne de l’aile paramilitaire du Parti nazi qui a soutenu Hitler. C’était une révolution planifiée. La vision de Steve Bannon prenait vie. Faîtes tout tomber, faîtes tout exploser, faîtes tout bruler et émergez avec puissance !  ». Ces éléments autrefois marginalisés sont revenus au sein du courant politique dominant, et se sont développés substantiellement avec les encouragements actifs de Donald Trump et de ceux qui sont autour de lui. Et cet individu rusé, avare et profondément limité ainsi que ces acolytes ont été à peine capables de contrôler ces groupes. (5)

On peut trouver un second élément essentiel à la fabrication du trumpisme dans un groupe assez différent d’entités conservatrices et d’individus rassemblés dans le Projet 2025 de la Fondation du Patrimoine. Fondée dans les années 70, la Fondation du Patrimoine a servi de centre de regroupement à des universitaires, des intellectuels et des décideurs politiques conservateurs depuis la Présidence de Ronald Reagan. Sa contribution la plus récente est un ouvrage de 900 pages titré « Mandat pour les dirigeants : la promesse conservatrice » qui est conçue comme un guide d’élaboration des politiques pour une deuxième administration Trump. « Cet ouvrage est le produit de plus de 400 universitaires et experts politiques venus de l’ensemble du mouvement conservateur et de tout le pays. Parmi les contributeurs, on trouve d’anciens élus, des économistes de renommée mondiale, issus de quatre administrations présidentielles. C’est un agenda préparé par et pour des conservateurs afin d’être prêts dès le premier jour de la nouvelle administration à sauver notre pays au bord du désastre ». Cela vaut le coup de noter que Donald Trump n’est en aucune manière la pièce maîtresse de ce document qui fait plutôt référence au « prochain Président conservateur ». Trump est mentionné de façon fréquente et respectueuse, mais la Fondation du Patrimoine, ses collaborateurs et son programme sont conçus comme transcendant ce personnage. (6)

(Il est également intéressant de noter qu’il y a quelques rides étranges dans cette « Promesse conservatrice » dont une apparente surestimation de « la Gauche » combinée avec un emprunt apparent à des idées de gauche, ce qui sera discuté dans la dernière partie de cette analyse).

Dans le trumpisme, le troisième élément essentiel est aujourd’hui le Parti Républicain. Des figures dirigeantes et des responsables – comme c’était le cas pour le courant conservateur dominant dans son ensemble – n’ont pas commencé en tant que supporter de Trump. Un agent républicain compétent, Tim Miller, décrit ainsi ce qui s’est passé : « quand les troubles de Trump ont commencé, il n’y en avait pas un dans nos rangs qui aurait dit qu’ils étaient de son côté. En tant que personne, nous l’avons trouvé gauche, répulsif et en deçà de la dignité que requièrent les responsabilités publiques et nous lui avons adressé un regard arrogant. Nous ne l’avons pas pris au sérieux. Et vous ne nous auriez pas vus avec ces casquettes de baseball d’un rouge criard  ».

Mais d’abord progressivement et ensuite brusquement, nous avons pratiquement tous décidé d’y aller. Les mêmes gens qui, en privé, incendiaient Donald Trump comme une menace d’incompétence, soutenaient ses conneries rances en public lorsqu’il le fallait. Et ils ont continué à le faire même après que la foule qu’il a convoquée ait souillé le parti, nos idéaux et les salles du Capitole avec leur merde7 .

Miller nous offre une vue de l’intérieur du terrible cynisme qui a imprégné la direction du Parti républicain et qui a contribué au triomphe de Trump en son sein. Considérant l’arène politique comme un « grand jeu » à travers lequel – en gagnant – elle « s’octroyait elle-même le statut de service public, la classe dirigeante républicaine a abandonné à leur sort ceux qu’elle manipulait et elle s’est sentie de plus en plus à l’aise avec l’utilisation de tactiques qui les enflammaient et les retournaient contre leurs semblables ».

Miller et d’autres agents «  avançaient des arguments auxquels personne parmi nous ne croyait » et « faisaient que des gens se sentaient lésés à propos de questions que nous n’avions ni l’intention ni la capacité de résoudre ». Il reconnaît qu’un racisme tranquille et non reconnu a été souvent utilisé. Et « ces tactiques ne sont pas seulement devenues incontrôlées : elles ont été suralimentées par l’écosystème médiatique de droite avec lequel nous couchions et qui avait ses propres pulsions néfastes, avalant des clicks et des images avec rage, bousculant tout sans aucune intention de fournir quelque chose qui pourrait apporter de la valeur dans la vie des gens ordinaires  ».

