« Déjà, la semaine s’annonce historique. Plus de 40 actions de mobilisations et de visibilité sont organisées partout à travers le Québec », a annoncé Véronique Laflamme, co-porte-parole de la Coalition, promettant que des actions surprises se rajouteraient à cette liste. « La multitude des groupes organisant des actions et la diversité de celles-ci démontrent bien le ras-le-bol qui anime actuellement les groupes communautaires, étudiants, féministes ainsi que les travailleurs et travailleuses de plusieurs secteurs », a ajouté Mme Laflamme.
En conférence de presse, des membres de la Coalition ont illustré les conséquences dramatiques déjà vécues dans leurs milieux et dans l’ensemble des services publics. Ils ont rappelé que le pire est encore à venir, puisque l’effet des compressions et des hausses de tarifs annoncées ne fait que commencer. À quelques semaines du budget, les groupes sociaux interpellent le gouvernement Couillard afin qu’il change de cap.
La population invitée à riposter
Les services publics dont la société québécoise s’est dotée se détruisent tranquillement, s’inquiète la Coalition. « En santé, les coupures et les réformes entraînent un lent glissement vers la privatisation ; dans la protection de la faune, les compressions auront des conséquences irréparables ; et en éducation, c’est le droit à une éducation de qualité qui est atteint », s’indigne Camille Godbout, porte-parole de l’Association pour une solidarité syndicale (ASSÉ). Cet affaiblissement risque non seulement d’ouvrir grand la porte au privé, s’est inquiétée madame Godbout, mais de changer durablement les services publics. « Si la qualité et l’accessibilité des services publics sont réduits, c’est l’égalité des chances qui est atteinte, et ça c’est inacceptable ! ». « L’ensemble de la société est attaquée. C’est donc ensemble qu’il faut augmenter la pression tel que nous le ferons tout au long de la semaine », a-t-elle continué.
Austérité : tous les secteurs sont affectés
« Le gouvernement coupe en sécurité alimentaire, dans l’aide sociale, l’aide à l’emploi, l’éducation, la santé, le développement local et régional, l’aide au logement, dans les services aux personnes ayant des limitations fonctionnelles, dans le transport adapté, dans les contrats d’intégration au travail », a rappelé Sébastien Rivard de la Coalition des tables régionales d’organismes communautaires (CTROC). Les groupes communautaires sont témoins tous les jours de la dégradation des conditions de vie des personnes avec lesquels ils travaillent et dans l’ensemble de leurs communautés, a-t-il témoigné. La Coalition rappelle qu’avant même les budgets d’austérité mis en place ces dernières années, les programmes sociaux et les groupes communautaires étaient déjà sous-financés.
« Ce dont il est question, c’est du respect des droits économiques, sociaux et culturels que le gouvernement s’est engagé à respecter » a poursuivi Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec. Cette dernière souligne à quel point les mesures d’austérité s’attaquent aux droits des femmes. « Les coupes du concours Chapeau les filles et celles au Conseil du statut de la femme ne sont que les exemples les plus récents » a-t-elle ajouté. L’ensemble des mesures d’austérité déjà annoncées touchent davantage les femmes, affirme la porte-parole, donnant en exemple les compressions dans les services publics, où le trois-quarts du personnel est féminin, ainsi que l’impact de la hausse des tarifs des CPE et des services de garde.
Lucie Ste-Marie, une professeure de maternelle, membre du collectif Profs contre l’austérité, dénonce les propos hypocrites du gouvernement qui affirme que les services à la population ne seront pas touchés : « Nous, les enseignantes et les enseignants nous vivons au quotidien avec les répercussions des compressions dans les commissions scolaires, c’est une vraie boucherie ! ». « Les élèves en difficulté ainsi que leurs parents sont abandonnés par le ministère de l’éducation qui, en coupant, dans les services professionnels oblige les familles à se tourner vers le secteur privé » s’inquiète-t-elle. Plusieurs enseignantes et enseignants aux niveaux d’enseignement supérieurs étaient aussi présents au Craie-in pour dénoncer les compressions successives dans les cégeps et celles dans le financement des universités qui menacent aussi la qualité de l’enseignement.
Le Québec a les moyens de faire autrement
À quelques semaines du prochain budget, les groupes sociaux demandent au gouvernement Couillard d’aller chercher d’autres sources de revenus chez les grandes entreprises et les mieux nantis au lieu de couper dans le filet social. « La crise des finances publiques est en bonne partie la conséquence de choix politiques qui nous ont privé de revenus importants dans la dernière décennie », rappelle Véronique Laflamme. La Coalition demande au gouvernement d’adopter des mesures fiscales précises telles que : augmenter le nombre de paliers d’imposition pour les contribuables les mieux nantis, rétablir la taxe sur le capital des institutions financières, revoir les dépenses fiscales, comme l’exemption des gains en capital qui, ne bénéficient qu’aux plus fortunés, mieux contrôler le coût des médicaments puis augmenter le taux d’imposition et revoir les privilèges fiscaux des grandes entreprises. « Ce sont des milliards de dollars qui dorment actuellement dans les coffres des grandes entreprises et des individus très riches, et qui permettraient à l’État de renflouer ses coffres. Le gouvernement doit aller chercher l’argent où il est », conclut-elle.