Tantôt provocant
Tantôt cinglant
Le cheveux très blanc
Et surtout pas abondant
Il était loin d’être reposant
Ses insultes étaient
Tantôt utiles
Tantôt futiles
Ses rimes étaient ordurières
Sa poésie singulière
Chanteur de provocation
Qui écrivait des poèmes longs
Il soulevait l’incompréhension
Il était ferré dans ses interminables explications
Quasiment toujours bourré
Bourré de contradictions
Sa liberté était celle d’un homme toujours sans solution
Il ne savait que faire
Face à la misère des damnés de la terre
Ça c’était le lot des anarcho à gogo
Quand il découvrit l’importance de la révolte
Subito presto
Il virevolta désinvolte
Il prôna la solitude pour tous les pots
Suprême paradoxe
Pour ce non orthodoxe
Son père se prénommait Joseph
Sa mère se prénommait Marie
Et lui petit Christ
D’anticléricaliste et d’anarchiste
Il s’appelait Ferré
Léo Ferré
Années primaires et secondaires d’enfer
À se faire endoctriner par des frères
Qui après avoir fait des vœux de chasteté
Vivaient reclus dans des maisons aux fenêtres fermées
Quel décor sombre et austère
Pour étudier les poèmes de Verlaine et de Beaudelaire
Quel lieu triste et sinistre
Pour découvrir dans le vestiaire du vicaire
Les délices du plaisir de la chair
Il vécut le plus fort de sa vie
Entre la Libération
Et la Révolution
Sans jamais avoir eu à prendre le maquis
Il vécut de nombreuses années
Avec ses chimpanzés
Vie effrénée pour un poète qui échappa à la misère
Jusqu’à sa mort il déclina dans la poésie triste et peu légère
Il nous quitta en ayant perdu envie de nous soulever
Il s’éteignit sans avoir pu durablement nous révolter
Salut Ferré, Léo Ferré
Un message, un commentaire ?