Voici quelques actions concrètes que le gouvernement doit prendre pour mettre fin à la complicité du Canada à l’égard des politiques oppressives de l’état d’Israël.
1. Mener une enquête sur le recrutement illégal par l’Armée de défense d’Israël en sol canadien, en contravention de la Loi canadienne sur l’enrôlement à l’étranger. Une pétition<https://petitions.ourcommons.ca/en/...> en ce sens signée par près de quatorze fois le nombre minimal requis pour sa présentation à la Chambre des communes a déjà été déposée, démontrant une volonté populaire sans équivoque d’assurer le respect des lois canadiennes.
2. Mener une enquête sur certaines organisations officiellement reconnues comme organismes de charité afin de vérifier que leurs activités ne contreviennent pas aux lois et règlements de l’Agence du Revenu du Canada, notamment en soutenant directement ou indirectement l’armée israélienne ou la colonisation illégale de territoires palestiniens. Au cours des derniers jours, près de 2700 personnes<https://actionnetwork.org/letters/h...> ont transmis une demande écrite expresse en ce sens au ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, au ministre de la Justice, David Lametti, ainsi qu’à la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier.
3. Mettre fin à l’Accord de libre-échange Canada-Israël. Lors de la révision de cet accord il y a deux ans, le NPD a voté contre la conclusion de l’accord suivant le refus du gouvernement libéral d’y intégrer une clause prévoyant l’étiquetage obligatoire des produits provenant de territoires palestiniens occupés illégalement. L’été dernier, une coalition<https://bdsmovement.net/news/artist...> importante composée de différents groupes, dont plusieurs organisations syndicales, ont également pris position contre la conclusion dudit Accord.
4. S’opposer fermement à la définition trompeuse de l’ « antisémitisme » proposée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, qui risque d’assimiler des critiques légitimes de l’état d’Israël à un acte antisémite. Une motion présentée récemment par le conseiller municipal Lionel Perez visant à faire adopter cette définition par le conseil municipal de la Ville de Montréal a finalement été retirée, des centaines de personnes l’ayant dénoncée. Des motions similaires ont été présentées dans les villes de Vancouver et Calgary, sans que des résolutions ne soient adoptées en ce sens.
5. Voter en faveur de toute résolution des Nations Unies appelant à la protection des droits des palestiniens. Il y a un an, le Canada échouait à obtenir un siège au conseil de sécurité de l’ONU. Cet échec est du, entre autres, au refus répété du gouvernement canadien de soutenir des positionnements favorables à la cause palestinienne, l’isolant ainsi politiquement des autres états membres.
6. Cesser de criminaliser indûment les activités en lien avec la cause palestinienne en retirant immédiatement certains organismes de la liste des groupes terroristes, dont le Front populaire pour la libération de la Palestine et le International Relief Fund for the Afflicted and Needy (IRFAN-Canada). Ces deux organismes seraient coupables d’avoir utilisé des canaux<https://yvesengler.com/2013/01/01/c...> associés de près ou de loin au Hamas, afin d’assurer la fourniture d’aide humanitaire aux orphelins et hôpitaux palestiniens. Malgré les critiques à l’égard de certaines tactiques du Hamas, l’armée israélienne a tué près de 30 fois plus d’enfants palestiniens au cours des deux dernières semaines, et elle ne figure pourtant pas sur la liste<https://www.publicsafety.gc.ca/cnt/...> de groupes terroristes.
Quoiqu’il puisse paraître ambitieux de requérir ces actions du gouvernement canadien, les dernières semaines ont soufflé un vent de changement dans l’arène politique fédérale. Au début avril, à l’occasion d’une entrevue accordée à la CBC, Jagmeet Singh, chef du NPD, refusait<https://yvesengler.com/2021/04/04/w...> systématiquement de mentionner les droits fondamentaux des palestiniens et rappelait cinq fois plutôt qu’une l’engagement du Canada à lutter contre l’antisémitisme. Moins d’un mois plus tard, il convoquait une conférence de presse pour demander formellement un embargo sur la vente d’armes à Israël, cautionnait la création d’une pétition en ce sens par son parti, et amenait le sujet à la Chambre des communes lors de la période de questions.
La résurgence des violences au cours des dernières semaines a amené le NPD à prendre une position claire et ferme à l’encontre des politiques de l’état d’Israël. Mais le soutien à la cause palestinienne transcende le parti néodémocrate, comme en témoigne les nombreuses manifestations populaires des dernières semaines. N’attendons pas de nouvelles violences pour dénoncer la contribution honteuse du gouvernement du Canada à la dépossession des territoires palestiniens.
Ce texte est traduit et adapté d’un article de l’auteur paru dans Spring<https://springmag.ca/10-demands-to-...> .
Yves Engler est l’auteur de 11 livres. Son dernier est House of Mirrors — Justin Trudeau’s Foreign Policy
Un message, un commentaire ?