Miller conclut : « en quoi est-ce une surprise qu’un charlatan qui a passé plusieurs décennies à duper les masses afin qu’elles rejoignent ses systèmes pyramidaux et qu’elles achètent ses produits merdiques puisse exceller dans un environnement pareil ? Quelqu’un qui possède en propre une plateforme de médias et un instinct reptilien pour la manipulation ? Quelqu’un qui n’hésite pas à dire tout fort ce qui devrait rester discret ? ». (8)

«  Donald Trump ne peut pas réussir seul » analyse Liz Cheney « il dépend de ses facilitateurs et de ses collaborateurs  ». Cheney qui a été toute sa vie une Républicaine conservatrice et une ancienne représentante du Wyoming au Congrès qui a résisté – avec plus d’obstination que la plupart – aux efforts de Trump pour intimider le Parti Républicain et le forcer à le soutenir, finit par déplorer que «  la plupart des Républicains du Congrès feront globalement ce que Donald Trump leur demandera, quel que soit ce qu’il leur demandera… Je suis très triste de constater que l’Amérique ne peut plus compter sur un corps d’élus républicains pour protéger notre République ». (9)

Tim Miller en identifie les raisons psychologiques en discutant avec un de ses amis . Il conclut : «  Caroline a été aspirée par la secte. Elle est aspirée par la secte. Elle est obsédée par Trump, elle l’adore, aussi étrange que cela paraisse.  » Il y voit une dimension très sombre : « c’est une adepte masochiste qui ressent le besoin d’être testé, abusé et forcé de prouver encore, encore et toujours qu’elle mérite l’amour du leader ». (10)

Adam Kinzinger, un ancien représentant de l’Illinois au Congrès, reflète la psychologie de certains de ces collègues dans ce commentaire : «  bien plus que la mort, ils craignent d’être expulsés de la tribu et ils craignent de perdre leur identité  ». La tribu, c’est le Parti républicain et c’est pareil pour l’identité « vous allez perde votre identité comme membre du Congrès ». (11) Selon Liz Cheney, « l’amour du pouvoir est tellement fort que des hommes et des femmes qui paraissaient autrefois raisonnables et responsables sont soudainement devenus désireux de violer leur serment sur la Constitution par opportunisme politique et loyauté envers Donald Trump ». (12)

Bien sûr, le Parti Républicain possède une histoire longue et complexe. Comme dans le cas d’autres éléments du trumpisme, elle n’a pas commencé avec Trump et ne finira pas avec lui. On le créditera d’avoir joué un rôle important en aidant à rassembler tous ces éléments mais, indépendamment de ce qui va arriver à Trump, le phénomène plus large qu’est le « trumpisme » sera avec nous encore pour quelque temps à venir.

Fascisme du passé… et fascisme en devenir

Une chose de plus. Nous traitons d’un phénomène global noté par de nombreux observateurs différents – incluant des mouvements puissants et, parfois, des gouvernements dans un large éventail de pays (Argentine, Brésil, France, Grèce, Hongrie, Inde, Italie, Russie, Turquie, Etats-Unis et d’autres encore). Une combinaison de termes décrit ce qui se passe - populisme de droite, ultranationalisme autoritaire et xénophobe, etc. – en indiquant son contenu complexe. Le mot « fascisme » est parfois utilisé, mais le terme quasi-fascisme semble plus approprié. Le préfixe « quasi » signifie que « cela y ressemble » ou que « cela en a certains traits, mais pas tous ». Dans les circonstances actuelles, le terme quasi-fascisme peut être compris comme « fascisme en devenir ».

Le fascisme a beaucoup été analysé et débattu – parmi les universitaires aussi bien que parmi les théoriciens et les militants de gauche. Nous allons ici nous restreindre à aborder les premières explorations faîtes en 1923 par Clara Zetkin (une camarade proche de Rosa Luxemburg et une pionnière du communisme allemand), suivies des commentaires écrits en 1940 par Léon Trotski.

