Le FRAPRU rappelle qu’au cours des dernières années, la stratégie a été l’objet de plusieurs critiques, mais aussi de propositions concrètes, de la part du Directeur parlementaire du budget, de la Vérificatrice générale du Canada, du Conseil national du logement, de la Défenseure fédérale du logement, Marie-Josée Houle, ainsi que de plusieurs organismes communautaires. Le principal reproche adressé au plan fédéral est qu’il ne permet pas de répondre aux besoins les plus urgents. Pour Véronique Laflamme, « c’est l’orientation même de la Stratégie qu’il faut revoir, puisqu’elle vise uniquement à construire de plus en plus de logements, sans se soucier de leur accessibilité financière pour les personnes et les familles qui sont les principales victimes de la crise ».
En se basant sur les plus récents rapports d’étape de la Stratégie, le FRAPRU affirme que plus de 30 % des logements financés par les deux initiatives les plus coûteuses du plan, le Fonds national pour le co-investissement pour le logement et l’Initiative de financement de la construction de logements locatifs, ne sont même pas considérés comme abordables par la SCHL. « Pourtant, même les logements que la société d’état qualifie d’abordables sont beaucoup trop chers pour les ménages à faible et même modeste revenus », précise Mme Laflamme. Par ailleurs, les rapports d’étape permettent de constater qu’à peine 12,0 % des contributions et des prêts accordées par la construction et la rénovation de logements dans la stratégie l’ont été au Québec, ce qui est beaucoup moins que son poids démographique à l’intérieur du Canada.
Pour le FRAPRU, seule l’Initiative pour la construction rapide de logements (ICRL), financée à trois reprises par le gouvernement fédéral pour un total de 4 milliards $, échappe aux critiques, puisqu’elle est dédiée à la réalisation de projets sans but lucratif pour les Autochtones, les personnes en situation d’itinérance et autres populations vulnérables. Or, le dernier budget fédéral ne contenait aucun nouvel investissement en sa faveur. Selon Véronique Laflamme, « non seulement cette dernière initiative doit-elle être refinancée de toute urgence, mais l’ensemble des sommes de la stratégie doivent être dirigées vers le secteur hors-marché ». Elle ajoute que le logement social représente la seule façon d’améliorer de façon pérenne la situation des ménages locataires à faibles et modestes revenus et des personnes et familles sans-abris, ainsi que de progresser dans la mise en œuvre du droit au logement qui est un des objectifs que doit atteindre la stratégie, selon la loi adaptée à son égard en juin 2019.
Pourquoi un autre Sommet ?
« Pourquoi le gouvernement Trudeau envisage-t-il un autre Sommet sur la crise, alors que son ministre du Logement en a organisé un le 24 février 2022, sur l’offre de logements au Canada et que celui-ci n’a absolument rien donné », se demande Véronique Laflamme. Elle se dit par ailleurs heurtée que le terme « crise du logement » soit devenu un thème fourre-tout, permettant de mettre sur un pied d’égalité des problèmes aussi urgents que la pénurie de logements locatifs, le mal-logement ou la multiplication des campements de sans-abri et… la difficulté de ménages de la classe moyenne à accéder à la propriété. « Il ne s’agit pas de nier les problèmes vécus de ce côté, mais d’identifier clairement les priorités », conclut la porte-parole.
Un message, un commentaire ?