Édition du 12 novembre 2024

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Arts et culture

Solutions locales pour un désordre global

Ce film fait le portrait de l’état de l’agriculture aujourd’hui sur notre planète, comment on en est arrivé à un tel cul-de-sac et quels sont les choix à faire par l’humanité pour ne pas foncer tout droit sur un mur.

S’il est un film à ne pas manquer, c’est bien celui de Coline Serreau Solutions locales pour un désordre global. - Possible de le visionner à certains endroits au Québec faisant partie du réseau des Cinémas parallèles. www.cinemasparalleles.qc.ca - Grâce aux informations de plusieurs agronomes, physiciens, philosophes, écologistes et de divers témoins d’un peu partout, ce film fait le portrait de l’état de l’agriculture aujourd’hui sur notre planète, comment on en est arrivé à un tel cul-de-sac et quels sont les choix à faire par l’humanité pour ne pas foncer tout droit sur un mur.

On y explique comment la « révolution verte » dont l’objectif officiel était de réduire la faim dans le monde, a eu, au bout du compte des conséquences désastreuses. Si, à ce moment-là, les intentions étaient peut-être bonnes, aujourd’hui le travail des transnationales agro-chimiques pour le contrôle des semences, n’a comme but que gonfler toujours plus leurs profits. Cinq grandes compagnies contrôlent 75% des semences. Lorsque les peuples sont dépossédés du moyen de se nourrir, qu’ils dépendent de compagnies dont le seul but est de faire le plus de profit possible au moyen d’OGM, d’herbicides, de pesticides, c’est terriblement inquiétant. « Si vous contrôlez le pétrole, vous contrôlez le pays ; si vous contrôlez l’alimentation, vous contrôlez la population. » disait Henry Kissinger dans les années 70.

Il aurait été intéressant que le film explique comment l’agriculture s’est trouvée prise au piège de la globalisation suite à la pression du grand patronat des États-Unis, la Business Roundtable, sur la Maison Blanche et le Congrès pour étendre le libre-échange aux services, aux investissements, etc Ceci a abouti à la création de l’OMC et sa trentaine d’accords dont l’Accord sur l’Agriculture (AsA) axé sur l’agriculture productiviste. Le milieu culturel s’est mobilisé pour faire sortir la culture de l’OMC. Il serait plus important encore de faire sortir l’agriculture de l’OMC. L’auteure nous montre par ailleurs la puissance des lobbys de ces géants agro-chimiques sur les politiciens d’un peu partout dans le monde pour l’obtention et/ou le maintien de législations en leur faveur.

Compte tenu des limites de temps, l’auteure a choisi de mettre l’accent sur des exemples concrets en France, au Brésil, en Inde, en Ukraine, et d’illustrer que les solutions durables et rentables existent et qu’en tant que citoyens, par nos choix d’achats, nous avons du pouvoir. Encourageant. Un peu partout au Québec, nous avons la chance d’avoir plusieurs agriculteurs biologiques que nous pouvons encourager notamment avec le programme Agriculture soutenue par la communauté (ASC) mis de l’avant par Équiterre.

« Avec ce film, je montre qu’il existe partout dans le monde des gens qui, sans se connaître, font la même chose, ont la même philosophie de vie et les mêmes pratiques envers la terre nourricière. Mettre en lumière cette universalité des solutions, tout autant que leur simplicité, c’était vraiment le but du film » nous dit Coline Serreau.

Si vous ne pouvez voir ce film près de chez vous, le site www.solutionslocales-lefilm.com en donne un bon aperçu. Vous aurez alors sûrement le goût de l’inscrire sur votre liste de vidéos à voir absolument dès que disponible.

Entre temps, pour ceux qui ont le temps et l’énergie, écrire à Radio-Canada ou à Télé-Québec pour qu’il le passe à la TV permettrait à plusieurs citoyen-ne-s de bénéficier de son visionnement.

Françoise Breault

Après une carrière en enseignement, dont un an avec les Échanges France-Québec, j’ai poursuivi en travail social auprès des familles. Vers l’âge de cinq ans, je me demandais pourquoi il y avait des pauvres et ce que je pouvais faire. Sans en prendre pleinement conscience, cette interrogation m’a habité toute ma vie. Une année en Amérique du Sud ne m’avait toujours pas apporté de réponse. Cela m’a pris du temps à voir clair... Maintenant que la lumière est allumée, je ne peux et ne veux la refermer... Tous les faits, toutes mes lectures me confirment comment le système économique actuel contribue à ce fossé grandissant entre riches et pauvres. Me voici maintenant à ma 3e carrière, celle où je peux mettre tout mon temps et énergie à sensibiliser les gens aux graves enjeux d’aujourd’hui, afin de vivre dans un monde plus juste... « mais nous, nous serons morts mon frère... ».

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