On peut juger de la qualité globale de ses développements par la phrase d’introduction de l’analyse de Clara Zetkin en 1923 : « le fascisme est l’expression concentrée de l’offensive qu’a entreprise la bourgeoisie mondiale contre le prolétariat  ». (13) On devrait rappeler que « expression concentrée  » particulière n’a pas été adoptée par l’entièreté de la classe capitaliste – de larges secteurs de la bourgeoisie britannique ont, par exemple, préféré soutenir Neville Chamberlin ou Winston Churchill plutôt que Oswald Mosley et aux Etats-Unis certains éléments de la classe capitaliste ont aidé à fabriquer le programme du New Deal présenté par Franklin D. Roosevelt. Mais on ne peut pas comprendre les réalités de cette époque ou de la nôtre sans prendre en compte la dimension globale mise en lumière par Zetkin.

Cette dimension globale est indispensable d’un autre aspect de la réalité que Zetkin identifie comme la racine primaire du développement du fascisme : «  la désintégration et la pourriture de l’économie capitaliste et le symptôme de la dissolution de l’État bourgeois ». Elle ajoute que « l’on pouvait observer les symptômes de cette pourriture du capitalisme avant même la Première Guerre Mondiale ». Mais cette guerre catastrophique « a ébranlé les fondations de l’économie capitaliste  ». Ce qui en a résulté n’est «  pas seulement l’appauvrissement colossal du prolétariat mais aussi… la misère profonde de la petite bourgeoisie, des petits paysans et des intellectuels ». Comme le note Zetkin « on leur avait promis à tous que la guerre apporterait une amélioration de leurs conditions matérielles. Mais c’est exactement le contraire qui s’est produit  » avec non seulement les dévastations de la guerre, mais aussi une prolétarisation soudaine et massive combinée au chômage de masse au sein des « anciennes couches moyennes ». Elle souligne : « c’est parmi ces éléments que le fascisme a recruté un contingent considérable ». (14)

Selon Zetkin, « la seconde racine du fascisme est le retard de la révolution mondiale à cause de la trahison des dirigeants réformistes ». Elle fait ici référence aux partis de masse sociaux-démocrates et aux syndicats. Cela vaut la peine de regarder en profondeur ce qu’elle décrit : «  des larges secteurs de la petite bourgeoisie et même des couches moyennes ont abandonné leur psychologie de guerre pour une certaine sympathie envers le socialisme réformiste, espérant que ce dernier apporterait une réforme de la société selon des principes démocratiques. Leurs espoirs ont été déçus. Ils ont pu alors voir que les dirigeants réformistes avaient un accord bienveillant avec la bourgeoisie, et le pire est que les masses en ont perdu la foi non seulement envers les dirigeants réformistes mais aussi envers le socialisme dans son ensemble. Ces masses de sympathisants socialistes déçus sont rejointes par de larges couches du prolétariat, de travailleurs qui n’ont pas seulement perdu la foi dans le socialisme mais aussi dans leur propre classe. Le fascisme est devenu une sorte de refuge pour sans abri politiques. » (15)

Ceci fournit le cadre analytique de la compréhension du fascisme qui est celle de Clara Zetkin. Elle met un point d’honneur à distinguer le fascisme de la violence autoritaire de droite telle que celle qui est employée par les forces autour du dirigeant militaire réactionnaire Miklós Horthy qui ont sauvagement réprimé les travailleurs socialistes et communistes hongrois en 1919 et remplacé un gouvernement ouvrier avorté par une dictature de droite.

Zetkin insistait sur le fait que ce n’était pas le fascisme : « bien que les deux aient des méthodes similaires, ils sont différents dans leur essence ». Elle expliquait : «  La terreur de Horthy a été mise en place après que la victoire du prolétariat, certes de courte durée, ait été annihilée. C’était l’expression de la vengeance de la bourgeoisie. Les meneurs de la Terreur Blanche était une clique relativement peu nombreuse d’anciens officiers ». Par contraste, « le fascisme n’est pas la revanche de la bourgeoise en représailles à une agression du prolétariat contre la bourgeoisie, mais c’est une punition infligée au prolétariat pour avoir échoué à poursuivre la révolution (socialiste) commencée en Russie. Les dirigeants fascistes ne constituent pas une caste limitée et exclusive, ils incluent de larges éléments de la population. » (16)

