Tiré de Afrique en lutte.
L’ancien Président de l’Assemblée Nationale, du Sénat et chef de file de la Coalition Bokk Gis Gis Liggeey, Pape Diop vient de montrer ce qu’est l’essence de la bourgeoisie bureaucratique : utiliser les positions privilégiées au niveau de l’appareil d’État à des fins personnelles. Et cela ne veut pas dire que ceux qu’il critiquait n’ont rien fait depuis 2012, mais leurs réalisations avaient une autre finalité : renforcer la bourgeoisie bureaucratique, dont la famille du Président de la République est l’expression la plus achevée.
C’est ce qui nous fait dire, que tant que le Président de la République aura des pouvoirs que lui envieraient les monarques, penser le développement de ce pays relève de la gageure.
Et en cela notre premier Président feu Seydou Cissokho nous avait déjà averti en 1986, nous disant que "tant que la bourgeoisie bureaucratique sera au pouvoir le développement de ce pays n’est pas garanti".
C’est pour cette raison que nous estimons anachronique l’arrimage de certains partis de gauche, dont le PIT, au char de Benno Bokk Yakaar, qui jusqu’à preuve du contraire, est le porte-drapeau de la bourgeoisie bureaucratique, elle-même, collaboratrice attitrée de ce même impérialisme tant vilipendé.
En politique, le compagnonnage de ceux qui ont des projets de sociétés distincts, au nom du bien commun peut difficilement aller au-delà de la construction d’institutions communes, acceptées par tous -comme substrat de l’unicité de la nation- pour donner libre cours à la confrontation politique loyale entre adversaires, donc loin de la résurgence des antagonismes, dont l’ethnicisme n’est qu’une expression particulière des différentes identités collectives.
De ce point de vue, on observe une perversion du concept de large rassemblement par le Secrétaire Général et l’actuelle direction du PIT-Sénégal, qui se retrouvent dans leur guerre à mener pour freiner Ousmane Sonko, considéré comme celui qui empêche la gestion du pouvoir autocratisant de BBY, de tourner en rond.
Pour rappel, cette stratégie unitaire, avait été mise en œuvre lors du conflit sénégalo-mauritanien de 1989, qu’il ne fallait pas laisser dégénérer en guerre. Elle avait pour finalité, tenant compte de la nouvelle Zeitgeist politique consécutive à l’écroulement du système socialiste et de l’imaginaire politique qu’il cimentait, de sortir les révolutionnaires de l’impasse de l’isolement comme éternels opposants, sans perspective aucune d’accès au pouvoir. Cette légitime ambition de pouvoir, qui sous-tendait le large rassemblement, semble s’être transformée en opportunisme le plus plat, qui leur permet de jouir du pouvoir, quelle que soit l’orientation politique de ce dernier.
La direction actuelle du P.I.T, au nom de prétendus progrès partagés, dont la conceptualisation ne va pas au-delà de la maxime de feu Amath Dansokho, "de ne pas péjorer la souffrance des sénégalais, à défaut de ne pouvoir la soulager", semble avoir tiré des conclusions qui vont dans le sens de la disparition des idéologies, des hypothèses de fin de l’histoire de Francis Fukuyama.
C’est donc forts de ces certitudes, qu’ils ne peuvent pas sortir du rassemblement au centre, qui est l’unique manière de les laisser au pouvoir, vu que le PIT comme parti politique, n’a même plus les capacités de faire sens commun au niveau même de ses propres militants.
Mais aussi décevantes qu’elles soient, nous sommes conscients que les retrouvailles de Pape Diop et de Macky Sall consacrent l’unité de forces politiques ayant un même projet politique, caractérisé par la soumission à l’impérialisme, que les électeurs sénégalais viennent de rejeter et dont la jeunesse et les forces vives du continent ne veulent plus.
Cela entre donc dans le cadre de la nécessaire clarification politique, préalable incontournable pour la délimitation entre forces patriotiques et celles inféodées aux puissances étrangères.
La clarification des positions politiques se fera d’ici 2024, car Macky Sall, qui ambitionnait de réduire son opposition à sa plus simple expression, a terminé de réduire ses alliés subalternes à leur plus simple expression, à tel point que l’ensemble des députés de la gauche plurielle pourrait rentrer dans une même voiture.
Cela constitue un drame pour le Parti socialiste, à un point tel que ceux qui continuent à se réclamer de la social-démocratie devraient s’atteler à rétablir des convergences avec le groupe de Taxawu Senegaal, à moins de ne vouloir destiner le parti socialiste historique, "bâtisseur de la République" à l’insignifiance.
En ce qui concerne le Comité pour la Plate-forme de Réflexions "Doleel PIT-Sénégal ngir defaraat reewmi", son vœu le plus ardent est de contribuer à sortir la gauche d’obédience communiste, de la subalternité qui frise la marginalité politique, dans laquelle, elle semble se complaire.
Nous allons vers un scénario de recomposition politique en perspective de la prochaine élection présidentielle, qui sera la première, à laquelle celui qui les organisera, ne devrait pas y participer, s’il ne veut pas jeter le pays dans la violence.
Mais d’ici là, l’ensemble de la classe politique devrait s’efforcer à maintenir la stabilité politique, à laquelle, nos concitoyens viennent, une nouvelle fois, à l’occasion des législatives, de montrer leur attachement.
Le pouvoir doit montrer son aptitude au dialogue. L’opposition a la redoutable tâche d’être la métaphore d’une nouvelle manière de faire la politique : assumer l’universel avant d’être universel en ne bloquant pas la bonne marche des institutions.
Tout en étant ferme face au pouvoir, l’opposition gagnerait à appuyer tout ce qui va dans le sens des intérêts bien compris de ce pays.
Fait à Dakar le 16 août 2022.
Comité pour la Plate-forme de Réflexions
"Doleel PIT-Sénégal ngir defaraat reewmi"
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