« Des dizaines de milliers de logements sociaux pourraient être financés chaque année si les fonds fédéraux leur étaient réservés plutôt que d’être largement dilapidés comme c’est le cas présentement. L’enjeu est majeur », insiste Véronique Laflamme, porte-parole du regroupement québécois. Elle ajoute que le budget du 16 avril est l’occasion d’opérer un sérieux virage en ce sens, d’autant plus que, lors de sa mise à jour économique du 21 novembre, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a promis de réformer dès le début de 2024 le Fonds pour le logement abordable, auparavant nommé le Fonds de co-investissement.
« Le fédéral fait miroiter des milliards de dollars qui ont trop peu d’impacts sur l’offre de logements pour les personnes et les familles qui vivent le plus durement les crises du logement », dénonce Véronique Laflamme. « Les prêts et les fonds de co-investissement, ce n’est généralement pas fait pour des projets de logements sociaux, que ce soit des logements publics, des coopératives ou des organismes sans but lucratif d’habitation. Pourtant, le gouvernement fédéral a déjà su comment intervenir efficacement dans ce domaine, lui, qui, entre 1971 et 1991, a permis que la part du logement social passe de 0,5 % à 9,5 % de l’ensemble des logements locatifs québécois », ajoute-t-elle. À son avis, en réaffectant ses investissements vers des initiatives réellement structurantes, le fédéral pourrait contribuer à augmenter de nouveau leur nombre significativement.
Selon le dernier état d’avancement de la Stratégie nationale sur le logement, publié en septembre 2023 par la SCHL, environ le tiers des logements financés avec ses deux principales initiatives, rebaptisées Fonds pour le logement abordable et Programme de prêts pour la construction d’appartements, ne pouvaient même pas être considérées comme abordables, alors même que l’abordabilité tel que défini par la SCHL est déjà trop cher pour les ménages à faible et modeste revenus. « Même l’Initiative des terrains fédéraux, qui aurait facilement pu être réservé au logement sans but lucratif, hors-marché privé, a été utilisée à 56 % pour du logement inabordable », précise Catherine Lussier, coordonnatrice du FRAPRU. « Les terrains publics excédentaires déjà payés avec les fonds publics doivent être réservées au secteur public et sans but lucratif pour accélérer la réalisation de logements sociaux » insiste-t-elle
Le FRAPRU considère qu’il est encore temps pour le Canada de changer de cap et d’augmenter considérablement ses investissements dans le logement social qui est la seule façon d’améliorer de façon pérenne la situation des ménages mal-logés et des personnes et familles sans-abris, ainsi que de progresser dans la mise en œuvre du droit au logement. Le regroupement invite donc le ministre des Finances à avoir une cible claire de logements sociaux, hors marché privé, et de prévoir son financement pour plusieurs années. À cet égard, le FRAPRU appuie la demande portée par la campagne pan-canadienne Logement social et droits humains, soit que le gouvernement fédéral finance la réalisation de 500 000 logements sociaux sur 10 ans à travers le Canada. Il considère, à l’instar des économistes de grandes banques canadiennes qu’un inquiétant écart de richesse est en train de se creuser entre les locataires et les propriétaires du Canada et qu’un réinvestissement en logement social permettrait d’alléger la pression sur les ménages à plus faible revenu.
En plus de comités logements de Montréal, Longueuil, Sherbrooke et Gatineau, diverses organisations du Québec se sont jointes à la manifestation du FRAPRU dont le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes (RAPSIM), la Fédération des locataires de HLM du Québec (FLHLMQ), le Refuge de Laval et le Travail de rue île de Laval (TRIL). C’est aussi le cas d’organisations canadiennes et ontariennes comme le Réseau national du droit au logement, l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine (ACHRU) et le Centre ontarien de défense des droits des locataires - ACTO.
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