Zetkin offre une compréhension complexe et étendue de la signification du fascisme : «  la bourgeoisie veut reconstruire l’économie capitaliste. Sous les circonstances présentes, la reconstruction de la domination de classe de la bourgeoisie ne peut être menée à bien qu’au prix d’une exploitation accrue du prolétariat par la bourgeoisie. La bourgeoisie est tout à fait consciente que les socialistes réformistes qui parlent doucement sont en train de perdre rapidement leur emprise sur le prolétariat et qu’il n’y aura pas d’autre issue pour la bourgeoisie que de recourir à la violence contre le prolétariat. Mais, pour les Etats bourgeois, les moyens de la violence commencent à manquer. Ils ont donc besoin d’une nouvelle organisation de la violence et cela leur est offert par le conglomérat du fatras fascistes. Pour cette raison, la bourgeoisie met toutes les forces à sa disposition au service du fascisme. Le fascisme a des caractéristiques différentes dans les différents pays. Néanmoins il a deux caractéristiques distinctives dans tous les pays, à savoir le prétexte d’un programme révolutionnaire intelligemment adaptés aux intérêts et aux revendications des larges masses, et d’autre part l’application de la violence la plus brutale. » (17)

L’analyse de Clara Zetkin est devenue influente au sein de l’Internationale Communiste, même si cette dernière a été progressivement frelatée, dogmatisée et diluée au cours des années qui s’étendent de 1923 jusqu’à la dissolution du Komintern en 1943. Mais c’est clairement évident dans les efforts de Léon Trotski à la fin de sa vie pour résumer l’essentiel de sa discussion de 1940 sur les perspectives politiques aux Etats-Unis. L’essentiel pour les révolutionnaires – c’est le titre de l’un des chapitres du document – tient en huit mots : « le fascisme n’adviendra que si nous échouons ». Mais, bien sûr, Trotski avait d’autres choses à dire. Deux citations suffiront donc. Voici la première : « dans tous les pays où le fascisme a été victorieux, avant la montée du fascisme et sa victoire, nous avons eu une vague de radicalisation des masses ; des travailleurs, des paysans pauvres et des fermiers, et de la classe petite-bourgeoise. En Italie après la guerre et avant 1922, nous avions une vague révolutionnaire aux dimensions formidables ; l’État était paralysé, la police n’existait pas, les syndicats pouvaient faire ce qu’ils voulaient. Mais il n’y avait pas de parti capable de prendre le pouvoir : le fascisme est venu en réaction ». (18)

Et voici la seconde citation : «  nous ne devons pas identifié la dictature militaire – la dictature de la machine militaire, de l’état-major, du capital financier – avec la dictature fasciste. Pour cette dernière, il est nécessaire qu’il y ait un sentiment de désespérance de larges masses du peuple. Quand les partis révolutionnaires les trahissent, quand l’avant-garde des travailleurs montre son incapacité à mener le peuple à la victoire, alors les fermiers, les petits entrepreneurs, les chômeurs, les soldats deviennent capables d’apporter leur soutien à un mouvement fasciste, mais seulement dans ces circonstances  ». (19)

Aux États-Unis, le fascisme décrit par Zetkin et Trotski ne s’est pas cristallisé, mais l’on peut argumenter de façon plausible que les éléments convergents du trumpisme représentent un fascisme en devenir.

Le Pouvoir, l’échec et l’avenir de la Gauche aux Etats-Unis

Il y a des énigmes à résoudre. L’une concerne précisément de savoir comment les perspectives indiquées par Zetkin et Trotski s’appliquent aux réalités des Etats-Unis. L’autre concerne les « quelques rides étranges » du document « Promesse conservatrice » pour 2025 de la Fondation du Patrimoine. En résolvant ses énigmes, avec un peu de chance, nous aurons une meilleure idée des réalités politiques des États-Unis, ainsi que de la puissance, des échecs et de l’avenir possible de la gauche américaine.

Nous avons déjà noté les dimensions globales de la question que nous traitons, ce qui n’est pas moins le cas aujourd’hui que ce n’était vrai à l’époque de Zetkin et Trotski. Plus que cela, nous voyons également, pour notre époque comme pour la leur, une crise du capitalisme qui dure depuis plusieurs décennies et a engendré des politiques capitalistes préjudiciables au niveau de vie et à la qualité de vie de millions de travailleurs dans de nombreux pays, dont le nôtre, en fait une restructuration de longue durée de l’économie associée à la mondialisation. Sont également mis en évidence les impacts catastrophiques de la dégradation globale de l’environnement aussi bien que la violence impérialiste sur de nombreux fronts.

