Pour le moment, Sanders semble hésiter. La semaine passée, il a affirmé qu’il voulait transformer le Parti démocrate de l’intérieur, et en même temps il nous dit les démocrates sont anti-démocratiques ! Pour la gauche, c’est clair. Républicains ou Démocrates, c’est blanc bonnet / bonnet blanc.
Sanders n’a pas encore endossé publiquement Hillary Clinton. Il veut aller à la convention à la fin juillet avec sa liberté de parole. Il veut proposer l’abolition des super délégués du processus des primaires, ce qui a donné la victoire à Clinton. Ces super délégués sont d’anciens directeurs du parti, d’anciens élus, des gros bailleurs de fonds pour le parti, etc. Ils sont évidemment presque tous sous la coupe de Clinton, en fait de son mari. Je pense que Sanders rêve un peu. Surtout que le rôle des super délégués est justement d’empêcher des candidatures trop à gauche comme la sienne.
Le temps est donc venu pour la fondation d’un véritable parti de gauche, basé sur un mouvement social, au-delà des élections présidentielles. Un tel parti doit être enraciné dans la classe ouvrière, les mouvements populaires, les syndicats, les communautés LGBT, les Afro-Américains, les hispanophones et tous les opprimés et exploités. Et non pas un parti électoraliste qui disparaît une semaine après le scrutin.
Aux États-Unis, des moments comme ceux-ci n’arrivent pas tous les ans. La restructuration du capitalisme américain et mondial et sa projection dans un nouvel ordre mondial sont à fois de graves menaces pour les mouvements et une ouverture dans le mur, si et seulement si la gauche est prête à engager un combat opiniâtre, ce que Gramsci appelait « la guerre de position ».
La gauche américaine avec ou sans Sanders doit aller de l’avant. Le mot socialiste, au-delà de ses ambiguïtés, a été relancé aux États-Unis. Le spectre d’Eugene V. Debs, le grand leader socialiste américain du début du siècle dernier, est de retour. Les impacts d’un tel processus seraient majeurs au Québec et dans le monde.