D’un autre côté, au moins superficiellement, la gauche organisée (qu’elle soit dirigée par des partis socialistes ou communistes, des syndicats militants, ou d’autres) est très loin de présenter une menace révolutionnaire ou même d’assure une présence crédible, au moins dans la patrie de Donald Trump, les États-Unis d’Amérique. Cela fait que le document « la Promesse conservatrice » de la Fondation du Patrimoine semble être un exercice absurde, alarmiste et calomnieux lorsque (dans le même souffle que ses reproches au Parti Démocrate) il fait tout un raffut sur « la Gauche » et « les Marxistes ».

La promesse apparente de Trotski était que nous aurions une chance de faire une révolution avant que la menace du fascisme ne devienne sérieuse. C’est ainsi que beaucoup d’entre nous avaient compris l’assertion brute : «  le fascisme n’adviendra que si nous échouons ». La possibilité que le trumpisme se métamorphose en fascisme serait ainsi exclue. Mais cela implique un grave malentendu à propos de notre histoire qui correspond d’une manière univoque aux développements décrits par Zetkin et Trotski. Dans un sens tout à fait important, les conservateurs alarmistes de la Fondation du Patrimoine ont raison.

Au cours du siècle passé, la gauche organisée a eu un puissant impact et a influencé les politiques, les législations, la conscience et la culture au sein des États-Unis. Le mouvement ouvrier, les vagues féministes, le mouvement antiraciste et pour les droits civiques, les combats contre la guerre du Vietnam, les différents mouvements étudiants et d’autres encore – déterminant pour apporter des changements profonds sur la scène américaine pendant plusieurs décennies – n’auraient pas été aussi efficaces (et n’auraient peut-être pas vus le jour) sans les efforts essentiels d’organisation des militants de gauche.

Cependant, cela s’est accompagné d’un autre développement. Bien qu’un élément significatif pour les militants de gauche soit l’insistance mise sur l’indépendance vis-à-vis des partis politiques pro-capitalistes, cela a été largement soumis à l’emprise d’une tendance profonde à l’adaptation. Lors de la Décennie Rouge des années 30, la convergence entre des forces d’état d’esprit socialiste et un libéralisme social quelque peu expansif s’est accélérée, lorsque le Parti Démocrate sous la direction de Franklin D. Roosevelt (FDR) a « volé » de nombreux éléments de réformes du programme socialiste. Cela s’est fait, comme FDR le soulignait avec insistance, pour sauver le capitalisme durant les années de colère de la Dépression mais aussi afin d’assurer la popularité constante de FDR et son élection. Au-delà de cela, le cœur de la gauche organisée a été absorbée au sein de la coalition du New Deal. (20)

En un demi-siècle, six épisodes-charnière ont rendu l’absorption de la Gauche organisée dans le Parti démocrate presque complète.

Épisode n° 1 : le mouvement syndical des années 30 – en particulier le nouveau Congress of Industrial Organizations (CIO) dont la dynamique penchait à gauche – a constitué une alliance solide avec les Démocrates du New Deal de FDR.

Épisode n° 2 : la décision de 1935 de l’Internationale Communiste dirigée par Joseph Staline de constituer des alliances de « Front populaire » avec des libéraux capitalistes comme FDR a conduit les dynamiques communistes des Etats-Unis à rejoindre la coalition du Parti Démocrate.

Épisode n° 3 : au début de la Guerre Froide, le cœur du mouvement ouvrier organisé (de concert avec la plupart des socialistes modérés) a adhéré à l’agenda anti-communiste et capitaliste libéral du Parti Démocrate, ce qui a conduit à un large « pacte social » et à un consensus libéral capitaliste, depuis la fin des années 40 et au cours des années 50.

Épisode n° 4 : la coalition pour les droits civiques du début des années 60 a été profondément imbriquée avec le parti de John F. Kennedy et Lyndon B. Johnson.

Épisode n° 5 : au cours des années 70 et 80, la plupart des partisans de la « nouvelle gauche » des années 60 se sont engagés dans l’aile réformiste du Parti Démocrate.

Épisode n° 6 : à l’orée du vingt-et-unième siècle, de nouvelles vagues de jeunes militants ont rejoint des couches plus âgées - dans le cadre de promesses radicales et d’espoirs grandissants – pour porter Barak Obama à la Maison Blanche.

Depuis le début du vingtième siècle, la gauche organisée avait été une force dynamique d’une importance considérable aux États-Unis. Au sein des travailleurs et des opprimés, elle a mobilisé dans de réels combats et remporté d’authentiques victoires. Elle a inspiré l’espoir pour de nouveaux combats qui feraient avancer les droits humains, améliorerait la vie de la majorité de la classe ouvrière et donnerait naissance à un monde meilleur. Et bien sûr elle a inspiré la peur et la rage des riches et des puissants.

À la fin du siècle, à travers le processus que nous avons retracé, la Gauche organisée s’est largement évaporée. On peut retrouver dans le Parti démocrate quelques-uns des discours de la Gauche, beaucoup de ses valeurs et une grande partie de son programme de réformes (souvent sous une forme édulcorée). Mais un engagement sincère et pratique à remplacer la dictature économique du capitalisme par la démocratie économique du socialisme n’était plus à l’ordre du jour. Néanmoins, parmi les riches et les puissants, il y en avait toujours qui ressentaient de la peur et de la rage ainsi qu’une détermination profonde à rattraper le terrain perdu. (21)

Les analyses de Zetkin et Trotski doivent être adaptées à un contexte assez différent. « Les socialistes réformistes qui parlent doucement vont perdre rapidement leur emprise sur le prolétariat  » selon Zetkin dans les années 20, en particulier parce que « les dirigeants réformistes ont un accord bienveillant avec la bourgeoisie  ». Un siècle plus tard, aux États-Unis, une « avant-garde de la classe ouvrière » hautement compromise au sein des syndicats (AFL-CIO) et l’aile « progressiste » du Parti Démocrate a sans doute montré « son incapacité à mener le peuple à la victoire ». Les partenaires capitalistes des réformistes – si généreux au début – se sont sentis obligés de restructurer l’économie au détriment de la classe ouvrière et les réformistes se sont sentis capables de faire un peu plus que de s’adapter. Lorsque les entreprises « trop grandes pour faire faillite » ont provoqué l’effondrement de l’économie en 2008-2009, le réformiste radical nouvellement élu, Barak Obama, s’est dépêché de renflouer l’élite des entreprises au détriment de la majorité de la classe ouvrière. Dans une telle situation – alors que la sécurité, la stabilité et la qualité de vie laissaient la place à la catastrophe économique et sociale – des masses de gens qui avaient été désillusionnés par cette variante de la soi-disant Gauche étaient inévitablement enclines à chercher des solutions parmi les démagogues de droite.

Les démagogues peuvent être grossiers comme Trump, mais ils peuvent être policés comme la Fondation du Patrimoine. Cela nous conduit à une autre ride bizarre du document « La Promesse conservatrice ». Nous avons vu la logique de sa « surestimation » de la Gauche. Mais plus d’une fois, ce document ressemble à une note apparemment de gauche, comme dans cette description radicalement lumineuse de la Révolution américaine :

«  La République américaine a été fondée sur des principes qui donnaient la priorité et maximisaient les droits des individus à vivre leur meilleure vie possible et à profiter de ce que les Pères fondateurs appelaient « les Bénédictions de la Liberté ». C’est cette égalité radicale – la liberté pour tous – pas seulement l’égalité des droits mais l’égalité de l’autorité – que les riches et les puissants haïssent dans la démocratie en Amérique depuis 1776. Ils n’aiment pas l’audace des Américains dans leur insistance à dire que nous n’avons pas besoin d’eux pour nous dire comment vivre. C’est ce droit inaliénable à l’autonomie – l’opportunité pour chaque personne de se comporter lui-même ou elle-même, pour sa communauté, pour le bien – que dédaigne la classe dominante  ». (22)

Cette note apparemment de gauche résonne encore et encore : « les élites dirigeantes ont sabré et déchiré les contraintes et la responsabilité qui leur sont imposées » nous dit-on « ils concentrent le pouvoir en haut et loin du peuple américain ». La Promesse conservatrice adopte le ton qui est celui de nombreux agitateurs de gauche : «  les élites de l’Amérique de la politique et des affaires ne croient pas aux idéaux sur lesquels notre nation a été fondée, l’autogouvernement, le règne de la loi, la liberté dans l’ordre. À coup sûr, ils ne font pas confiance au peuple américain et dédaigne les restrictions mises par la Constitution à leurs ambitions.  » Profitant du fait que beaucoup parmi la soi-disant Gauche s’étaient regroupés avec le libéralisme pro-capitaliste de l’élite du Parti Démocrate, le document proclame que « les socialistes… sont presque toujours des gens aisés  » en insistant sur le fait que «  le Gauche ne croit pas que tous les hommes ont été créés égaux – ils pensent qu’eux sont spéciaux » et en ajoutant «  à chaque moment où la Gauche dirige des politiques fédérales et des institutions d’élite, notre souveraineté, notre Constitution, nos familles et notre liberté sont sur le point de disparaître. 23)

En dépit de la floraison radicale-démocratique de La Promesse Conservatrice, le résultat net est cependant la défense d’un capitalisme effrénée. Le premier objectif du Président des Etats-Unis, on nous le dit, devrait être de libérer « le génie dynamique de la libre entreprise » parce que dans les pays où existe « un haut degré de liberté économique, les élites ne sont pas aux responsabilités parce que tout le monde est aux responsabilités ». Selon La Promesse Conservatrice, l’élitisme, la corruption, l’avidité et le mépris envers les gens ordinaires qui prévalent dans la sphère politique seraient miraculeusement absents de la sphère économique. La « libre entreprise » capitaliste est naturellement merveilleuse : « les gens travaillent, construisent, investissent, épargnent et créent en fonction de leurs intérêts et au service du bien commun de leurs concitoyens  ». (24)

A partir de certaines choses que La Promesse Conservatrice dit et à partir de ce qu’elle ne dit pas, on peut supposer que les auteurs de ce document accueilleraient avec bienveillance tout soutien à la réalisation de cette vision lumineuse qui pourrait lui être apporté par les forces qui le 6 janvier 2021 se sont mobilisées pour maintenir Donald Trump au pouvoir : les Proud Boys, les Gardiens du Serment, les milices de droite, les contingents du nationalisme blanc, etc.

Il est définitivement certain que la situation actuelle recèle un potentiel, dont certains éléments se cristallisent sous nos yeux. Que cette cristallisation soit ou non achevée, il semble clair que la Gauche a besoin d’emprunter un chemin différent que celui qui consiste à être piégée dans l’accommodation avec le capitalisme, particulièrement dans une époque de longue durée de crise capitaliste et de catastrophe. Les révolutionnaires feront ce qu’ils peuvent pour reconstruire et refonder une orientation, un ensemble de combats, un mouvement et une organisation cohérents avec les apports de Clara Zetkin et de Rosa Luxemburg, de Léon Trotski et de Vladimir Lénine, et de beaucoup d’autres qui ont reconnu que nous sommes confrontés au choix fatidique entre le socialisme authentique et l’horrible barbarie.

Des crises sous-jacentes, des oppressions profondes et des explosions de rage réprimées ont périodiquement conduit à d’étonnantes explosions militantes, comme le mouvement Occupy Wall Street ou le soulèvement Black Lives Matters faisant basculer qualitativement les réalités politiques vers la gauche. Cela a donné de l’énergie et accru le nombre de ceux qui se situent dans la Gauche militante. Bien entendu, ces développements ont également et inévitablement approfondi la peur et accru la détermination de ceux qui se situent à droite ; rien ne peut arrêter cela. Les partisans du trumpisme utiliseront toujours de tels évènements pour leurs propres objectifs.

Le problème est que les énergies et la rage de masse orientées à gauche – qui ne peuvent pas être maintenues indéfiniment – n’ont nulle part où aller une fois que la poussière retombe sinon dans deux directions : ou bien la quiétude apathique ou bien les voies réformistes. Ces voies sont compromises par le libéralisme des grandes entreprises et ont prouvé leur incapacité à transcender le système économique qui engendre les crises, les oppressions et la rage. Ce qui est à l’ordre du jour est la création de quelque chose de meilleur et de plus efficace que cela. (25)

Publié par ESSF le Samedi 8 juin 2024
Traduit par François Coustal.

Notes

1. Penguin Books, 2022), p. 429.
2. Michael Wolff, Fire and Fury ; Inside the Trump White House (New York ; Henry Holt and Co., 2018), pp. 115-116.
3. Michael Wolff, Siege ; Trump Under Fire (New York ; Henry Holt and Co., 2019), p. 29.
4.
5. Bob Woodward and Robert Costa, Peril (New York ; Simon and Schuster, 2021), pp. 273-274 ; Matt Prince, “What is President Trump’s Relationship with Far-Right and White Supremacist Groups ?,” Los Angeles Times, Sept. 30, 2020. Aram Roston, “The Proud Boys Are Back ; How the Far-Right is Rebuilding to Rally Behind Trump,” Reuters, June 3, 2024.
6. Spencer Chretien, “Project 2025,” The Heritage Foundation, Jan. 31, 2023. Project 2025 - The Presidential Transition Project ; Policy Agenda, qui comprend un texte Paul Dans and Steven Groves, ed., Mandate for Leadership ; The Conservative Promise. Pour des évaluations critiques, lire E. Fletcher McClellan, “A Primer on the Chilling Far-Right Project 2025 Plan for 2nd Trump Presidency,” Lancasteronline, June 3, 2024. Global Project Against Hate and Extremism, “Project 2025 ; The Far-Right Playbook for American Extremism”. La citation décrivant qui a composé le document du Projet 2025 se trouve dans Mandate for Leadership ; The Conservative Promise, pp. 2-3.
7. Tim Miller, Why We Did It ; A Travelogue from the Republican Road to Hell (New York ; Harper, 2022), p. xii.
8. Miller, p. xx.
9. Liz Cheney, Oath and Honor ; A Memoir and a Warning (New York ; Little Brown and Co., 2023), pp. 2, 366.
10. Miller, p. 245.
11. “Former Rep. Kinzinger Reflects on GOP and Future of Democracy in ‘Renegade,’” (interview avec Geoff Bennett), PBS News Hour, Nov. 1, 2023.
12. Cheney, p. 2.
13. Clara Zetkin, “Fascism (August 1923),” Marxist Internet Archive.
14. Zetkin, “Fascism”.
15. Zetkin, “Fascism”.
16. Zetkin, “Fascism”.
17. Zetkin, “Fascism”.
18. Léon Trotski, “American Problems” (August 7, 1940), Writings of Leon Trotsky, 1939-1940 (New York ; Pathfinder Press, 1973), p. 337.
19. Trotski, “American Problems”, p. 338.
20. On peut trouver des détails et des références sur la Décennie Rouge dans Paul Le Blanc, Marx, Lenin, and the Revolutionary Experience ; Studies of Communism and Radicalism in the Age of Globalization (New York ; Routledge, 2006), pp. 153-198, avec des aspects sur les années suivantes qui sont abordés pages 221 à 258.
21. Ceci est retracé dans Kim Phillips-Fein, Invisible Hands ; The Making of the Conservative Movement from the New Deal to Reagan (New York ; W.W. Norton 2009), résumé dans Paul Le Blanc, “The Triumphant Arc of US Conservatism”, Left Americana ; The Radical Heart of US History (Chicago ; Haymarket Books, 2017), pp. 179-186.
22. Mandate for Leadership ; The Conservative Promise, p. 14.
23. Mandate for Leadership ; The Conservative Promise, pp. 8, 10, 15, 16.
24. Mandate for Leadership ; The Conservative Promise, pp. 14, 15.
25. International Journal of Socialist Renewal, August 13, 2019 ; Paul Le Blanc, “The Rise, Fall, and Aftermath of the Sander Challenge,” Irish Marxist Review, Volume 9, Number 27, 2020 ; Paul Le Blanc, Lenin ; Responding to Catastrophe, Forging Revolution (London ; Pluto Press, 2023), pp. 177-186.

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Paul LeBlanc

Paul LeBlanc est professeur d’histoire à La Roche College à Pittsburgh. Il est auteur de nombreux ouvrages dont le plus récent s’intitule Marx, Lenin, and the Revolutionary Experience : Studies of Communism and Radicalism in an Age of Globalization (Ed. Routledge 2006) et Work and Struggle : Voices from U.S. Labor Radicalism (Ed. Routledge, 2010).

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